Un divorce accompli indûment ne justifie pas le fait de penser du mal de l'Islam Fatwa No: 10205
- Fatwa Date:2-6-2014
Je suis une femme divorcée de mon mari à cause de son mauvais comportement et de la mauvaise façon dont il me traitait. Puis je me suis mariée avec un autre homme qui est déjà marié et qui a des enfants. Bien qu'il ait été incapable de satisfaire mes besoins intimes, je ne me suis pas plainte à cause de cela; j’étais satisfaite de lui et j'ai quitté mon travail pour lui ; par ailleurs j'aimais bien ses enfants, et tout ceci pour vivre avec lui dans le respect et les bons traitements mutuels. Or, tout d'un coup et sans raison valable et pour plaire à sa première femme, il a divorcé de moi. Ceci m'a tellement choquée que j'ai pensé du mal de l'Islam qui lui permet le divorce car cela porte atteinte à ma réputation aux yeux des gens qui me regardent maintenant comme une femme invivable et de mauvaises mœurs. Je voudrais une solution à mon problème.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il n'est pas permis à une femme de penser du mal de l'Islam sous prétexte qu'elle a été lésée par son mari qui a divorcé d'elle, et que c'est l'Islam qui lui a permis cela. Cette femme doit savoir que le fait de penser du mal de l'islam veut dire penser du mal d'Allah, exalté soit-Il, qui a institué cette religion et veut dire aussi penser du mal du Messager () qui l’a prêché. Sans aucun doute, cela relève de la mécréance manifeste qui fait sortir la personne de l'Islam. Il vous incombe donc d'implorer le pardon d'Allah, exalté soit-Il, et de vous repentir pour ne pas être de ceux dont Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset):
" Il en est parmi les gens qui adorent Allah marginalement. S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi (le bien) de l’ici-bas et de l’au-delà . Telle est la perte évidente " (Coran: 22/11).
Sachez qu'Allah, exalté soit-Il, a prescrit des règles permettant de réaliser de manière parfaite tous nos intérêts dans tous les domaines de notre vie.
Il est indubitable que le fait de préserver le lien conjugal est l’une des choses auxquelles Allah, exalté soit-Il, a accordé le plus grand soin pour que la famille musulmane se réunisse de manière épanouie à l'ombre de la Charia d'Allah, exalté soit-Il. C'est pour toutes ces raisons qu'Allah, exalté soit-Il, a prescrit des dispositions qui ancrent ses piliers et la protègent de la destruction. Et parmi ce qu’Allah, exalté soit-Il, a prescrit à cette fin, figure l'interdiction d'opprimer sa femme et l’obligation pour l'époux de traiter sa femme de façon convenable et d'être bienveillant avec elle; Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : " Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. " (Coran: 2/ 228). Allah, exalté soit-Il, dit aussi (sens du verset):" Et comportez-vous convenablement envers elles. " (Coran:4 / 19). Le Messager () a dit : " Soyez bienveillants envers les femmes " (Ibn Mâdjah). Le Messager () dit aussi : " Qu’un croyant ne déteste pas (son épouse) croyante. Si l'un de ses traits de caractère le rebute, un autre pourra l'attirer " (Mouslim).
Cependant, il peut arriver qu'une certaine discorde nuise à ce lien conjugal, et que le maintien de l'union du couple devienne la cause d'une injustice pour les deux époux ou pour l'un d'eux et c'est pour cette raison qu'Allah, exalté soit-Il, a autorisé le divorce comme dernière solution, à défaut d'autres solutions, pour ces problèmes.
Il faut noter que le divorce sans nécessité est détestable selon la plupart des oulémas, et certains d’entre eux, comme l'imam Ahmad selon une version rapportée de lui, ont même affirmé qu'il est illicite de le faire sans nécessité car cela porte préjudice à l'époux et à l’épouse et réduit à néant leur intérêt commun sans raison valable. Voilà la raison de cette interdiction tout comme il est interdit d’endommager des biens. Le Messager () dit : Ne faites pas de mal et ne rendez pas le mal par le mal. (Ahmed et Ibn Mâdjah). L'époux doit donc être soucieux de préserver son mariage et de craindre Allah, exalté soit-Il, en ce qui concerne sa femme qui a fait preuve d'abnégation pour lui. Il ne doit pas la délaisser sur demande de son autre épouse car il est illicite pour une femme de demander à son époux de divorcer de sa coépouse. Et s'il est possible qu'il revienne sur sa décision et récupère son épouse, il doit le faire.
S'il n'est pas possible de la récupérer par le mariage, cette femme doit enlever de sa tête la hantise lui faisant croire que les gens la regardent avec dédain. Au contraire, elle doit être forte et endurante en faisant face à la société tout en observant les bonnes mœurs et un bon comportement. C'est ainsi que les gens réaliseront que le divorce de cette femme n'est pas l'indice d'un défaut en elle, mais qu'il a eu lieu à cause de circonstances indépendantes de sa volonté. Si cette femme continue à se comporter de la sorte, elle trouvera un homme qui comprendra sa situation et se rendra compte de ses mœurs vertueuses. C'est ainsi que la vérité se manifestera à ceux qui l'entourent, même après un certain temps.
Et Allah sait mieux.