Le dernier homme à entrer au Paradis et celui qui sera à son plus bas degré

Dans le cadre de notre série d’articles sur les œuvres du Paradis nous avons vu quel est le premier homme à entrer au Paradis. Il s’agit de l’élite des hommes, les plus nobles auprès de leur Seigneur. Aujourd’hui nous allons aborder le cas des derniers hommes à entrer au Paradis. Et même s’ils y entreront que tardivement, le fait d’entrer au Paradis est la véritable félicité.

 Quiconque sera écarté de l’Enfer et admis au Paradis aura gagné son salut. (Coran 3/185).

D’après Ibn Mas’ûd (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : Je connais le dernier des hommes à sortir de l’Enfer qui sera le dernier à entrer au Paradis. Il sortira de l’Enfer en rampant.

- Va et entre au Paradis, lui dira Allah Tout-Puissant. Il ira et, s’imaginant à tort que le Paradis est plein, il reviendra et dira :

- Il n’y a plus de place Seigneur !

- Va et entre au Paradis, répétera Allah Tout-Puissant. Il s’y rendra de nouveau et s’imaginera une fois encore qu’il est plein. Il reviendra alors et dira de même :

- Il n’y a plus de place Seigneur !

- Va et entre au Paradis, dira Allah Tout-Puissant pour la troisième fois avant d’ajouter : “Tu y recevras l’équivalent du bas monde et dix fois autant”.

- Te moques-Tu de moi, Toi le Roi de l’Univers ? Dira l’homme.

Ibn Mas’ûd dit : Je vis alors le Messager d’Allah sourire au point de laisser paraître ses molaires et dire : Il s’agit de celui des hommes qui occupera le rang le moins élevé au Paradis. Rapporté par Boukhari et Mouslim.

D’après Ibn Mas’ûd (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : Le dernier des hommes à entrer au paradis. Il marchera à des moments et à d’autres il tombera sur son visage. Et d’autres fois, des flammes lui bruniront le visage. Une fois qu’il aura dépassé ces flammes il se retournera en les regardant et dira :  Gloire à Allah qui m’a épargné de toi. Allah m’a donné ce qu’il n’a donné à personne des premiers aux derniers hommes.  On érigera un arbre devant lui et il dira :  Seigneur rapproche moi de cet arbre que je puisse en profiter, me mettre sous son ombre et boire de l’eau qui s’y trouve. Allah dira :  Fils d’Adam, il se peut que si Je te permets de te rapprocher de cet arbre tu me demandes autre chose.  Non, dira l’homme, en prenant l’engagement de ne rien demander d’autre. Mais son Seigneur l’en excusera puisqu’il verra des choses devant lesquelles il ne pourra patienter. Allah le rapprochera donc de cet arbre. Il se placera sous son ombre et boira de l’eau qui s’y trouve.

Mais on érigera alors un arbre encore plus beau que le premier. L’homme s’exclamera :  Seigneur rapproche moi de cet arbre que je puisse en profiter, me mettre sous son ombre et boire de l’eau qui s’y trouve et je ne te demanderai rien d’autre.  Allah dira :  Fils d’Adam, n’avais-tu pas pris l’engagement de ne rien me demander d’autre que cet arbre ? Si Je te rapprochais de celui-ci tu pourrais me demander autre chose ?  l’homme prendra alors l’engagement de ne rien demander d’autre. Mais son Seigneur l’en excusera puisqu’il verra des choses devant lesquelles il ne pourra patienter. Allah le rapprochera donc de cet arbre. Il se placera sous son ombre et boira de l’eau qui s’y trouve.

Mais on érigera un autre arbre devant la porte du Paradis encore plus beau que les deux premiers. Il dira :  Seigneur rapproche moi de cet arbre que je puisse en profiter, me mettre sous son ombre et boire de l’eau qui s’y trouve et je ne te demanderai rien d’autre. Allah dira : Fils d’Adam, n’avais-tu pas pris l’engagement de ne rien me demander d’autre que cet arbre ?  Il répondra :  Si, donne-moi celui-là et je ne te demanderai rien d’autre.  Mais son Seigneur l’en excusera puisqu’il verra des choses devant lesquelles il ne pourra patienter. Allah le rapprochera donc de cet arbre.

Et une fois qu’Allah l’en aura rapproché, il entendra les voix des habitants du Paradis et dira :  Seigneur fais-moi entrer au Paradis.  Allah dira :  Qu’est-ce qui pourrais faire en sorte que tu t’arrêtes de me demander des bienfaits ? Serais-tu satisfait si je te donnais le bas monde et un autre équivalent avec lui ?  Mais l’homme, surpris et heureux de ce que lui dit son Seigneur dira :  Seigneur ! Tu te moques de moi alors que Tu es le Seigneur de la création. 

Ibn Mas’ûd rigola et dit :  Vous ne me demandez pas pourquoi je rigole ?  Ils dirent :  Et de quoi rigoles-tu ?  Il dit :  C’est ainsi qu’a rigolé le Messager d’Allah.  Ils demandèrent :  Et de quoi rigoles-tu Messager d’Allah ?  Il dit :  Du rire du Seigneur de la création quand l’homme lui dit :  Tu Te moques de moi alors que Tu es le Seigneur de la création. Allah dira :  Je ne me moque pas de toi mais Je suis capable de faire ce que je veux. 

Et dans une autre version de ce hadith :  Il ira en direction du Paradis et y entrera. Il verra que les habitants du paradis auront déjà pris place dans leurs demeures et on lui dira :  Te souviens-tu quand tu t’y trouvais ?  Oui, dira-t-il. On lui dira :  Tu peux maintenant souhaiter obtenir ce que tu veux et tu l’obtiendras.  Une fois qu’il aura formulé son souhait on lui dira :  Tu as ce que tu souhaitais et dix fois ce que contient ce bas monde.  Rapporté par Mouslim.

Dans une autre version de Mouslim selon Abu Sa’îd on trouve des termes similaires et à la fin du hadith il est dit :  Il entrera au Paradis et y entreront avec lui deux femmes du Paradis qui lui diront : louange à Allah qui t’a donné vie pour nous et nous a données vie pour toi. Il dira alors :  Personne n’a eu ce qu’on m’a donné. 

Ce hadith comprend un enseignement subtil : le Prophète () a voulu porter à la connaissance des fidèles la générosité de leur Seigneur qui n’est pas comme les autres rois qu’ils connaissent en ce monde. L’un de ces derniers, s’il en vient à châtier un homme il le prend en animosité et ne peut plus lui faire confiance par la suite c’est pour cela qu’il ne le rapproche plus de lui. Ainsi, via ce hadith, le Prophète () a voulu enseigner aux compagnons que leur Seigneur a pour caractéristique d’être Tout-Miséricordieux. Et s’il châtie un de Ses serviteurs par sa justice, par une peine correspondant à ce qu’il sait, c’est uniquement en rétribution de ses forfaits. Mais suite à cela, Il fait preuve de compassion qui le rapproche de Lui progressivement. Et chaque fois que le fidèle voit une chose devant laquelle il ne peut patienter, il l’excuse de ne pas avoir tenu sa promesse jusqu’à le faire entrer au Paradis, décupler les dons qu’Il lui fait et rire de lui.

Dans son ouvrage Sifat Al-Janna, Abu Nu’aym rapporte selon Abu Abdillah Al-A’azz, selon Abu Horayra que le Prophète () a dit en parlant du dernier homme à entrer au Paradis :  Alors qu’il y marchera il verra une lumière. Il se prosternera et on lui dira :  Qu’as-tu ?  Il répondra :  N’est-ce pas là mon Seigneur qui S’est manifesté devant moi ?  Un homme se tiendra devant lui et lui dira :  Non, c’est juste une de tes maisons et je suis un de tes servants.  Il marchera devant lui et entrera dans le plus proche de ses palais. Chaque fois qu’il posera ses yeux sur ce qui s’y trouve sa vue donnera sur les profondeurs de son royaume qui est aussi grand que cent ans de marche. 

Il existe un récit rapporté que nous reproduisons à titre indicatif et pour apporter davantage d’informations sur ce thème. Il s’agit du nom de cette personne qui serait la dernière à entrer au Paradis. Il s’appellerait Juhayna. Les habitants du paradis disent que c’est lui qui sait avec certitude s’il reste un homme en train de se faire châtier avant d’entrer au Paradis. Et il dira que non comme cela est rapporté dans la version de Malik, selon Al-Khatib selon Ibn Omar :  Le dernier à entrer au paradis est un homme de Juhayna. Les gens du Paradis diront : C’est Juhayna qui sait avec certitude que plus aucun croyant n’est châtié.  Mais ce récit a été rejeté par Al-Darqutni qu’Allah lui fasse miséricorde.

Le sens de ce récit est que l’habitant du Paradis qui bénéficiera de la plus petite part de ses bienfaits, celui qui aura la plus petite place et le degré le plus bas est un homme qui correspondra à cette description. Dans le hadith d’Ibn Mas’ûd il est dit que c’est lui qui aura le plus bas degré du Paradis. Dans celui de Abu Sa’îd Al-Khudri, selon la version de Al-Nu’mân ibn Abi ‘Iyâch qui figure dans le recueil de Mouslim il est dit :  Cet homme est celui qui bénéficiera du plus bas rang du Paradis.  alors qu’en est-il de celui qui bénéficiera du plus haut rang.

Et dans un hadith authentique : d’après Al-Mughîrah ibn Chu’bah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : Moïse interrogea son Seigneur : Qui, parmi les habitants du Paradis, occupera le rang le plus bas ? Il répondit : Un homme qui viendra après que tous les élus du Paradis y auront été introduits.

- Entre au Paradis, lui dira-t-on.

- Seigneur ! S’étonnera-t-il, comment alors que tous les élus du Paradis se sont déjà installés dans leur demeure et ont reçu la part qui leur a été attribuée ?

- Serais-tu satisfait de posséder un royaume identique à celui des rois de la terre ? Lui demandera-t-on.

- J’en serais satisfait, mon Seigneur, répondra-t-il.

- Tu obtiendras cela et son équivalent, et son équivalent, et son équivalent, et son équivalent, dira Allah. 

- Je suis satisfait, mon Seigneur, dira-t-il au bout de la cinquième fois.

- Tu recevras tout cela et dix fois autant, ajoutera Allah, ainsi que tout ce que tu désireras qui te rempliras de joie.

- Je suis satisfait, mon Seigneur, répétera-t-il.

Moïse demanda : Qui donc jouira du rang le plus élevé ? Allah dit : Ceux que J’ai élus et pour lesquels J’ai préparé et dissimulé des délices que nul œil n’a jamais vus, nulle oreille n’a jamais entendus et nul être ne peut s’imaginer.

Le cadi ‘Iyâd s’est interrogé en ces termes :  Le dernier à sortir de l’Enfer est-il le même homme qui se trouvera en dernier sur le pont dressé au-dessus de l’Enfer ou est-ce un autre homme même si tous les deux seront les derniers à entrer au Paradis ? 

Pour Ibn Abi Jamara le dernier homme à sortir de l’Enfer après y être effectivement entré n’est pas le même homme qui sera le dernier à passer sur le pont dressé au-dessus de l’Enfer. Il considère que l’expression signifiant qu’il est sorti de l’Enfer est à prendre au sens figuré puisque c’est la chaleur de l’Enfer et l’angoisse qui l’ont atteint au même titre que ceux qui y sont effectivement entrés.

Nous implorons Allah le grand, Seigneur du Noble Trône, de nous faire entrer au Paradis et nous préserver de l’Enfer.