Le fait que la femme donne une dot au mari Fatwa No: 137800
- Fatwa Date:6-4-2020
Je suis un jeune qui vit en Inde. J'ai perçu sans y avoir droit une dot de ma femme avant notre mariage comme il est coutume de le faire dans mon pays. Cependant, je n'en ai rien dépensé. Mon père a, quant à lui, acheté un lopin de terre permettant de construire deux maisons avec l'argent de ma dot. Il a ensuite fait construire une maison pour ma sœur sur une partie de ce terrain, le reste du terrain restant vacant et étant enregistré au nom de ma mère. J'ai, par la grâce d'Allah, réussi à rendre la dot qui m'avait été donnée à la famille de ma femme. Aujourd'hui, après la mort de mon père, ma mère refuse de me donner la partie du terrain enregistrée à son nom et compte la donner à ma sœur. Peut-elle faire cela ? Comment dois-je me comporter avec ma mère dans cette situation ? Elle refuse de me donner ce terrain qui est mon droit. Puis-je couper tout contact avec elle pour lui faire comprendre que ce qu'elle fait est une erreur ? Ma mère n'est pas équitable envers ses enfants. Puis-je couper tout contact avec elle sachant que je l'ai exhortée et conseillée d'être équitable entre moi et ma sœur et que je lui ai expliqué les règles de la Législation islamique relatives à cela ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son
Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses
Compagnons :
Vous avez bien fait de rendre à votre femme ce que vous lui aviez
pris injustement.
Quant à ce que votre père a pris de cet argent, si cela était sous
forme d'emprunt qu'il devait vous rendre, il s'agit alors d'une dette Ã
sa charge et vous avez le droit de réclamer qu'elle vous soit
remboursée à partir de son héritage, avant le partage de celui-ci.
Par contre, si vous avez fait don à votre père de ce qu'il a pris de cet
argent, vous n'avez alors pas le droit d'en réclamer quoi que ce soit.
Concernant le terrain, vous n'avez aucun droit de l'acquérir sauf si vous aviez donné cet argent à votre père afin qu'il l'achète pour vous, car dans ce cas, il n'avait aucun droit de le
donner à autrui. En dehors de ce cas de figure, ce terrain est à votre père et vous n'avez de droit dessus qu'à hauteur de l'argent qu'il vous avait pris, si vous ne lui en aviez pas fait
don. Par conséquent, tout ce que le père a donné à votre sœur de ce terrain de son vivant, et alors qu'il était en bonne santé et en pleine possession de ses facultés intellectuelles,
appartient à votre sœur. Il en est également de même pour le reste du terrain s'il en avait fait don à votre mère et qu'elle en avait pris possession avant sa mort. Dans ce cas, ce terrain
lui appartient. Par contre, s'il l'avait enregistré au nom de votre mère sous forme de testament et sans qu'elle n'en ait pris possession du vivant de votre père, ce terrain fait alors
partie de l'héritage de votre père et doit être partagé entre ses héritiers; en effet un testament qui privilégie un héritier n'est pas valable sans l'accord des autres héritiers. En
supposant que votre père ait donné l'entière possession de cette partie du terrain à votre mère de son vivant, elle ne peut toutefois pas le donner à sa fille au détriment de ses autres
enfants en raison du fait qu'elle a l'obligation de faire preuve d'équité dans ses dons selon l'avis prédominant à ce sujet; et cela, tant qu'elle n'a pas une raison valable de le donner
à l'un de ses enfants au détriment des autres, comme le fait qu’il fasse preuve de piété filiale et de vertu, tandis que les autres sont corrompus, ou encore qu’il en ait besoin en raison
d'une maladie, de ses études ou autres... Par ailleurs, si votre mère agit ainsi sans raison valable, votre sœur n'a pas le droit d'accepter ce don et doit le partager entre elle et ses
frères et sœurs, afin de réparer cette injustice. Quant à ce que votre père a pu donner à certains de ses enfants au détriment des autres même sans raison valable, cela est mené à bonne fin du
fait de sa mort selon l'avis prédominant, et cela, même si cela comportait de l’injustice et un péché. Quoi qu'il en soit, il ne vous est pas permis de couper tout contact avec votre mère et
de l'ignorer. Il vous est uniquement permis de la conseiller en douceur sans polémiquer, ni élever la voix, ni lui dire ou lui faire quelque chose de mal. En effet, vous devez bien la traiter
même si elle vous fait du tort et il vous est interdit de répondre à ce mal par un mal. Gardez donc le contact avec elle et ne l'ignorez pas. Ensuite, si vous l'exhortez et la conseillez,
faites-le de la meilleure manière.
Et Allah sait mieux.