Elle a fait le vœu de jeûner un nombre important de jours, mais son mari lui interdit de jeûner
Fatwa No: 116601

Question

J'ai fait d'innombrables fois le vœu de jeûner à tel point que je dois jeûner 350 jours. Pourtant, je n’ai jamais vraiment eu l’intention de faire des vœux au fond de moi; c’est comme si quelque chose m’y poussait. Je suis mariée et je jeûne sans que mon mari le sache, car sinon il me l’interdirait. Est-ce que je dois continuer à jeûner sans que mon mari soit au courant ou bien je dois une expiation pour chacun des vœux que j’ai fait. Par exemple : j’ai fait le vœu de jeûner 40 jours si Allah, exalté soit-Il, me guérissait d’une maladie et je suis effectivement guérie. Si je choisis l'expiation, est-ce que je dois nourrir dix nécessiteux pour chaque jour de jeûne ou dix nécessiteux pour expier l’ensemble de mon acte ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur famille et ses compagnons :

 

Vous ne devez pas faire de vœu sans l’accord de votre mari. Certains savants l’ont interdit car cela peut amener l'épouse à négliger les droits de son mari.

 

Cependant, l’avis prédominant selon nous est que la femme a le droit de faire un vœu sans l’accord de son mari et elle doit le tenir, avec toutefois la permission de ce dernier.

  Un vÅ“u est une obligation qu’on n’est pas obligé de tenir immédiatement. Donc, le devoir envers le mari prévaut sur l’obligation de respecter son vÅ“u. L'imam al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit :  La raison de cette interdiction est que le mari a le droit de jouir de sa femme à n'importe quel moment. C'est un droit qui  revient au mari et la femme doit immédiatement répondre au désir de son époux. Ce droit ne peut pas entrer en contradiction avec un acte surérogatoire ou une obligation qu’il n’est pas obligatoire d’accomplir immédiatement.  (Charh Mouslim)

 

Votre mari peut donc vous interdire de tenir votre vÅ“u, car son droit prévaut sur ce dernier. L’Encyclopédie de la jurisprudence mentionne :  Concernant ce que la femme s’est engagée à faire par le biais d’un vÅ“u, si elle a fait ce vÅ“u sans la permission de son mari, ce dernier peut lui interdire de le tenir, selon l’avis unanime des savants. Par contre, si elle l’a fait avec sa permission et que son vÅ“u est lié à un moment déterminé alors, son mari ne peut pas lui interdire de le remplir. Cependant, selon l’école malékite si le vÅ“u n'est pas lié à un moment déterminé, le mari peut lui interdire de le tenir sauf si elle a déjà commencé à le faire. Les écrits des chaféites et des hanbalites divergent sur l’obligation de terminer ou non le vÅ“u dans ce dernier cas. 

 

En résumé, vous avez toujours l’obligation de remplir votre vÅ“u et vous ne pouvez pas l’expier alors que vous êtes capable de le tenir, car Aïcha, , a rapporté que le Prophète () a dit :  Quiconque fait le vÅ“u d’accomplir un acte d’obéissance à Allah doit respecter son vÅ“u.  (Boukhari)

 

Donc, vous pouvez demander à votre mari la permission de remplir votre vœu ou attendre que vous ayez la possibilité de jeûner parce qu’il est absent de la maison ou pour une autre raison.

Si vous êtes incapable de tenir votre vœu, vous devez faire une expiation semblable à celle du serment. L’expiation consiste à nourrir ou habiller dix nécessiteux ou encore à affranchir un esclave pour chaque vœu. Si vous n’avez pas les moyens de faire l’une de ces choses, vous devez alors jeûner trois jours pour chaque vœu. Puis, en plus de cette expiation, vous devez également nourrir dix pauvres pour chaque jour de jeûne non accompli.

 

Nous attirons ici l’attention sur le fait qu’un vœu ne devient un engagement que lorsqu’il est exprimé explicitement et qu’il ne devient pas effectif par la simple intention. Nous attirons aussi l’attention sur le fait que les vœux n’apportent rien de bon comme l’a dit le Prophète () et nombre de savants considèrent qu'il est détestable de faire des vœux. D’autres savants jugent qu'il est détestable de lier son vœu à une condition car cela dénote d'un manque de bienséance envers Allah, exalté soit-Il.

 

Si vous méditez sur tout cela, il vous sera – si Allah, exalté soit-Il, le veut –facile d’éviter de faire des vœux.

 

Et Allah sait mieux.

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