Il est permis d’entrer en état d’Ihrâm en dehors du Haram, enceinte sacrée de la Mecque, dans le but de faire une autre ‘Omra Fatwa No: 112419
- Fatwa Date:10-8-2015
Quelle sera la sentence de la Charia quand un croyant ayant l’intention d’accomplir une ‘Omra Mofrid, arrive à la Mecque, accomplit la ‘Omra, sort de l’état d’Ihrâm puis va dans la région de Tan‘îm ou à la mosquée de la Mère des Croyants ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle (pour entrer à nouveau dans l’état d’Ihrâm dans le but de faire une autre ‘Omra) ? Nous savons tous que la Mère des Croyants ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, demanda au Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) la permission d’accomplir une ’Omra après la fin de ses menstrues, alors le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui indiqua la région de Tan’îm comme Miiqât. Cette permission était-elle spécialement pour ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, ou peut-elle être appliquée aux hommes et aux femmes, ou bien s’agit-il d’une Bid’a, sachant qu’il y en a qui viennent sur cette terre sacrée, accomplissent la ‘Omra puis ensuite accomplissent vingt autres ‘Omra et font don de leurs récompenses à leurs proches et amis, est-ce permis ? Veuillez nous répondre.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
On trouve beaucoup de divergences d’avis et de controverses concernant le fait de sortir du Haram (enceinte sacrée de la Mecque) après avoir accompli une ‘Omra et après avoir quitté l’état d’Ihrâm, puis aller à Tan’îm pour entrer en état d’Ihrâm dans l’intention d’accomplir une autre ‘Omra. Cette divergence est causée par les différentes interprétations que font les oulémas du Hadith de ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle. Un groupe d’oulémas a dit que cette sentence était propre à ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, puisque ni le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salam) ni aucune autre personne de ceux qui accomplirent le Hadj avec lui ne firent cette ‘Omra de cette manière. Ils ont dit : Certes, le Prophète () lui permit d’accomplir cette ‘Omra pour attendrir son cœur.
La majorité des oulémas refusèrent cet avis et dirent qu’il était permis à celui qui habite la Mecque de sortir à Tan’îm pour se sacraliser dans l’intention d’accomplir une ‘Omra et que toute personne a le droit de le faire.
Al-Châfi‘i a dit : Celui qui dit qu’il ne faut pas accomplir la ‘Omra plus d’une fois durant une même année dévie de la Sunna du Prophète (). Il désigne par là le Hadith de ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle.
Ils arguèrent aussi du fait qu’accomplir la ‘Omra est un bienfait et que de nombreux Hadiths y incitent et l’encouragent.
Abu ‘Omar ibn ‘Abd al Barr, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : Je ne connais ni dans le Coran ni dans la Sunna aucune preuve acceptable soutenant l’avis de celui qui dit que le fait d’accomplir plusieurs ‘Omra durant une même année est détestable. Accomplir la ‘Omra est un bienfait et Allah, exalté soit-Il, dit : [...] et faites le bien. Peut-être réussirez-vous. (Coran 22/77) Il faut appliquer cette règle dans son sens général et la recommander tant que rien ne prouve clairement son interdiction.
Ils réfutèrent également l’allégation du premier groupe qui dit que c’est une sentence s’appliquant spécifiquement à ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, en affirmant que les sentences ne sont considérées comme propres à des personnes données que lorsqu’il existe une preuve l’étayant. Ils disent aussi que si c’était une sentence propre à ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète () l’aurait précisé comme il précisa à Abu Burda, qu’Allah soit satisfait de lui, que la permission de sacrifier une chèvre âgée de moins d’un an lui était propre. Qui plus est, tout ce qui concernait ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, devenait une bienfaisance et une bénédiction pour tous les Musulmans, comme lui dit Ossayd ibn Hudayre, qu’Allah soit satisfait de lui : Chaque fois qu’il t’arrive quelque chose que tu détestes, Allah, exalté soit-Il, fait qu’il soit la cause de la dissipation d’un souci pour toi ainsi que pour tous les Musulmans. (Abou Dâwûd) (al Albâni : Sahîh)
Donc il se peut que cette sentence soit une des bénédictions de ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle.
L’avis selon lequel il n’est pas rapporté que les pieux prédécesseurs se sacralisèrent à al-Tan’iim dans l’intention d’accomplir une autre ‘Omra est remis en cause, car d’après des narrations jugées authentiques plusieurs d’entre eux le firent. Mâlik, qu’Allah lui fasse miséricorde, rapporta dans son livre Al-Muwatta’ d’après Hichâm ibn ‘Urwa, citant lui-même son père, qu’Allah soit satisfait d’eux, qu’il vit ‘Abd Allah ibn AL-Zubayr, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, se sacraliser à al-Tan‘îm. Il dit aussi : Je l’ai vu faire la circumambulation autour de la Ka‘bah à trois occasions.
Dans son Mussannâf, Ibn Abu Chayba rapporta qu’un homme demanda à Um al-Dardâ’, qu’Allah soit satisfait d’elle, s’il était possible de faire la ‘Omra après le Hadj et elle lui ordonna de l’accomplir.
Al-Hâfidh ibn Hadjar, qu’Allah lui fasse miséricorde, commenta la parole d’Ibn Al-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde : Il n’a pas été rapporté par un Hadith Sahih que le Prophète () ou l’un de ses Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, sont sortis du Haram (enceinte sacrée de la Mecque) après s’être désacralisés, pour se sacraliser dans l’intention de faire une autre ‘Omra. en disant : Le fait que ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, accomplit une telle ‘Omra selon l’ordre du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salam) prouve que c’est permis. Et l’on répond à l’affirmation selon laquelle le Prophète () ordonna à ‘Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, d’accomplir cette ‘Omra pour attendrir son cœur en disant que, d’une part, le Prophète () n’aurait pu ordonner ce qui est faux ou approuver une chose blâmable, et que d’autre part, la plupart de ces Musulmans viennent de pays lointains et ne songent pas revenir encore une fois à la Mecque, et qu’eux aussi ont besoin d’avoir le cœur attendri.
Pour résumer, nous dirons qu’accomplir une ‘Omra après avoir quitté son état d’Ihrâm, être sorti du Haram, et être entré à nouveau en état d’Ihrâm dans l’intention d’accomplir une autre ‘Omra est un fait permis et non pas détestable. Bien qu’on pourrait dire qu’il vaut mieux voyager pour accomplir chaque ‘Omra séparément, puisque c’est ce que fit le Prophète () étant donné qu’il accomplit quatre ‘Omrah en faisant pour chacune un voyage à part.
Quant à l’avis qui dit qu’une telle ‘Omra est une innovation, c’est un avis qui n’est pas prépondérant.
Faire don de la rétribution accordée par Allah, exalté soit-Il, pour avoir accompli une ‘Omra, à un mort est permis. La preuve en est le Hadith du Prophète () quand il dit à ‘Amr ibn Al ‘Ass : Certes, si ton père était devenu musulman et que tu avais jeûné et fait l’aumône à sa place, cela lui aurait été profitable. (Ahmad, al Albâni : Sahih).
Accomplir une ‘Omra à la place d’une personne vivante ne lui serait pas profitable, à moins que cette personne soit incapable de se déplacer à cause d’une maladie et ne puisse pas faire la ‘Omra elle-même.
Et Allah sait mieux.