Les œuvres pieuses : un moyen d’entrer au Paradis

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Les œuvres pieuses : un moyen d’entrer au Paradis

Les œuvres pieuses constituent un moyen d’entrer au Paradis puisqu’elles permettent d’obtenir l’agrément d’Allah, Sa miséricorde et Son pardon. Allah dit :

Allah dit : Ceux qui auront cru et accompli de bonnes œuvres seront, quant à eux, reçus dans les plus hauts degrés du Paradis où ils séjourneront pour l’éternité, sans jamais désirer le quitter. (Coran 18/107-108).

Dans le verset, en arabe, le verbe est employé au passé ce qui indique la chose suivante : ils méritaient le Paradis, c’était chose déjà établie et préparée pour eux. De plus, l’emploi de la particule  lâm  en arabe, a pour but de les honorer parce qu’ils ont mérité le Paradis en raison de leur foi et de leurs œuvres pieuses, comme Allah le dit :

Allah dit : Voici le Paradis dont vous avez hérité en récompense de vos œuvres passées. (Coran 43/72).

Al-Tâhir ibn ‘Âchûr a dit :  La notion d’héritage a été employée pour signifier que c’est un don qu’il reçoive à l’exclusion de tout autre. C’est une image par laquelle on veut dire qu’Allah donnera aux habitants du Paradis leurs bienfaits et non aux autres, tout comme les autorités remettent les biens du défunt à ses héritiers en dehors des autres membres de la famille qui n’y ont pas droit parce qu’ils y ont plus de droit et méritent plus de l’obtenir.

La formulation du verset montre qu’il y a un rapport de causalité entre le fait d’hériter du Paradis et les œuvres passées. On comprend aussi de cette formulation que ces œuvres pour lesquelles ils ont mérité le Paradis étaient accomplis avec assiduité et constance, sans discontinuer, jusqu’à leur mort. Ils ne se sont pas contentés d’œuvrer une fois seulement mais ils avaient l’habitude d’œuvrer pieusement tout au long de leur vie pour obtenir l’agrément du Seigneur.

Il n’y a pas de contradiction entre le fait que les œuvres pieuses soient une cause d’entrée au Paradis et le hadith suivant :  Suivez le droit chemin dans la mesure du possible en gardant toujours le juste milieu, et sachez que nul ne devra son salut à ses propres œuvres. Quelqu’un demanda : Pas même toi, Messager d’Allah ? Il répondit : Pas même moi ! Je ne serai sauvé que si Allah me couvre de Sa miséricorde et de Sa grâce.

Les œuvres pieuses sont effectivement une cause d’entrée au Paradis et donc, si Allah est satisfait de Son serviteur, il lui fera miséricorde, l’honorera, et l’y fera entrer. Et comme nous l’avons dit, il y a un rapport de cause à effet : vous entrerez au Paradis en raison de vos œuvres pieuses. Or, ce que le Prophète () a infirmé dans le hadith, est que le Paradis soit reçu en contrepartie des œuvres, c’est-à-dire les œuvres ne sont pas une compensation ou un prix suffisant pour entrer au Paradis. Il faut obligatoirement bénéficier du pardon d’Allah et de Sa miséricorde.

Le hadith ne nie pas le fait que les œuvres pieuses soient une cause d’entrée au Paradis. En revanche, il nous informe qu’on ne peut pas s’appuyer uniquement sur ces œuvres pour y entrer. Et il est bien connu qu’une cause ne peut pas à elle seule produire les effets escomptés. Tout comme le fait que les œuvres pieuses ne suffisent pas à elles seules à entrer au Paradis n’implique pas que ce ne soit pas une cause pour y contribuer.

Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit :  Les causes ne sont pas suffisantes à elles seules pour obtenir les effets escomptés. Quand la pluie tombe et que la graine est semée, ce n’est pas encore suffisant pour que la plante pousse. Il faut encore que le vent souffle par la permission d’Allah. Il faut aussi que rien ne vienne empêcher le processus. Il faut réunir toutes les conditions et éradiquer tous les obstacles. Or, tout ceci n’a lieu que par le décret d’Allah et Sa prédestination. Il en est de même pour la procréation d’un enfant. Le liquide de l’homme dans le sexe de la femme n’est pas une cause suffisante en soi pour que la procréation aboutisse. Et combien de rapports n’ont pas donné de naissance. Il faut absolument qu’Allah veuille que la création ait lieu, que la femme tombe enceinte et que le processus se poursuive dans la matrice. Et il en est ainsi pour toute création qui advient en termes de condition requises et d’empêchements à éviter.

Il est tout à fait possible d’affirmer la même chose pour ce qui relève de l’au-delà. Les œuvres pieuses ne suffisent pas à elles seules à obtenir le bonheur. Elles ne sont qu’une cause pour ce faire. Il est dit dans un hadith divin mentionné par Boukhari :

D’après Abou Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : Allah le Très Haut dit : “Je déclare la guerre à celui qui se fait l’ennemi de l’un de Mes pieux serviteurs. Mon adorateur ne se rapproche pas de Moi par des œuvres qui me sont plus chères que celles que je lui ai imposées. Et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par des œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe qui lui permet d’entendre, sa vue qui lui permet de voir, sa main qui lui permet de saisir et son pied qui lui permet de marcher. S’il Me sollicite, Je réponds à sa demande, et s’il implore Ma protection, Je la lui accorde”. Et Je n’ai jamais hésité à faire une chose comme reprendre l’âme de Mon serviteur : il déteste la mort et Je répugne à lui faire du tort.

Dans ce hadith, le serviteur obtient la proximité du Seigneur et Son alliance en raison de l’accomplissement des œuvres obligatoires et la multiplication des œuvres surérogatoires. Des savants ont dit que l’entrée au Paradis était due à la grâce divine et que c’est suite à l’entrée qu’ils en hériteront et pourront bénéficier de ses différents degrés. Ils pourront en profiter en raison de leurs œuvres.

Tous ont en commun d’entrer au Paradis par la grâce divine. Mais après y être entrés, ils occuperont des degrés différents en raison de leurs œuvres.

Certains savants ont dit : les œuvres pieuses ne peuvent être une cause d’entrée au Paradis que si et seulement si Allah les accepte. Et il ne les accepte que parce qu’il nous fait grâce. En conséquence, les œuvres qui sont une cause d’entrée au Paradis sont celles qui sont acceptées par Sa grâce.

Certains versets désignent les œuvres pieuses des croyants en ce monde en tant que cause d’entrée au Paradis. Citons les suivants. Allah dit :

Tel est le Paradis dont Nous ferons hériter ceux de Nos serviteurs qui étaient habités par Notre crainte. (Coran 19/63).

Ce verset fait écho aux deux précédents :

A l’exception de ceux qui se sont repentis, ont cru en leur Seigneur et ont accompli de bonnes œuvres, qui entreront au Paradis où ils ne seront en rien lésés. Ils seront, au contraire, admis dans les jardins d’Eden que le Tout Miséricordieux a promis de toute éternité à Ses adorateurs. Sa promesse s’accomplira de façon inéluctable. (Coran 19/60-61).

Dans ces nobles versets, Allah explique qu’il fera hériter Ses pieux serviteurs du Paradis. Il a aussi expliqué ceci en d’autres occurrences du Coran.

Bienheureux sont les croyants, en vérité, qui prient avec recueillement et humilité, se détournent dignement de toute futilité, s’acquittent de l’aumône légale par charité, et préservent vertueusement leur chasteté - n’ayant de rapports qu’avec leurs épouses ou leurs esclaves, auquel cas ils ne sauraient être blâmés, contrairement à ceux qui recherchent d’autres relations, qui seuls sont coupables de transgression -, qui ne trompent jamais la confiance placée en eux, honorent fidèlement leurs engagements et accomplissent leurs prières assidûment. Ce sont eux les héritiers qui hériteront les hauts lieux du Paradis où ils demeureront pour l’éternité. (Coran 23/1-11).

Empressez-vous vers les œuvres qui vous vaudront le pardon de votre Seigneur et un jardin aussi large que les cieux et la terre [Le Paradis], préparé pour ceux qui craignent Allah. (Coran 3/133).

Ils diront : Louange à Allah qui a rempli Sa promesse envers nous, nous faisant hériter de la terre du Paradis où nous pouvons nous installer à notre gré. Digne récompense que celle de ces hommes qui n’ont cessé d’œuvrer ! (Coran 39/74).

Voici le Paradis dont vous avez hérité en récompense de vos œuvres. (Coran 7/43).

Et il y a bien d’autres versets dans ce sens.

Leur faire hériter du Paradis est une expression qui a pour sens qu’il les comblera de bienfaits pour toujours. Ils y bénéficieront des plaisirs les plus parfaits dans un bonheur sans pareil.

Un savant a dit : le sens de cette expression est le suivant : Allah a créé pour chacun une demeure au Paradis et une autre en enfer. Ainsi, quand les habitants du paradis y entreront, Allah leur montrera leur demeure en enfer s’ils avaient mécru et désobéi à Allah en ce monde afin d’accroitre leur sentiment de bonheur et d’allégresse. C’est à ce moment qu’on leur dira :

Voici le Paradis dont vous avez hérité en récompense de vos œuvres. (Coran 7/43).

Et c’est aussi à ce moment qu’on montrera aux damnés de l’enfer leur demeure au Paradis s’ils avaient eu la foi et œuvré pieusement afin d’accroitre leur sentiment de regret et de remord. A ce moment ils diront :

Si Allah m’avait guidé, j’aurais certainement été du nombre de ceux qui se préservent du péché. (Coran 39/57).

Suite à cela, les demeures en Enfer qui ont été créées pour ceux qui, finalement, ont été admis au Paradis, seront données aux damnés de l’enfer. Et inversement, les demeures du Paradis qui avaient été créées pour ceux qui, finalement, ont été jeté en enfer, seront données aux habitants du Paradis. Et selon cet avis, telle est la signification de l’expression : ils hériteront du Paradis.

Dans son exégèse intitulée Adwâ Al-Bayân, Al-Chinqîtî a dit :  Il existe un hadith qui renseigne sur le fait que chaque individu dispose d’une demeure en Enfer et d’une autre au Paradis. Ceci dit, comprendre le verset du Coran à partir de ce hadith n’est pas correct. En effet, les habitants du Paradis hériteront du Paradis et de ses différents degrés en raison de leurs œuvres et de leur piété, comme il est dit dans ce verset :

Voici le Paradis dont vous avez hérité en récompense de vos œuvres. (Coran 7/43).

Ce qui est dit aussi dans des versets au sens similaire. Or, si on devait supposer que les habitants du Paradis héritent des demeures qui appartenaient aux damnés de l’enfer, ceci laisserait penser qu’ils n’avaient pas d’autres demeures au Paradis que celles héritées des damnés de l’enfer. Or, la réalité est tout autre comme vous pouvez le constater. Le hadith auquel je fais allusion est le suivant, il est rapporté par l’imam Ahmad dans son Musnad, Al-Hâkim dans son Mustadrak selon Abu Hourayra :  Tous les habitants du Paradis verront la place qui leur était préparée en Enfer et diront : si Allah ne m’avait pas guidé … il sera encore plus reconnaissant envers son Seigneur. Et tous les habitants de l’enfer verront leur place qui leur avait été préparée au Paradis et diront : si Allah m’avait guidé. Ils seront pleins de remords.  Fin de citation. Al-Hâkim dit que ce hadith est authentique et correspond aux conditions de Boukhari et Mouslim. Al-Dhahabi est d’accord. Al-Haythami dit : les hommes qui composent la chaine de transmission du hadith rapporté par Ahmad sont les mêmes que ceux figurant dans les hadiths rapportés par Boukhari. Fin de citation.

Parmi les versets qui prouvent que les œuvres pieuses sont une cause d’entrée au Paradis il y a ceux-ci :

Mangez et buvez en paix pour prix de vos œuvres passées ! (Coran 52/ 19).

C’est ainsi que Nous récompensons les hommes qui font le bien. (Coran 37/80).

Dans ce dernier verset il y a une signification assez subtile. Il n’a pas dit qu’il récompensait ceux qui œuvraient mais ceux qui font le bien. Ce qui nous fait ressentir que la récompense est due parce que l’œuvre est une œuvre de bonté, pas uniquement une œuvre.

D’ailleurs, certains versets mentionnent que l’objectif des préceptes religieux est que les serviteurs œuvrent avec excellence et non pas d’œuvrer simplement. C’est le cas du verset de la sourate La caverne :

Nous avons, en vérité, fait de ce que porte la terre une parure pour cette dernière afin de mettre les hommes à l’épreuve et de voir qui d’entre eux accomplira les œuvres les plus méritoires. (Coran 18/7).

Dans son exégèse intitulée Adwâ Al-Bayân, Al-Chinqîtî a dit : Avoir fait de la terre une parure (c’est-à-dire une épreuve pour voir qui accomplirait les meilleures œuvres) est une sagesse qui a été mentionnée en d’autres occurrences du Coran. La sagesse pour laquelle Allah a créé la mort, la vie, les cieux et la terre. Allah dit :

Béni soit Celui qui règne en Maître absolu sur la Création et qui a pouvoir sur toute chose. Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous mettre à l’épreuve et de voir qui de vous accomplira les œuvres les plus méritoires. Il est le Tout-Puissant, le Très Clément. (Coran 67/1-2).

C’est Lui qui, alors que Son Trône était sur l’eau, a créé les cieux et la terre en six jours afin de vous mettre à l’épreuve et de voir qui de vous accomplira les œuvres les plus méritoires. (Coran 11/ 7).

Nous implorons Allah de nous permettre d’accomplir des œuvres pieuses qui le rendront satisfaits de nous, et de nous compter parmi les habitants de la demeure de Ses bienfaits, ceux qui leur sera dit : Voici le Paradis dont vous avez hérité en récompense de vos œuvres.

Louange à Allah le Seigneur des mondes.

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