Les Å“uvres du Ramadan, entre acceptation et rejet

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 Les œuvres du Ramadan, entre acceptation et rejet 

 

Le mois de Ramadan s’en est allé avec son étendard, la saison est finie, le temps imparti s’est écoulé alors que nous avions trente jours qui furent le lieu de concurrence des fidèles qui rivalisaient en œuvres pieuses, où les bienfaisants agissaient de leur mieux, où les âmes étaient habituées aux actes de mérite, à s’éduquer aux actes les plus honorables, à s’élever au-dessus de toute bassesse, au-delà de toute faute, à s’évertuer à emprunter le droit chemin et la voie droite. 

Le mois de Ramadan est fini, il fait partie du passé. Le marché dans lequel se tenait le commerce des œuvres pieuses s’en est allé auprès d’Allah, chargé des œuvres des fidèles qui témoigneront en leur faveur ou à leur charge en fonction de ce qu’ils y ont accompli. Si seulement je pouvais savoir qui sont ceux dont les œuvres sont acceptées que je puisse les féliciter, et de qui elles sont rejetées que je puisse les consoler ? 

Le mois de Ramadan est parti en laissant derrière lui deux catégories de gens : les gagnants et les perdants. Les gagnants sont ceux qu’Allah a permis de réaliser des actes d’obéissance, de L’adorer comme il se doit, d’aspirer vers Allah en répondant à l’appel de Son obéissance, alors que le héraut s’écriait dans le ciel :  Ô toi qui cherches le bien, avance.  Il s’est donc efforcé d’accomplir des actes d’adoration, et Allah l’a comblé en acceptant ses œuvres, ce qui est encore plus important que les œuvres elles-mêmes.  

Les perdants sont ceux qui ont passé leur temps à jouer et se distraire, à dormir et se prélasser, sans avoir rendu à Allah ce qui Lui revient de droit, sans avoir respecté ce qui est sacré. Ainsi en est-il de ceux qui ont été négligents tous les jours de ce mois, plongé dans des rêves, pleins de faux espoirs, tout en ajournant ce qu’il devait faire, le remettant à plus tard, en négligeant les actes qu’il était censé faire. Mais encore plus perdant que ce dernier est celui qui s’est fatigué et épuisé alors que son intention était malsaine et son for intérieur corrompu. Il n’a pas accompli ses actes sincèrement pour Allah. Il en est de même, voire pire, celui qui fut imbu de sa personne, trompé par ses efforts et ses œuvres, rappelant à Allah ses actes d’adoration, s’en vantant auprès de son Seigneur. Allah les a donc rejetés. Nous nous réfugions auprès d’Allah pour qu’Il ne nous abandonne pas. 

La peur que nos œuvres ne soient pas acceptées : 

Les messagers avaient pour habitude d’accomplir leurs actes de culte à la perfection tout en craignant qu’ils soient rejetés. Ils avaient également l’habitude d’insister auprès d’Allah et Lui demander qu’Il accepte leurs œuvres. 

Ibrahim, , et son fils Isma’îl, construisent la grandiose Maison d’Allah, sur la terre la plus éminente et la plus aimée d’Allah. Ceci sur ordre d’Allah, ils élevaient les bases de la Maison tout en invoquant Allah qu’Il accepte leur œuvre : 

 Au moment où ils établissaient les fondations du Sanctuaire, Abraham et Ismaël priaient : Veuille, Seigneur, accepter cette œuvre de notre part ! Tu es, en vérité, Celui qui entend tout et sais tout. (Coran 2/127). 

Wahb ibn Al-Ward lisait ce verset et pleurait en disant :  Ô toi ami intime du Miséricordieux ! Tu élèves les piliers de la Maison sacrée et tu as peur qu’Allah n’accepte pas ton œuvre ?  

La femme de ‘Imrân fait le vœu de mettre son enfant qu’elle porte au service de la maison d’Allah, le temple de Jérusalem, et invoque Allah en ces termes : 

La femme d’Imrân dit un jour : Je Te voue, Seigneur, l’enfant que je porte en mon sein. Veuille l’accepter de ma part, Toi qui entends tout et sais tout ! (Coran 3/35). 

Ibn Mas’oud a dit:  Il m’est préférable de savoir qu’Allah a accepté une seule de mes œuvres plutôt que d’avoir autant d’or que peut en contenir toute la terre.  

Abu Al-Dardâ’ a dit :  Il m’est préférable d’avoir la certitude de savoir qu’Allah a accepté une seule de mes prières plutôt que de posséder ce bas monde et tout ce qu’il contient, parce qu’Allah a dit : Allah n’accepte que les œuvres de ceux qui Le craignent. (Coran 5/27).  

Et Allah a décrit Ses fidèles croyants en ces termes : 

Quant à ceux qui sont remplis de crainte envers leur Seigneur et croient fermement en Ses signes et aux versets qu’Il a révélés, ceux qui se gardent de Lui associer de fausses divinités et accomplissent de bonnes œuvres tout en appréhendant de comparaître devant leur Seigneur sans avoir suffisamment œuvré pour être sauvés, voilà ceux qui s’empressent vers les bonnes actions qu’ils sont les premiers à réaliser. (Coran 23/57-61). 

Ainsi, l’imam Ahmad rapporte, d’après ‘Aïcha, que celle-ci interrogea le Prophète (Salla Allah Alaihi wa Sallam) en ces termes :  Messager d’Allah ! Le verset : et accomplissent de bonnes œuvres tout en appréhendant de comparaître devant leur Seigneur sans avoir suffisamment œuvré pour être sauvés (Coran 23/60). Concerne-t-il ceux qui volent et consomment de l’alcool ?” Le Prophète répondit : “Non, fille d’Abou Bakr ! Fille d’As-Siddîq ! Il concerne ceux qui prient, jeûnent et font l’aumône tout en craignant que leurs œuvres ne soient pas acceptées.  Voilà ceux qui s’empressent vers les bonnes actions. .  

Dans son livre Tuhfat Al-Ahwadhî bi Sharh Jâmi’ Al-Tirmidhî, Al-MubârakFûrî a dit :  Il s’agit de ceux qui ont donné des aumônes et accompli des œuvres pieuses et ressentent malgré tout dans leurs cœurs la peur que leurs actes ne soient pas acceptés.  

Les signes et les causes de l’acceptation des œuvres  

L’acceptation des œuvres est une chose qu’Allah a dissimulée pour que les cœurs n’aient de cesse de craindre que les œuvres du fidèle ne soient pas acceptées. Allah a laissé la porte du repentir ouverte de sorte que les cœurs ne perdent pas espoir. Allah a fait en sorte que les dernières œuvres du fidèle soient la marque de leur acceptation de sorte que personne ne méprise son prochain, quelles que soient ses œuvres. Et de sorte que personne ne fasse preuve de vanité au vu de ce qu’il a œuvré.  

Malgré cela, il existe des signes qui sont autant d’indications pour déterminer si les œuvres sont acceptées. Certains de ces signes précèdent les œuvres, d’autres leur succèdent : 

Avant les œuvres : 

Veiller à l’accomplir exclusivement pour Allah, avec l’intention la plus sincère avec la volonté de satisfaire Allah le Très Haut, le Tout Puissant, qu’Il soit glorifié. 

Puis, insister auprès d’Allah afin qu’Il accepte nos œuvres et en soit satisfait, et qu’Il ne les rejette pas. Frapper à la porte du Seigneur afin qu’Il accepte les œuvres comme cela est rapporté des Salafs qui invoquaient Allah six mois durant après le Ramadan pour qu’Il accepte les œuvres qu’ils y avaient accomplies. 

Après les œuvres : il existe des signes d’acceptation des œuvres après qu’elles ont été réalisées. Parmi ces signes : 

S’empresser d’accomplir de bonnes actions, obéir avec légèreté, sans ressentir que cela soit pesant, mais en aimant le faire et en aimant ceux qui accomplissent de bonnes actions en s’y adonnant avec plaisir et facilité. 

Être dans une situation meilleure après l’acte d’obéissance qu’avant. Soit, que ta situation après le Ramadan soit meilleure que celle qui était la tienne avant et non pas durant le Ramadan. En effet, durant le mois de Ramadan, le contexte nous oblige à accomplir des actes d’obéissance et on est aidé à mettre en œuvre les moyens pour ce faire, ce qui n’est pas le cas dans d’autres mois. Le fidèle serait dans un état meilleur après qu’avant le Ramadan à titre de signe de l’acceptation des actes d’obéissance. ‘Atâ’ a dit :  Celui qui trouve le fruit de ses actes en ce monde, alors c’est un signe qu’ils seront acceptés dans l’au-delà.  

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