Des choses pour lesquelles le Prophète a juré

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Des choses pour lesquelles le Prophète () a juré

Jurer ou faire un serment ont la même signification. On entend par le terme jurer, renforcer le sens voulu et l’ancrer dans l’âme de son interlocuteur. On jure pour repousser les récusations d’une personne ou éradiquer les doutes d’un suspicieux. Ou encore, pour mettre en évidence la grandeur de l’objet du serment. Al-Zarkashî a dit :  On jure pour confirmer l’objet du serment.  Al-Alûsî a dit :  Jurer c’est informer de la valeur de l’objet du serment. Jurer c’est accordé à l’objet en question une grande valeur. 

Le Prophète () a juré en employant diverses formules. Par exemple, en disant : Par celui qui tient mon âme dans Sa Main. . Ou : Par celui qui tient l’âme de Mohammed dans Sa Main. . Ou :  Par Allah. Ou :  Par Allah le seul véritable dieu en droit d’être adoré. … Et il n’y a aucun mal à ce que les formules soient différentes à partir du moment où on jure par Allah. En effet, jurer par autre qu’Allah est du polythéisme.

Il est rapporté qu’Ibn Omar, qu’Allah soit satisfait de lui, entendit un homme jurer : Non, par la Ka’bah et lui lança : Ne jure pas par un autre qu’Allah, car j’ai entendu le Messager d’Allah () dire :  Quiconque jure par un autre qu’Allah est tombé dans le polythéisme.  Rapporté par Abû Dâwûd et jugé authentique par Al-Albânî.

Qui examine la biographie prophétique constatera que le Prophète () a juré pour différentes choses pour les confirmer ou mettre en évidence leur importance. Et, notamment :

Les croyants verront leur Seigneur au Paradis :

Le Prophète () a juré que les croyants verront leur Seigneur au Paradis. Selon Abu Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui, des compagnons ont dit : Ô Messager d’Allah ! Verrons-nous notre Seigneur le jour de la résurrection ? Il répondit : Les jours de pleine lune, vous gênez-vous les uns les autres pour la voir ? Ils répondirent : Non, ô Messager d’Allah. Il continua : Vous gênez-vous les uns les autres pour voir le soleil dans un ciel sans nuages ? Ils répondirent : Non, ô Messager d’Allah. Il dit : Et bien vous verrez Allah de la même façon que vous voyez l’un ou l’autre (le soleil et la lune). Rapporté par Mouslim.

Le bassin du Prophète () :

Le Kawthar est une des spécificités de notre Prophète (). Ce terme est celui cité dans ce verset : Nous t’avons, en vérité, accordé d’immenses faveurs [En particulier un fleuve du Paradis appelé Al-Kawthar].  (Coran 108 /1). Al-Kawthar est un fleuve qu’Allah a promis à ceux qui entreront au Paradis. Il se déversera dans le bassin du Prophète (). Le bassin sera composé de ce fleuve comme le dit Ibn Hajar dans son livre Fath Al-Bârî. Ce bassin est un des honneurs qui sera fait à notre Prophète () dans l’au-delà. Dans le Sahîh de Boukhari, un hadith nous informe de l’existence de ce bassin actuellement. Il a juré qu’il existe en raison de sa valeur et de l’importance de le porter à la connaissance de sa communauté afin que ses membres puissent mettre en œuvre les moyens qui leur permettront de s’y retrouver.

‘Uqbah ibn ‘Âmir, qu’Allah soit satisfait de lui, relate que le Prophète () alla visiter les tombes des martyrs de la bataille d’Uhud en faveur desquels il pria. De retour, il monta sur le minbar et dit :

Par Allah ! Je vois en ce moment mon bassin auprès duquel je vous devancerai. Je témoignerai ce jour-là en votre faveur. 

Selon Asmâ’ bint Abi Bakr, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète () a dit :  Je me tiendrais sur le bassin et regarderai qui d’entre vous viendra s’y abreuver. Certains seront saisis avant de me rejoindre. Je m’écrierais alors : Ô Seigneur, des gens qui se réclament de moi et de ma communauté ? On dira alors : Sais-tu ce qu’ils ont fait après ta mort ! Ils n’ont pas tardé à rebrousser chemin.  Rapporté par Boukhari.

La sacralité des compagnons, la mise en évidence de leurs mérites et l’interdiction de leur porter atteinte :

Porter atteinte à un des compagnons du Prophète () en leur causant du tort, en dépréciant leur valeur, est quelque chose de très grave. Cette question fait partie des hérésies dont les renégats et les hérétiques sont à l’origine pour parvenir à discréditer la Sunna. C’est pour cela que le Prophète () a juré de la sacralité des compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, et qu’il est interdit de leur porter atteinte. Il a dit :  N’insultez pas mes compagnons, n’insultez pas mes compagnons. Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, si l’un d’entre vous dépensait en aumône l’équivalent de la montagne de Uhud en or, il n’atteindrait pas l’équivalent de la valeur de ce que contiennent deux de leurs mains qu’ils ont donné en aumône et pas même sa moitié. Rapporté par Mouslim.

Ce que le compagnon a donné en aumône, que ce soit d’une quantité équivalente à ce que peut contenir deux mains jointes ou même ce que peut contenir une seule main, a plus de valeur auprès d’Allah que ce que l’un d’entre nous dépenserait même si cela équivaut à la valeur de la montagne de Uhud. Abu Zar’a Al-Râzî – c’est un ancien savant du hadith - a dit :  Si tu vois un homme porter atteinte à la valeur d’un des compagnons du Prophète () alors sache que c’est un renégat. La raison est la suivante : le Messager est une vérité. Le Coran est une vérité. Ses enseignements sont une vérité. Or, ce ne sont autres que les compagnons qui nous ont transmis tout ceci. Ainsi, celui qui les discrédite en les critiquant ne veut que réduire à néant la valeur du Coran et de la Sunna. C’est pourquoi qui les critique est plus en droit d’être critiqué et discrédité. Plus encore, il est plus en droit, et c’est ce qu’il convient de faire avec une telle personne, de le juger comme apostat, égaré, menteur et corrupteur. 

L’obligation d’aimer les croyants :

L’amour mutuel entre les croyants est une obligation. Et tout ce qui ne peut être réalisé que par le biais d’une chose alors cette chose est obligatoire. Aussi, parmi les choses qui contribuent à l’amour entre les croyants : les salutations qu’ils s’adressent les uns aux autres. C’est la clef de l’amour fraternel, la cause de l’harmonie, la manifestation d’un des rites de la religion. Sans compter ce que cela contient comme humilité et bienveillance envers la sacralité des musulmans.

D’après Abou Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Messager d’Allah () a dit : Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main ! Vous n’entrerez au Paradis que lorsque vous aurez la foi et vous n’aurez véritablement la foi que lorsque vous vous aimerez les uns les autres. Voulez-vous que je vous indique une chose qui fera naître de l’amour entre vous ? Saluez-vous les uns les autres. Rapporté par Mouslim.

Trois choses importantes pour lesquelles le Prophète () a juré dans un seul hadith :

Abu Kabchah Omar ibn Sa’d Al-Anmâri, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte qu’il a entendu le Prophète () dire : Je jure de la véracité de ces trois paroles, alors retenez-les bien : jamais aumône n’a diminué les biens du donateur, nul ne supporte patiemment une injustice sans qu’Allah n’ajoute à son honneur, et nul n’a ouvert la porte de la mendicité sans qu’Allah ne lui ouvre la porte de la pauvreté.  Rapporté par Ahmad et jugé authentique par Al-Albânî.

Ce hadith nous apprend que ceux qui prêchent le bien doivent, en transmettant le savoir et en adressant des conseils, susciter l’intérêt de l’auditoire et faire en sorte de lui donner envie d’écouter ce qui va être dit et y être attentif. 

L’interdiction de nuire au voisin :

Nuire au voisin peut se faire par la parole ou les actes. Mais on peut aussi nuire aussi à sa personne, à sa famille, à ses enfants, à sa maison, à son invité. Le Prophète () en jurant pour interdire de nuire à son voisin, dit :

Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant. On demanda : Qui donc, Messager Allah ? Il répondit : Celui dont les voisins ne sont pas à l’abri de sa malveillance. Rapporté par Boukhari.

Ce hadith et ce serment du Prophète () enjoint à ne pas nuire à son voisin et il confirma ce fait en jurant à trois reprises :  Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant.

Les mérites de la sourate Al-Ikhlâs, la foi pure :

Le Coran recèle beaucoup de versets en lien avec le monothéisme, des récits et des lois : L’importance du monothéisme en Islam est bien connue. Et la sourate Al-Ikhlâs reprend cette notion de monothéisme. Dans son exégèse, Al-Sa’dî a dit :  Cette sourate comprend le monothéisme des Noms et Attributs.  Le Prophète () a juré de son mérite et affirmé qu’elle équivaut au tiers du Coran.

D’après Abu Sa’îd Al-Khoudri, qu’Allah soit satisfait de lui, un homme en entendit un autre répéter à plusieurs reprises la sourate débutant par ces mots : Dis : Allah est la seule et unique divinité… Le lendemain matin, l’homme, qui semblait ne pas connaître le mérite de cette sourate, alla en informer le Messager d’Allah () qui lui répondit : Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main ! Elle équivaut au tiers du Coran. Rapporté par Boukhari.

Ce hadith est la source d’une grande motivation pour lire cette sourate grandiose, connaitre son exégèse, s’arrêter sur ses significations, se conformer à ses prescriptions et se soumettre à ce qu’elle implique.

Les mérites du repentir et de la demande de pardon :

Le Messager d’Allah () incitait toujours au repentir et encourageait les gens à implorer le pardon divin. Il jurait de l’importance de ceci et dit :

Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main ! Si vous ne commettiez pas de péchés, Allah vous ferait disparaître avant de vous remplacer par des hommes qui commettraient des péchés, puis imploreraient le pardon d’Allah le Très Haut qui leur pardonnerait. Rapporté par Mouslim.

Al-Tîbî a dit :  Dans ce hadith et d’autres qui lui sont similaires, il n’a pas voulu dire qu’il ne fallait pas accorder d’importance aux péchés comme pourraient se méprendre à le comprendre ainsi les gens qui sont distraits. Mais tout comme Allah aime être bienfaisant envers ceux qui sont bienfaisants, il aime aussi passer outre les fautes de ceux qui en commettent et les pardonner. Allah n’a pas voulu faire que les hommes soient comme des anges, exempts de tout péché. Mais il les a créés avec un penchant naturel vers les passions. Il les a ensuite chargés de s’en prémunir et leur a appris qu’on pouvait se repentir après avoir été éprouvé. Si le fidèle a su se prémunir du péché alors il en sera récompensé. Et s’il a fauté, alors il peut se repentir. La sagesse à cela est qu’Allah manifeste Sa qualité de bonté, d’indulgence et de pardon. 

Abu Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte qu’il a entendu le Prophète () dire : Par Allah ! J’implore le pardon d’Allah et je reviens repentant à Lui plus de soixante-dix fois par jour. Rapporté par Boukhari.

Notre Prophète () nous a enseigné notre religion, mis en évidence le licite et l’illicite, par incitation parfois et dissuasion d’autres fois. Il nous a mis en garde et prévenu. Il nous a conté des récits, nous a donné des exemples. Pourtant, ils savaient bien que ses compagnons croyaient avec certitude en ses propos et que nous aussi y croirions par la suite avec certitude. Néanmoins, il a eu recours parfois à des serments et a juré dans certaines situations pour des choses importantes. Ceci, pour stimuler notre motivation, expliquer le danger et la gravité des faits pour lesquels il jurait.

Quand il jurait, c’était pour indiquer le mérite et l’importance d’un acte d’obéissance ou d’une œuvre pieuse. Nous devons alors lui obéir promptement et adopter l’attitude adéquate. Mais il pouvait aussi jurer pour une chose contre laquelle il souhaitait nous mettre en garde et de laquelle il redoutait le danger et les néfastes répercussions qui pouvaient en découler. Dans ce cas, nous devons nous méfier de ne pas nous retrouver confronter à l’objet de la mise en garde. Dans d’autres cas, il pouvait aussi jurer pour informer d’un point du dogme ou l’ancrer dans nos âmes. Nous devons alors avoir foi en ce dont il nous informe quand bien même cela irait à la rencontre de nos raisons puisque le Prophète () ne dit que la vérité …

Partant, prédicateurs et éducateurs apprennent l’importance de recourir aux serments. Ils peuvent ainsi attirer les sens de l’auditoire, stimuler sa motivation pour être attentif à ce qui va être dit après le serment qu’il s’agisse d’un point du dogme ou des actes de culte, du licite et de l’illicite, du paradis ou de l’enfer, des mérites et des nobles comportements. Et avec ceci, il convient de recourir au serment au moment opportun et ne pas en abuser et jurer trop souvent.

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