Bienheureux qui a pu vivre ce mois de Ramadan et s’est repenti au Miséricordieux
Parmi les plus grands bienfaits dont Allah a comblé Ses serviteurs, Il leur a ouvert la porte du repentir, leur a ordonnés de l’emprunter et les y a incités. Il leur a promis d’accepter leur repentir et de pardonner leurs péchés aussi grands et nombreux soient-ils. Ceci par miséricorde et compassion envers eux. Allah, exalté soit-Il, dit :
Dis : Vous, mes serviteurs qui avez péché contre vous-mêmes. Ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah qui, en vérité, pardonne tous les péchés. C’est Lui en effet le Très Clément, le Très Miséricordieux. (Coran 39/53).
Ibn Kathir explique : Ce noble verset est une exhortation adressée à tous les pécheurs, mécréants ou croyants, afin qu’ils se repentent et retournent à Allah. En effet, Allah pardonne tous les péchés de ceux qui s’en repentent et y renoncent, quelles que soient leur gravité et leur quantité même s’ils devaient être aussi important que l’écume de la mer. Néanmoins, il serait faux d’affirmer, ce verset à l’appui, que les péchés sont tous pardonnés, même sans repentir. En effet, le polythéisme reste un crime irrémissible pour celui qui ne s’en repent pas.
Allah a fait du repentir et du retour à Lui un refuge sûr vers lequel peut se diriger le pécheur en reconnaissant ses forfaits et en regrettant ses actes. Il pourra y trouver ce qui changera sa vie et passer du malheur et des ténèbres des péchés à la lumière et au bonheur du repentir et de l’obéissance. C’est pour cela qu’Allah a intimé l’ordre aux croyants de se repentir, Il dit :
Et repentez-vous tous devant Allah, Ô croyants, afin que vous récoltiez le succès . (Coran 24/31).
Al-Sa’dî explique : Il n’y a de chemin vers le bonheur et le salut que par le repentir. Il s’agit de revenir sur tous les actes qu’Allah déteste, intérieurement et extérieurement, pour se diriger vers les actes qu’Il aime intérieurement et extérieurement. Ce qui le prouve est que tout croyant a besoin de se repentir puisqu’Allah les a tous interpellés pour ce faire.
Il est aussi connu qu’un des plus grands bienfaits d’Allah sur Ses serviteurs est de leur avoir permis de vivre jusqu’au Ramadan. Allah a préféré ce mois béni sur tous les autres mois et jours de l’année. C’est un mois durant lequel descendent les bénédictions, les péchés et les fautes sont pardonnés, les récompenses et les bonnes actions sont décuplées, les portes du Paradis ouvertes et celles de l’Enfer fermées. En ce mois, Allah affranchit Ses serviteurs de l’Enfer.
Le Prophète () annonçait à ses compagnons la bonne nouvelle de l’arrivée du mois de Ramadan au vu de ce qu’il contient de bien, de mérites et de bénédictions immenses. Il disait : Voici venu le mois de Ramadan, c’est un mois béni, Allah vous a imposé de le jeûner. Les portes du Paradis y sont ouvertes, celles de l’Enfer fermées… il y a en ce mois une nuit meilleure que mille mois. Celui qui est privé de son bien est privé de d’un bien immense. Rapporté par Al-Nassâ’î.
De nombreux hadiths authentiques ont été rapportés au sujet du mois du Ramadan. Ils mettent en évidence ses mérites et ce qu’il contient de biens, de miséricorde, de mérites, de bénédictions. Ainsi, le musulman attend ce mois avec impatience et enthousiasme. Il est heureux et se réjouit de le voir arriver. Il l’accueille comme il se doit et s’y prépare en se repentant sincèrement. Il est résolu à y faire des efforts et des actes d’adoration de façon à ce que le bien et les mérites de ce mois le recouvrent. Il ferait ainsi partie des gens dont les œuvres sont acceptées, de ceux qui ont réussi et des grands gagnants.
Et en raison du haut rang du mois de Ramadan et ce qu’il contient de bien et de bénédiction, et du fait qu’il permette à des serviteurs d’être affranchis de l’Enfer, le Prophète () a dit Amîn aux invocations de l’ange Gabriel qui demandait que soit exclue de la miséricorde divine toute personne qui a pu vivre jusqu’au Ramadan tout en persistant dans le péché et sans se repentir, sans exploiter le temps imparti pour obéir au Seigneur et L’adorer. Ceci comme il a été rapporté dans le hadith de Jâbir ibn Samura, le Prophète () a dit : Djibril est venu et m’a dit : Ô, Mohammed, celui dont l’un de ses deux parents atteint la vieillesse et meurt sans s’être occupé, puis meurt et rentre en enfer, qu’Allah l’éloigne ! Dis Amîn. Je dis donc Amîn. Djibril poursuit : Ô, Mohammed, celui qui vit le mois de Ramadan et meurt sans s’être fait pardonner et rentre en enfer, qu’Allah l’éloigne ! Dis Amîn. Je dis donc Amîn. Il dit ensuite : celui devant qui ton nom est mentionné et qui, en dépit de cela, ne prie pas sur toi, meurt et rentre en enfer, qu'Allah l'éloigne ! Dis Amîn. Je dis donc Amîn. Rapporté par Al-Tabarânî et jugé authentique par Al-Albânî.
Ce hadith prophétique comprend une invocation pour que soit touché d’humiliation et de perdition quiconque a des parents qui atteignent l’âge de la vieillesse sans s’efforcer d’être bon envers eux. Et quiconque vit le mois de Ramadan sans se repentir et s’efforcer d’obéir à Allah et de L’adorer jusqu’à la fin du mois sans se faire pardonner. Et aussi quiconque devant qui est mentionné le nom du Prophète () sans qu’il ne fasse son éloge.
Dans son ouvrage Al-Kâshif ‘An Haqâ’îq Al-Sunan, Al-Tîbî a dit : Ainsi en est-il du mois de Ramadan, c’est un mois vénéré : C’est au mois de Ramadan que fut révélé le Coran dont les enseignements indiquent clairement aux hommes la voie du salut en leur permettant de discerner le vrai du faux. (Coran 2/185). Que celui qui a l’opportunité de le vénérer en priant les nuits avec foi et en espérant la récompense alors Allah le vénérera. Et celui qui ne vénère pas ce mois alors Allah l’humiliera.
Et quelles perdition et privation plus grande que de faire partie de ceux visés par les propos du Prophète () : Honni soit celui qui a vu le mois de Ramadan débuter et s’écouler avant de s’être fait pardonner. Rapporté par Tirmidhi. Ainsi, celui qui persiste à commettre des péchés durant le Ramadan sans se repentir et revenir vers Allah, il mérite ce que l’ange Gabriel a dit dans son invocation.
Et ceci n’est pas dû à autre chose qu’il y a bien plus de raison qui nous appelle à faire le bien durant ce mois béni. Et qu’à l’opposé, toutes les raisons qui nous appellent à faire du mal durant ce mois sont bien plus faibles. Le mois de Ramadan réunit des mérites et du bien comme ce n’est pas le cas des autres mois et jours de l’année. C’est la saison du pardon des péchés et de l’expiation des fautes. Le mois où sont ouvertes les portes du paradis et celles de l’enfer fermées. Le mois où un héraut appelle : ‘’ô, toi qui aspires au bien, arrive ! Ô, toi qui aspires au mal, arrête-toi.’’ Durant ce mois, Allah affranchit des gens de l’enfer. Et ce, chaque nuit. Selon Abou Horayra, le Prophète () a dit : Lorsque débute la première nuit du mois de Ramadan, les démons sont enchaînés les portes du paradis sont ouvertes et aucune d’entre elles n’est fermée, les portes de l’enfer fermées et aucune d’entre elles n’est ouverte. Un héraut appelle : ‘’ô, toi qui aspires au bien, avance ! Ô, toi qui aspires au mal, récule.’’ Durant ce mois, Allah affranchit des gens de l’enfer. Et ce, chaque nuit. Rapporté par Ibn Mâjah.
En conséquence, ceux qui sortent du mois de Ramadan comme ils y sont entrés, en commettant des péchés, sans que ce mois ne laisse la moindre trace d’obéissance à Allah et d’envie de Lui obéir, ni de délaisser les péchés et les fautes, ceux-là sont les vrais perdants qui sont privés de son bien puisqu’ils n’ont en rien profité de ce mois. Et si Allah a invité Ses serviteurs à se repentir sincèrement dans tous les moments de l’année, alors le faire durant le Ramadan l’est encore davantage puisque c’est le mois du recueillement, du pardon des fautes, de l’affranchissement de l’enfer puisque chaque nuit de ce mois, Allah affranchit des serviteurs de l’enfer. Et si le fidèle ne se repent pas durant le Ramadan, quand est-ce qu’il se repentira ?
Le véritable perdant est celui qui aura vécu le mois de Ramadan sans s’être repenti au miséricordieux, sans s’être efforcé de L’avoir adoré, sans avoir pris soin ni s’être empressé d’y avoir accompli des actes d’adoration et des actes de bien… Al-Hasan a dit : Allah a fait du mois de Ramadan une compétition entre Ses serviteurs durant lequel ils se concurrencent par les actes d’adoration pour gagner Sa satisfaction. Ceux qui sont arrivés en premier ont gagné et ceux restés en arrière ont perdu. Il est bien étonnant de voir des gens jouer et rigoler le jour où les bienfaisants ont gagné leur salut et les malfaisants ont tout perdu.
Enseignements :
-1 : le repentir sincère efface les fautes et les mauvaises actions aussi graves et nombreuses soient-elles. Allah ne considère aucun péché trop grand pour ne pas le pardonner. Au contraire, par Sa grâce, Allah remplacera les péchés par de bonnes actions. Allah dit au sujet des qualités des fidèles croyants :
Ceux qui n’invoquent pas d’autre divinité qu’Allah, n’enlèvent pas sans droit la vie qu’Allah a rendue sacrée et ne se livrent pas à la fornication. Ceux qui commettent de telles actions devront en subir la sanction. Leurs tourments seront redoublés le Jour de la résurrection. Voués à les subir éternellement, ils seront couverts d’humiliation. À l’exception de ceux qui se repentent, retournent à la foi et accomplissent de bonnes œuvres, dont Allah remplacera les péchés par de bonnes actions. Allah est Très Clément et Très Miséricordieux. (Coran 25/68-70).
Al-Tabarî explique l’expression ‘’ remplacera les péchés par de bonnes actions’’ : Ce sont les fidèles qui avant d’adhérer à la foi avaient commis de mauvaises actions. Allah les a dissuadés d’en commettre davantage et les a remplacées par de bonnes actions en lieu et place de leurs mauvaises.
Al-Sa’dî explique cette même expression ainsi : Les mauvaises paroles et les mauvais actes qu’ils s’apprêtaient à commettre se transforment en bonnes actions. Leur polythéisme en foi, leurs péchés en actes d’obéissance. Les mêmes fautes et les mêmes péchés pour lesquels ils se sont repentis se transforment en bonnes actions comme cela est le sens premier du verset.
Et dans le hadith Qodsi, Allah dit : Mes serviteurs ! Vous péchez nuit et jour. Or, Je pardonne tous les péchés. Demandez-Moi donc l’absolution et Je vous l’accorderai. Rapporté par Mouslim.
Et dans un autre hadith Qodsi, Allah dit : Fils d’Adam ! Tant que tu M’imploreras en espérant Mon pardon, Je te pardonnerai, peu M’importent tes péchés. Fils d’Adam ! Peu M’importe si tes péchés atteignent le ciel, Je te pardonnerai, pour peu que tu implores Mon pardon. Fils d’Adam ! Si tu Me rencontrais avec le contenu de la terre comme péchés, mais sans rien M’associer, Je t’accueillerais avec le contenu de la terre en pardon. Rapporté par Tirmidhi.
-2 : Le mois du Ramadan est la plus grande saison du repentir et du pardon des péchés, et de l’affranchissement de l’enfer.
D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : Les cinq prières quotidiennes et la prière du vendredi à la suivante effacent les péchés commis entre elles, excepté les grands péchés. Rapporté par Mouslim.
Selon Abou Umâma, le Prophète () a dit : À chaque rupture du jeûne, Allah affranchit des serviteurs de l’enfer. Et ce, chaque nuit. Rapporté par Ahmad.
Le Prophète () a dit : Quiconque jeûne le mois de Ramadan avec foi et espoir en la récompense verra ses péchés antérieurs effacés. Rapporté par Boukhari.
Le Messager d’Allah () a dit : Quiconque passe les nuits de Ramadan en prière, avec foi et espoir en la récompense, verra ses péchés antérieurs effacés. Mouslim.
Le Prophète () a dit : Quiconque passe la Nuit des décrets divins en prière, avec foi et espoir en la récompense, verra ses péchés antérieurs effacés. Boukhari et Mouslim.
-3 : Pour que le repentir soit valide et accepté, il doit réunir des conditions.
La première : que le repentir soit fait sincèrement en vue de satisfaire Allah et pour rien d’autre.
La deuxième : que le repentir soit fait avant le délai imparti, c'est-à-dire avant que le soleil ne se lève de son couchant, car s’il se lève de là où il est censé se coucher, le repentir ne sera d’aucune utilité. Allah, exalté soit-Il, dit : Or, le Jour où se manifesteront certains signes de ton Seigneur, la profession de foi du mécréant ne lui sera d’aucune utilité, de même que le croyant qui aura manqué à ses devoirs ne tirera aucun profit de son repentir. (Coran 6/158). Le repentir doit être fait avant que l’âme n’atteigne la gorge du fidèle au moment de sa mort. En effet, comme il est dit dans le hadith : Allah Tout-Puissant accepte le repentir de Son serviteur tant que celui-ci n’est pas à l’agonie.
La troisième : s’abstenir de commettre le péché puisqu’il n’est pas possible qu’un fidèle prétende se repentir et qu’il persiste en même temps à commettre le péché dont il est censé se repentir.
La quatrième : regretter son acte. Le regret est le plus grand pilier du repentir.
La cinquième : être résolu à ne plus commettre ce péché à l’avenir.
La sixième : restituer les droits de chacun et se décharger de toute responsabilité, si ce péché est en lien avec les droits d’autrui.
Le mois de Ramadan est à l’image d’une couronne sur la tête du temps. Les compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, une fois avoir appris les mérites et l’importance de ce mois, invoquaient Allah durant six mois afin qu’Allah leur permette de vivre jusqu’au prochain Ramadan. Puis ils invoquaient Allah encore six mois pour qu’Il accepte les œuvres qu’ils y avaient accomplies… Le mois de Ramadan est une occasion en or. Et il se peut que cette occasion ne se représente pas puisque la mort arrive de façon soudaine. Que le fidèle en profite pour ouvrir une nouvelle page pour se repentir et agir avec rectitude, obéir à Allah et L’adorer avec assiduité. C’est le mois durant lequel celui à qui est fait miséricorde en bénéficiera pleinement. Et celui qui en aura été privé l’aura été pleinement. Nous devrions nous empresser de nous repentir à Allah sincèrement… Bienheureux soit celui qui a pu vivre jusqu’au mois de Ramadan et s’est repenti à son Seigneur. À l’opposé, quelle perte pour celui qui, ayant pu vivre jusqu’au Ramadan, ne s’est pas repenti à Allah, a persisté à commettre des péchés et des fautes, et ne s’est pas empressé d’y accomplir des actes d’adoration et des œuvres de bien, et qui une fois le Ramadan fini, ne s’est pas fait pardonner ses péchés.