L’intercession pour accéder au Paradis
Nous allons consacrer cet article de la série des œuvres du Paradis au sujet de l’intercession qui permettra d’accéder au Paradis. Et avant de rappeler les hadiths à ce sujet, nous allons mentionner les différents types d’intercession puisque la plupart d’entre elles concernent l’entrée au Paradis. Que ce soit pour l’ensemble de ces habitants ou certaines personnes en particulier.
La première catégorie : l’intercession spécifique : Seul le Prophète () aura droit à ce type d’intercession à l’exclusion de tout autre personne. Elle se divise en quatre :
1 : La plus grande intercession : celle qui fait partie du Al-Maqâm Al-Mahmûd, c’est à dire du plus haut rang d’honneur qui ne revient qu’à un seul homme et qu’Allah lui a promis dans ce verset : Interromps ton sommeil la nuit pour réciter le Coran au cours de prières surérogatoires pour toi afin que ton Seigneur t’élève, le Jour de la résurrection, à un rang d’honneur. (Coran 17/79).
Cette intercession correspond au moment où il intercédera pour l’ensemble des êtres humains lorsqu’Allah retardera les comptes et que les gens trouveront le temps vraiment long sur le lieu de leur rassemblement le jour de la résurrection. Ils seront peinés et angoissés et ne pourront plus le supporter. Ils diront : Qui peut intercéder auprès de notre Seigneur afin qu’il juge entre les gens. Ils espéreront pouvoir se rendre dans un autre lieu. Certains iront voir des prophètes mais chacun d’eux dira : Ce n’est pas à moi de le faire. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’ils aillent demander à notre Prophète () qui dira : C’est à moi qu’il revient de le faire. C’est à moi qu’il revient de le faire. Il intercédera pour que le jugement entre les gens soit rendu. C’est cela la plus grande des intercessions et c’est une des spécificités de notre Prophète ().
Les hadiths mentionnant cette intercession sont légion. Certains sont mentionnés dans les recueils de Boukhari et Mouslim mais aussi dans d’autres recueils. L’un d’eux l’est par Boukhari (1748) selon Ibn Omar, qu’Allah soit satisfait de lui : Le jour de la résurrection, des gens seront sur leurs genoux. Chaque nation suivra son prophète et dira : ô untel, intercède pour nous. On demandera à chacun d’eux jusqu’à ce qu’on finisse par solliciter notre Prophète () et c’est à cela que correspond le jour où il sera élevé, le jour de la résurrection, à un rang d’honneur.
2 : la deuxième sorte d’intercession spécifique au Prophète (). Il s’agit de son intercession pour que les habitants du Paradis puissent y entrer :
Dans le recueil de Mouslim, selon Anas ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : Je me présenterais devant la porte du Paradis le jour de la résurrection et demanderai à ce qu’on l’ouvre. Le gardien dira : Qui es-tu ? Je dirais : Je suis Mohammed. Il dira alors : J’ai reçu l’ordre de n’ouvrir cette porte à personne avant toi. Mouslim (333)
3 : la troisième sorte d’intercession spécifique au Prophète (). Il s’agit de son intercession pour son oncle Abu Tâlib afin que le supplice du feu qu'il subira soit réduit :
Selon Abu Said Al-Khudri, on a évoqué devant le Prophète () son oncle Abu Talib et il dit : J’espère que mon intercession lui sera bénéfique le jour de la résurrection et qu’il sera déplacé dans un endroit peu fond de l’Enfer où le feu atteindra ses chevilles provoquant le bouillonnement de son cerveau. (Rapporté par Boukhari et Mouslim).
Dans une version de Al-Abbâs ibn Abd Al-Muttalib, qu’Allah soit satisfait de lui, il dit au Prophète () : Comment as-tu pu être utile à ton oncle ? Par Allah, il t’a protégé et s’est mis en colère pour toi. C’est lui qui disait : Par Allah je ne les laisserai pas te faire du mal tous autant qu’ils sont, jusqu’à ce que je sois sous terre. Ce à quoi il répondit : Il est dans un endroit peu profond de l’enfer. Et sans moi il aurait été dans les plus bas et les plus profonds degrés de l’Enfer.
4 : la quatrième sorte d’intercession spécifique au Prophète (). Il s’agit de son intercession pour que des gens de sa nation entrent au paradis sans être jugés :
Cette interprétation a été mentionnée par certains savants qui se sont appuyés pour avancer leur dire, sur ce long hadith de Abou Horayra au sujet de l’intercession dans lequel il est dit :
Puis on me dira : “Mohammed ! Relève la tête et demande ce que tu désires, rien ne te sera refusé, intercède en faveur de qui tu veux, tu seras exaucé”. Je lèverai alors ma tête et dirai : “Ma nation, Seigneur ! Ma nation, Seigneur !” On me dira : “Mohammed ! Fais entrer ceux de ta nation qui n’ont pas de compte à rendre par la porte droite du Paradis et ils entreront également par les autres portes avec le reste des élus du Paradis”. (Rapporté par Boukhari et Muslim).
Ce type d’intercession est spécifique au Prophète (). Qu’Allah fasse en sorte que nous et vous soyons de ceux qui en bénéficient. Et ceux qui seront les plus heureux pour bénéficier de son intercession sont ceux qui diront la formule : il n’y a de divinité en droit d’être adoré qu’Allah, sincèrement de tout leur cœur. Alors dites-la.
Abu Horayra a dit : j’ai demandé : Ô Messager d’Allah ! Qui seront les plus heureux de bénéficier de ton intercession le jour de la résurrection ? Il dit : Je pensais bien que personne d’autre ne m’interrogerai à ce sujet avant toi comme je constate que tu es vigilant à apprendre les hadiths. Ceux qui seront les plus heureux de bénéficier de mon intercession le jour de la résurrection sont ceux qui diront la formule : il n’y a de divinité en droit d’être adoré qu’Allah, sincèrement de tout leur cœur, ou de toute leur âme.
La deuxième catégorie : l’intercession générale : Le Prophète () pourra recourir à cette intercession mais aussi tous ceux qu’Allah aura voulu parmi les anges, les prophètes, les vertueux. Cette catégorie est de plusieurs sortes :
1 : Dans le recueil de Mouslim (269), Abu Said Al-Khudri, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte : le Prophète () a dit : Par celui qui tient mon âme dans sa main, aucun d’entre vous ne supplie le Seigneur pour réclamer tous ses droits en ce monde avec plus d’ardeur que ne le feront les croyants le jour de la résurrection pour leurs frères qui seront en Enfer. Ils diront : Seigneur, ils jeûnaient avec nous, accomplissaient la prière et le pèlerinage. On leur dira : Sortez-en ceux que vous connaissez. On interdira au feu de les consumer et on sortira de l’enfer un grand nombre de gens. Puis ils diront : Seigneur, il ne reste plus personne de ceux que tu nous as ordonné d’en sortir … Allah dira : Les anges ont intercédé, les prophètes ont intercédé, les croyants ont intercédé, et il ne reste plus que le plus Miséricordieux des miséricordieux. Allah se saisira d’un groupe de gens et les sortira de l’Enfer alors qu’ils n’avaient jamais accompli la moindre bonne action.
2 : L’intercession en faveur de gens qui ont mérité l’Enfer pour qu’ils n’y entrent pas. Les savants se sont référés au hadith suivant : Il n’est pas de défunt musulman sur la dépouille duquel quarante hommes qui ne commettent pas de polythéisme accomplissent la prière funéraire sans qu’Allah accepte leur intercession en sa faveur. Mouslim (1577).
Cette intercession aura donc lieu avant qu’il n’entre en Enfer et Allah acceptera leur intercession.
3 : L’intercession pour des croyants qui ont mérité d’entrer au Paradis de façon à ce qu’ils accèdent à des degrés supérieurs. Un exemple de cela est rapporté par Mouslim, qu’Allah lui fasse miséricorde, dans un hadith (1528) où le Prophète () a dit : Ô Allah ! Veuille pardonner à Abou Salamah, élever son rang parmi ceux que Tu as bien-guidés et octroie-lui un successeur qui prendra soin de sa descendance. Veuille lui pardonner ainsi qu’à nous. Seigneur de l’univers, veuille élargir sa tombe et la remplir de lumière.
Il y a aussi l’intercession de l'enfant en faveur de ses parents. Certains savants l’ont mentionné dans leurs ouvrages et Al-Haythamî en a consacré un chapitre dans son ouvrage Ghâyat Al-Maqsad. Il y a des hadiths qui font mention du mérite de qui perd un enfant et entre au paradis grâce à lui et son intercession. Dans un de ces hadiths il est dit :
Il n’est pas de musulman qui perd trois enfants n’ayant pas atteint la puberté sans qu’Allah ne lui permette de les retrouver devant une des huit portes du Paradis et il y entrera par la porte de son choix. (Rapporté par Ibn Mâjah et jugé bon par Al-Albânî).
Et dans un autre hadith : Tout musulman qui perd trois enfants sera préservé du feu de l’Enfer, sauf ce qu'il ressent lors de la traversée du Sirât imposée à tous les gens sans exception par une sentence divine irrévocable. (Rapporté par Boukhari et Mouslim). N.T : La sentence dont il est question est mentionnée dans le verset suivant : "Il n'y a personne parmi vous qui ne passera pas par L'Enfer. C'est là une sentence irrévocable de ton Seigneur." (Coran 19/71)
Et dans un autre hadith rapporté par Mouslim, selon Abu Hassân : je dis à Abu Horayra : j’ai perdu deux garçons, pourrais-tu me dire des hadiths au sujet de la perte de proches qui pourraient me remonter le moral ? Oui, il a dit : L'enfant au Paradis rencontrera son parent – ou il a dit ses parents – et le tirera par le bout de son vêtement – ou il a dit, par la main – comme je me saisis du bout de ton vêtement. Et il ne cessera de le tirer jusqu’à le faire entrer au Paradis.
Selon Ali : le Prophète () a dit : L’enfant mort-né intercédera avec vigueur auprès d’Allah quand ses parents seront introduits en Enfer. On lui dira : ô enfant mort-né qui pour faire entrer ses parents au paradis intercède avec vigueur auprès d’Allah, fais entrer tes parents au Paradis. Il les tirera par son cordon ombilical au Paradis.
Un hadith dont l’authenticité est plus avérée que le précédent, Mu’âdh ibn Jabal a dit que le Prophète () a dit : Par celui qui tient mon âme dans sa main, l’enfant mort-né tirera sa mère par son cordon ombilical pour la faire entrer au Paradis si elle patiente en espérant être récompensé. (Rapporté par Ibn Mâjah et jugé bon par Al-Albânî).
Dans son ouvrage Fayd Al-Qadîr, Al-Munâwî a dit : Cela signifie que le mort-né essaiera d’obtenir les faveurs d’Allah pour ce faire. En expliquant l’expression avec vigueur Al-Tîbî explique : C’est une image comme celle du hadith rapporté par Boukhari et Mouslim : Lorsque Allah le Très Haut en eut terminé avec la Création, les liens du sang se levèrent et dirent : “Ceci est la place de celui qui implore Ta protection contre la rupture des liens du sang”.
Dans le hadith du mort-né, ce sont les anges qui s’adressent à l’enfant, ou éventuellement d’autres qu’eux, avec la permission du Seigneur. On dira donc à l’enfant de sortir ses parents de l’Enfer pour les faire entrer au Paradis. Son cordon ombilical sera reconstitué et ses parents s’en saisiront et le petit les tirera par ce biais. Al-Tîbî dit aussi : S’il en est ainsi d’un mort-né qui n’a pas tant d’importance affective dans la vie des parents et qu’il les sortira de l’Enfer et les tirera jusqu’au Paradis parce que le lien qui les unissait a été rompu, alors qu’en est-il de l’enfant avec lequel il y a avait une réelle proximité et qui correspond à son sang, sa chair, sa réjouissance dans cette vie, la moitié de son âme ? Et en est-il de même pour les grands parents ? Je n’ai pas connaissance de versions du hadith qui le prouvent mais la grâce d’Allah est infini.
Et dans un hadith : Il n’est pas de musulman qui perd trois enfants n’ayant pas atteint la puberté sans qu’Allah ne le fasse entrer par leur biais au Paradis, par Sa grâce et Sa miséricorde. On leur dira : Entrez au Paradis. Ils répondront : Pas avant que nos parents y soient entrés. On leur dira : Entrez au Paradis vous et vos parents. (Rapporté par Nassâ’î et jugé authentique par Al-Albânî).
Et dans un hadith : Il n’est pas de musulman qui perd trois enfants n’ayant pas atteint la puberté sans qu’Allah ne les arrête devant la porte du Paradis. On leur dira : Entrez au Paradis. Ils répondront : Pas avant que nos parents y soient entrés. On leur dira : Entrez au Paradis vous et vos parents. (Rapporté par Al-Tabrânî et jugé authentique par Al-Albânî).
Et Allah sait mieux que quiconque. Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur notre Prophète Mohammed ainsi que sur les membres de sa famille et ses compagnons.