La loyauté fait partie de la foi
La biographie et la vie de notre Prophète () est la source pure de laquelle nous apprenons les nobles comportements. Il n’existe aucun comportement et aucune qualité louable sans que le Prophète () ne l’ait mis en pratique de la meilleure façon. De même il n’y a aucune caractéristique blâmable sans qu’il en soit le plus éloigné. On ne trouvera pas à travers l’histoire ni dans les biographies des illustres hommes jusqu’au jour de la résurrection la moindre personne qui puisse rivaliser avec le Prophète () en termes de qualités humaines et de loyauté. Même ceux qui n’avaient pas foi en lui ont reconnu son mérite et sa loyauté. Mikraz ibn Hafs a dit : Ô Mohammed, tu n’étais pas connu pour être un traitre dans ta jeunesse ni à l’âge adulte. Tu étais plutôt connu pour être bon et loyal. Et le témoignage de son Seigneur est suffisant :
Tu es, en vérité, doté du caractère le plus élevé. (Coran 68/4).
La loyauté consiste à préserver une vieille amitié, des moments de vie qu’on a partagés et ne pas oublier la bienveillance de ceux qui ont été justement bienveillants et bons envers nous. C’est une des caractéristiques de la foi. Un des comportements du Prophète () qui a dit : La loyauté fait partie de la foi. Rapporté par Al-Hâkim et jugé authentique par Al-Albânî.
Le Cadi ‘Iyâd a dit : La loyauté c’est-à-dire préserver le caractère sacré d’une personne. Cela fait partie de la foi, c’est-à-dire que c’est une de ses branches ou des qualités des gens de foi. Les circonstances de ce hadith sont comme suit : une femme est venue voir le Prophète () et il l’a honoré. Il dit : Elle nous rendait visite du temps de Khadija et la loyauté fait partie de la foi. Ibn Al-Athir explique : Le terme Al-‘Ahd (traduit par le terme loyauté au vu du contexte) a plusieurs sens. Celui voulu dans ce hadith est : accorder de l’importance à une ancienne connaissance et préserver le respect qui lui est du. Al-Sakhâwî a dit : Ce terme peut revêtir plusieurs sens. L’un d’eux est : la préservation et l’attention. Et c’est le sens voulu dans ce hadith. C’est-à-dire le fait d’être loyal, de préserver et veiller au respect des personnes avec lesquelles on a été lié par le passé. Respecter ceux qui nous aiment ou qui aiment ceux qu’on aime. Le sens de l’expression : fait partie de la foi, est que cela compte parmi les caractéristiques et les qualités des gens de foi. Ou que cela fait partie des branches de la foi et de ce qu’elle implique. Puisqu’il fait partie d’une foi complète d’aimer et apprécier les musulmans.
La biographie prophétique regorge d’exemples à travers lesquels le Prophète () a incarné cette loyauté. Nous y apprenons à ne pas oublier l’attitude des gens de bien et de mérite avec nous – même si cette personne est décédée ou mécréante – parmi ces exemples, citons :
La loyauté avec son épouse Khadija (qu’Allah soit satisfait d’elle) :
La mère des croyants, Khadija (qu’Allah soit satisfait d’elle), tout au long de sa vie avec le Prophète (), aura été l’exemple d’une bonne épouse vertueuse. Une épouse qui aide son mari à supporter les difficultés de la vie, le soutient matériellement et moralement. Elle a eu un grand impact dans sa vie. Et elle bénéficiera d’une grande récompense et d’un haut rang auprès d’Allah. Durant le reste de ses jours, le Prophète () n’aura de cesse de mentionner le bien qu’elle lui a fait. Il énumérera les positions qu’elle a prises pour lui, il la mentionnera en bien et ne se lassera jamais de la louer, d’invoquer en sa faveur, d’honorer sa famille, ses proches et ses amies – après sa mort -. Tout cela par bonté envers elle. Et ceci fait partie de la loyauté envers son épouse. Ibn Al-‘Arabî a dit : Le Prophète () a bénéficié de Khadija sur plusieurs plans. Son avis, son argent, son soutien. Il était donc bienveillant à son égard durant sa vie et après sa mort. En sa présence et en son absence. Il a fait après sa mort ce qu’il savait qu’elle aurait apprécié si elle avait été vivante.
Son autre épouse, la mère des croyants Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle), avait constatait qu’il mentionnait souvent Khadija (qu’Allah soit satisfait d’elle). Aicha dit : Je n’ai jamais été jalouse d’une épouse du Prophète () comme je l’ai été de Khadija. Elle est morte avant qu’il ne se marie avec moi. C’est parce qu’il n’avait de cesse de parler d’elle. Rapporté par Boukhari. Et dans une version : Comme s’il n’y avait pas d’autre femme sur terre que Khadija. Ce à quoi le Prophète () répondit : Elle était ceci et cela, et j’ai eu d’enfants qu’avec d’elle.
Alors que le Prophète () se trouvait chez Aicha, une vieille femme arriva. Elle s’appelait Umm Zufar. C’était la coiffeuse de Khadija (qu’Allah soit satisfait d’elle). En la voyant, il lui dit : Qui es-tu ? Elle se présenta : Je suis Juthâma Al-Muznia. Mais il rétorqua : Tu es plutôt Hassâna Al-Muznia. Comment allez-vous ? Vous allez bien ? Comment ça va depuis le temps ? Elle dit : Très bien, Je donnerais mes parents en rançon pour vous ô messager d’Allah. A peine était-elle sortie qu’Aicha réagit : Messager d’Allah tu abordes cette vieille de cette façon ? Il se justifia : Elle nous rendait visite du temps de Khadija et la loyauté fait partie de la foi. Rapporté par Al-Hâkim.
Al-Nawawi a dit : Ces hadiths sont la preuve de sa loyauté et qu’il préservait l’amitié et donnait du respect aux personnes avec lesquelles il avait vécu, qu’elles soient vivantes ou mortes. Il honorait également les connaissances de ces personnes.
Anas ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte : Quand on amenait quelque chose au Prophète () il disait : Amenez-le à unetelle, c’était une amie de Khadija. Amenez-le à telle famille, car ses membres aimaient bien Khadija. Rapporté par Al-Hâkim. Jugé bon par Al-Albânî.
Dans un hadith de Boukhari : Si le Prophète () égorgeait un mouton, il en offrait aux amies de Khadija. Ibn Battâl explique : Dans ce hadith, la loyauté s’est manifestée en offrant de la viande aux voisins de Khadija et à ses connaissances. Cela pour veiller au lien qui les unissait et par loyauté. Il invoquait beaucoup en sa faveur après sa mort. Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) rapporte : Quand on mentionnait Khadija, le Prophète () ne se lassait jamais de dire du bien d’elle et d’implorer le pardon en sa faveur. Rapporté par Al-Tabarânî. L’imploration du pardon et les invocations en faveur du défunt est ce qu’on peut lui offrir de mieux. C’est une preuve d’amour et de loyauté. C’est un des aspects de la loyauté due aux amis, ceux qui ont des droits sur nous et des mérites.
Sa loyauté avec Abou Bakr le véridique :
Le Prophète () n’a pas oublié le mérite de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) et les positions remarquables qui étaient les siennes. Il dit : Personne ne nous a fait une faveur sans que nous l’ayons compensé en retour. Hormis Abou Bakr. Il nous a fait des faveurs qu’Allah récompensera le Jour de la Résurrection. Jamais des biens m’ont été aussi utiles que ceux d’Abou Bakr. Et si je devrais prendre quelqu’un pour ami intime, j’aurais choisi Abou Bakr. Rapporté par Tirmidhi. Ibn Hajar a dit : C’est un immense mérite pour Abou Bakr que personne d’autre ne partage avec lui.
Sa loyauté avec les mécréants Al-Mut’im ibn ‘Adî, Abou Al-Boukhtarî et bien d’autres :
A son retour de Tâ’if, le Prophète () était triste et préoccupé parce que ses habitants s’étaient détournés de son appel et lui avaient causé du tort. Il préféra donc entrer dans la Macque sous la protection d’un de ses notables, surtout que Quraych étaient résolu à ne pas le laisser revenir à la Mecque. Il n’avait donc même plus de lieu où trouver refuge ni personne pour le protéger. Il entra donc à la Mecque sous la protection de Al-Mut’im ibn ‘Adî qui était mécréant.
Ibn Al-Qayyim relate les faits : Zayd lui dit : Comment peux-tu entrer dans la Mecque alors que ses habitants t’en ont chassé ? Mais il rétorqua : Ô Zayd, Allah fera de ce que tu vois une source de joie et une issue. Allah fera triompher Sa religion et donnera le dessus à Son prophète. Arrivé à la Mecque, il envoya un homme de Khuzâ’a solliciter la protection de Mut’im ibn ‘Adî pour entrer à la Mecque. Le message était : Puis-je entrer à la Mecque sous ta protection ? Il répondit : Oui. Mut’im convoqua ses fils et les membres de sa tribu et dit : Revêtez vos armures et prenez vos armes. Positionnez-vous aux quatre coins de la Ka’ba. Je viens d’accorder ma protection à Mohammed. Le Messager d’Allah () entra donc à la Mecque en compagnie de Zayd ibn Hâritha jusqu’à ce qu’il arrive à la mosquée sacrée. Mut’im se tint debout sur sa monture et s’écria : Ô assemblé de Quraych ! J’ai accordé ma protection à Mohammed. Qu’aucun de vous ne l’attaque.
Ibn Al-Athîr a dit : Al-Mut’im ibn ‘Adî s’était équipé de ses armes avec ses fils et ceux de son frère. Une fois entrés dans la mosquée, Abou Jahl lui dit : C’est toi qui lui accordes ta protection ou tu suis les ordres de quelqu’un ? Non, c’est moi qui lui accorde ma protection répondit-il. Ce à quoi se résigna Abou Jahl en disant : Nous accordons la protection à qui tu l’accordes.
Et bien que de Mut’im soit mort mécréant, et que la protection qu’il accorda au Prophète () avait des raisons historiques et d’autres liées à la nature des relations entre tribus et faisaient partie de leurs usages, il n’en reste pas moins que le Prophète () lui en a toujours été reconnaissant bien qu’il soit mort mécréant. Le jour de la bataille de Badr, il dit au sujet de certains prisonniers polythéistes : Si Al-Mut’im ibn ‘Adî était vivant et qu’il intercédait auprès de moi en faveur de ces prisonniers, je les aurais laissés pour lui. Rapporté par Boukhari. Et dans la version de Abou Daoud : Je les aurais libérés. Ibn Hajar a dit : Cette attitude à son égard est due à une des faveurs de Mut’im à l’égard du Prophète (). Soit celle qui concerne la protection qu’il lui accordé pour qu’il puisse entrer à la Mecque en sécurité le jour où il revenait de Tâ’if. Ou alors, parce que Mut’im fit partie de ceux qui avaient participé avec le plus d’ardeur à annuler le pacte de la Sahîfa que les Quraych avaient écrit contre les Bani Hâshim et les musulmans qui étaient avec eux alors qu’ils étaient persécutés et cernés dans l’une des vallées de La Mecque.
Pour ce qui est de sa loyauté avec Abou Al-Boukhtarî qui était dans les rangs des polythéistes le jour de la bataille de Badr, le Prophète () avait interdit de le tuer. On peut lire dans les livres Al-Sîra Al-Nabawiyya de Ibn Hishâm et Dalâ’il Al-Nubuwwa de Al-Bayhaqî que le Prophète () a dit : Quiconque rencontre Abou Al-Boukhtarî qu’il ne le tue pas. Al-Bayhaqî relate les propos d’Ibn Ishâq : Il a interdit qu’on le tue parce qu’il était, de tous les habitants de la Mecque, de ceux qui contribuaient le plus à ce qu’il n’arrive rien au Prophète (). Il ne lui causait aucun tort. Le Prophète () n’entendait jamais rien à son sujet qu’il répugnait. De plus, Abou Al-Boukhtarî était de ceux qui avaient contribué à faire annuler le pacte de la Sahîfa qui visait à boycotter les musulmans.
La biographie prophétique avec ce qu’elle contient de hadiths et de positions prises par ses antagonistes nous apprend que le musulman devrait se souvenir des mérites et de la bonne attitude des gens qui se sont bien comportés avec lui. Et ce, même si les gens en question sont mécréants. On ne doit pas oublier comment ces gens se sont bien comportés avec nous ni nier la bonté de tous ceux qui ont bien agi. Cela fait partie de la loyauté. Et le Prophète () a dit : La loyauté fait partie de la foi.