Entre le bon espoir en Allah et être trompé

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Entre le bon espoir en Allah et être trompé

L’espérance en le divin et le bon espoir qu’on a d’Allah est un des meilleurs actes de bonté.

Yahya ibn Mu’âdh a dit :  L’espérance la plus sûre est celle qu’on a en Allah et l’espoir le plus sincère, celui qu’on nourrit en Lui. 

Ibn Mas’ûd a dit :  Je jure par Allah en dehors de qui nulle divinité n’est en droit d’être adorée. Personne n’a bon espoir en Allah sans qu’Il ne lui donne ce qu’il espérait. 

Ceci est confirmé par le hadith Qodsi : J’agi avec mon serviteur selon ce qu’il espère que je ferais avec lui. Qu’il espère de Moi ce qu’il veut.

Avoir bon espoir en Allah fait partie des implications du monothéisme et de la foi. C’est un des actes du cœur. Une réjouissance pour qui en est l’auteur. Celui qui sait avoir bon espoir en Allah Il le réjouira. Yahya ibn Mu’âdh a dit :  Celui qui n’a pas bon espoir en Allah Il ne le réjouira pas. 

Comment ne pas avoir bon espoir en Lui alors que tout le bien et les bienfaits que nous pouvons voir émane de Lui. Il nous a créés, guidés, protégés, donnés refuge, nourris, abreuvés, et donnés tout ce que nous Lui avons demandé :  C’est le Seigneur de l'univers, qui m'a créé, et c'est Lui qui me guide; et c'est Lui qui me nourrit et me donne à boire; et quand je suis malade, c'est Lui qui me guérit, et qui me fera mourir, puis me redonnera la vie, et c'est de Lui que je convoite le pardon de mes fautes le Jour de la Rétribution. (Coran 26 ;78-82).

Un des plus beaux aspects de cet espoir se manifeste à travers la parole de ‘Abbâd :  Quand j’ai su que c’était mon seigneur qui se chargerait de me demander des comptes ma tristesse s’est dissipée. Et pourquoi donc ? Demanda-t-on. Celui qui est généreux, quand Il est en mesure de châtier, pardonne. 

Un bédouin tomba malade et le médecin l’informait qu’il allait mourir. Il demanda où allait-il aller ensuite et le médecin lui dit : Vers Allah ! Et le bédouin de répondre : Pourquoi je répugnerais à aller chez qui je n’ai vu le bien n’émaner que de Lui ?

Nous avons bon espoir en Lui, sans aucun doute. Au vu de notre expérience, nous n’avons constaté que le bien venant de Lui … Nous avons demandé et Il nous a donné. Nous L’avons invoqué et Il nous a exaucés. Nous Lui avons désobéi et Il a dissimulé nos péchés. Nous nous sommes éloignés de Lui et Il a été patient. Nous avons fait preuve d’ignorance et Il a été indulgent. Notre mal s’élève vers Lui alors que Son bien descend vers nous. Nous faisons en sorte qu’Il nous déteste alors que nous avons le plus besoin de Lui. Il fait en sorte que nous L’aimons par les bienfaits dont Il nous fait grâce alors qu’Il est celui qui peut le plus se dispenser de nous. Et après tout cela, si nous venons à nous repentir, Il accepte notre repentir et nous pardonne.

Dans le hadith Qodsi : Allah dit :  fils d'Adam ! Tant que tu M'invoques et espères Mon pardon, Je te pardonne quels que soient tes péchés, peu M'importe.  Fils d'Adam ! Si tes péchés atteignaient le ciel et que tu implorais Mon pardon, Je te pardonnerais, peu M'importe.  Fils d'Adam ! Si tu Me rencontrais [après la mort] avec le contenu de la terre comme péchés mais sans rien M'associer, Je t'accueillerais avec le même contenu en pardon.  (Tirmidhi a dit:  hadîth hasan).

 Allah dit : Je Suis à l'égard de Mon serviteur selon ce qu'il pense de Moi, et Je suis avec lui là où il M'évoque. Celui qui s'approche de Moi d'un empan, Je M'approche de lui d'une coudée et celui qui s'approche de Moi d'une coudée, Je M'approche de lui d'une brasse. Et celui qui se dirige vers Moi en marchant, Je M'approche de lui avec empressement.  (Boukhari et Mouslim)

Selon Anas ibn Malik, le Prophète () a dit :  Allah se réjouit plus du repentir de Son serviteur lorsqu'il se repent à Lui que l'un d'entre vous qui se trouve sur sa monture dans une vaste zone désertique. Celle-ci s'échappe alors, emportant avec elle ses provisions de nourriture et d'eau. Perdant tout espoir, il s'allonge à l'ombre d'un arbre. Alors qu'il désespère ainsi de retrouver sa monture, voilà qu'elle réapparaît, debout face à lui. Il la saisit par les rênes et dit sous l'effet de son immense joie: Allah! Tu es mon serviteur et je suis Ton seigneur, s'embrouillant ainsi tellement il est heureux  (Boukhari et Mouslim).

Et ceci pour tous les péchés, grand et petit, nombreux ou non.

Prends garde à ne pas désespérer :

Quand nous parlons de l’espérance en le divin, l’ambition d’obtenir Son pardon, le bon espoir que l’on a en Lui. Nous entendons par là que la porte du repentir reste ouverte et qu’il est toujours possible de revenir vers Lui. Ceci est valable pour chacun d’entre nous. Et plus particulièrement pour ceux qui ont fait preuve de négligence, autant ceux qui ont peu désobéi que ceux qui sont coupables de nombreux péchés. Nous sommes tous concernés par l’expression du hadith :  Tous les fils d’Adam commettent des péchés  Aussi, il fait partie de la plus grande injustice de fermer la porte du repentir à certaines personnes alors qu’Allah l’a grande ouverte. Ou encore, qu’un fidèle ferme cette porte à sa propre personne. Cela peut arriver s’il pense qu’il a commis un péché qu’Allah ne lui pardonnera pas. Il désespère alors de la miséricorde divine et perd espoir. Or, ce désespoir est un péché encore plus grand que toute autre faute et plus grave que tout autre péché. Comment peut-on croire qu’il existe des péchés qu’Allah ne peut englober de Sa miséricorde, pardonner ou effacer, alors qu’Il dit dans le coran : Ne sois donc pas de ceux qui désespèrent  (Coran 15 ;55). Et : Et qui désespère de la miséricorde de son Seigneur, sinon les égarés?  (Coran 15 ;56). Et : Et ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah. Ce sont seulement les gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde d'Allah  (Coran 12 ;87).

Quels que soient tes péchés, aussi nombreuses soient tes fautes et aussi grands soient tes erreurs. Qu’as-tu fait : Tu as forniqué, tu as volé, tu as bu de l’alcool. Ecoute ce hadith de Shatb Al-Mamdûd, Abu Tawil qui est venu voir le Prophète () et lui dit :  Que penses-tu d’un homme qui a commis tous les péchés possibles sans rien n’en laisser, qu’ils soient petits ou grands, sans le commettre. Un tel homme peut-il se repentir ? Il lui dit : T’es-tu converti à l’Islam ? L’homme dit : Pour ma part, j’atteste qu’il n’y a de divinité en droit d’être adorée qu’Allah et que tu es Son messager. Le messager lui dit alors : D’accord, fais de bonnes actions, délaisse les mauvaises et Allah transformera tous tes péchés en bonnes actions. Mais l’homme objecta : Et mes fautes, et mes péchés. Mais le Prophète lui dit : Allah est plus grand que cela pour te les pardonner. L’homme ne cessa de proclamer la grandeur d’Allah jusqu’à ce qu’il se déroba à nos regards. 

On retrouve le sens de ce hadith dans ce verset : Qui n'invoquent pas d'autre dieu avec Allah et ne tuent pas la vie qu'Allah a rendue sacrée, sauf à bon droit; qui ne commettent pas de fornication - car quiconque fait cela encourra une punition et le châtiment lui sera doublé, au Jour de la Résurrection, et il y demeurera éternellement couvert d'ignominie; sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre; ceux-là Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes, et Allah est Pardonneur et Miséricordieux;  (Coran 25 ; 68-70).

Il est encore plus grandiose d’avoir espoir en l’au-delà. Selon Abu Horayra, le Prophète () a dit : Allah a cent miséricordes. Il en fit descendre une seule qu'il répartit entre les djinns, les hommes, les animaux et les insectes et par laquelle ceux-ci éprouvent de la tendresse les uns pour les autres, à l'image de l'animal sauvage pour son petit. Et Allah S'est réservé quatre-vingt-dix-neuf miséricordes dont Il fera bénéficier Ses créatures le Jour de la résurrection.  (Mouslim).

Espérer sans se leurrer

L’espoir louable et qui est requis est celui qui ne nous mène pas à être leurré. Et il y a une différence entre ces deux notions :

Al-Nisafi a dit :  Les savants établissent une distinction entre le fait d’espérer ou de se leurrer. On espère quand on a mis en œuvre les moyens pour pouvoir espérer alors qu’on se leurre quand on néglige ces moyens. 

Qatâda a dit :  L’espoir est de deux types : un salutaire et un autre rejeté. Le premier est celui des croyants et le second celui des mécréants. 

Dans son livre Madârij Al-Sâlikîn, Ibn Al-Qayyim a dit :  L’espoir est de trois sortes, deux louables et un blâmable.

Le premier : Celui d’un homme qui obéit à Allah selon la lumière d’Allah et espère Sa récompense.

Le deuxième : Celui d’un homme qui a commis des péchés et s’en est repenti. Il espère qu’Allah lui pardonnera et effacera ses fautes, qu’il obtiendra Sa bienfaisance, Sa bonté, Son indulgence et Sa générosité.

Le troisième : Celui d’un homme qui persiste à être négligent et à commettre des péchés, il espère la miséricorde d’Allah sans faire aucune bonne action. C’est cela se leurrer et nourrir un faux espoir en Allah. 

C’est pour cette raison que notre auteur dit en un autre endroit de son livre :  Tous les connaisseurs de la spiritualité sont unanimes qu’espérer en Allah n’est valable que si on fait de bonnes actions. 

Toute cette question repose sur le fait qu’il est indispensable de faire des bonnes actions pour pouvoir espérer d’Allah. Il faut mettre en œuvre les moyens que la sagesse divine exige conformément à Sa loi, Son décret, Sa récompense et Sa générosité. Le fidèle doit d’abord bien œuvrer, ensuite il peut avoir bon espoir en son Seigneur, qu’Il ne le délaissera pas et fera que ses œuvres lui seront utiles et le détourneront de tout ce qui contredirait leurs bonnes répercussions.

C’est pourquoi lorsqu’on dit à Al-Hasan Al-Basri, qu’Allah lui fasse miséricorde, que certaines personnes sans aucune bonne action nourrissent des espoirs en Allah, il dit :  Ils mentent : s’ils avaient vraiment eu un bon espoir ils auraient bien œuvré. 

Les gens sont tout à fait conscients de cela et l’acceptent. Ils considèrent même que toute personne qui contredit à ce principe ne comprend pas bien les choses et n’est pas raisonnable. Celui qui espère avoir un enfant sans se marier n’est pas tout à fait sensé. Celui qui veut obtenir les fruits d’un arbre sans le planter est considéré comme un fou. Celui qui a faim ou soif et espère être rassasié sans manger ou épancher sa soif sans boire on le soupçonnera d’avoir perdu la raison.

Si on loue les services d’une personne pour réaliser un travail mais que celui-ci passe sa journée à jouer dormir se reposer et faire le paresseux sans rien faire de ce qui lui est demandé puis se présente à la fin de la journée pour demander son salaire, que fera-t-on de lui ?

Il en est de même pour notre sujet : Celui qui espère atteindre le rang des pieux en agissant comme un vicieux, celui qui espère gagner la demeure paradisiaque en commettant des actes démoniaques, celui qui veut se rapprocher de la divinité mais reste ainsi sans œuvrer. Tout cela relève des faux espoirs et d’un homme qui leurre sa propre personne et non de l’espoir louable qui est requis.

Ma’rûf Al-Karkhi a dit :  Chercher le Paradis sans œuvrer est un des types de péchés. Attendre une intercession sans mettre en œuvre les moyens pour se faire est un leurre. Espérer la miséricorde de qui tu n’obéis pas est ignorance et idiotie. 

Yahya ibn Mu’âdh a dit :  Le plus grand leurre est de persister à commettre des péchés en espérant qu’ils seront effacés sans s’en repentir. Et s’attendre à être proche d’Allah sans Lui obéir. Et d’attendre le Paradis en semant les actes qui mènent en Enfer. 

Il dit ensuite :  Tes œuvres ne sont qu’illusion, ton cœur est vide de toute piété, tes péchés sont aussi nombreux que les grains de sable. Et après cela tu convoites les femmes du Paradis ? Loin s’en faut ! Tu es ivre sans avoir bu. 

Celui qui espère la miséricorde divine doit nécessairement s’efforcer de Lui obéir et ensuite espérer Sa miséricorde, Lui le Plus miséricordieux des Miséricordieux. C’est ce qu’Il dit en plusieurs occurrences du Coran :

Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d'Allah, ceux-là espèrent la miséricorde d'Allah. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux.  (Coran 2; 218).

 Ceux qui récitent le Livre d’Allah, qui accomplissent la prière et qui, discrètement ou publiquement, offrent par charité une partie de ce qu’Il leur a accordé, peuvent espérer des gains impérissables. (Coran 35; 29).

Je suis, en vérité, infiniment Clément envers quiconque se repent, préserve sa foi et fait le bien sans jamais dévier du droit chemin.  (Coran 20; 82).

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