Il est imam du vendredi pour des détenus Fatwa No: 139220
- Fatwa Date:29-10-2020
J’ai été nommé imam pour diriger la prière du vendredi de cinquante prisonniers et je prie avec eux dans une pièce où il n’y a pas de minbar. Quelle est la récompense de cet acte ? Ma récompense ne sera-t-elle pas plus grande si je fais la salât du vendredi à la mosquée ? Et quels sont les sujets que je dois évoquer dans les sermons du vendredi en m’adressant à ces prisonniers ? La direction de la prison me rémunère pour ce travail; m’est-il permis de prendre cette rémunération ? Quelles sont les responsabilités de l’imam qui dirige la prière du vendredi ? Doit-il signaler les fautes commises par les fidèles durant la salât ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohamed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.
Il ne fait aucun doute que votre direction de la prière vous permettra d'obtenir une grande récompense si votre intention est sincère car c’est un appel à Allah, exalté soit-Il, une promotion du bien et une prévention du mal. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : Qui donc tiendrait un meilleur discours que celui qui appelle les hommes à Allah, fait œuvre pie et proclame tout haut son appartenance à l'Islam ? (Coran 41/33)
D’après l’avis prépondérant des érudits, il n’est pas obligatoire que la salât du vendredi soit effectuée à la mosquée. Le minbar n’est en réalité qu’une sunna. Nous jugeons valide la prière du vendredi dans cette prison car elle est située à l’intérieur des zones habitées ou à l’extérieur de celles-ci mais dans un périmètre assez proche, comme l’exigent les hanbalites. Mais si elle avait été située hors des zones habitées, la salât n’y aurait pas été autorisée selon les quatre écoles de jurisprudence. Le fait que vous ayez dirigé la prière de ces prisonniers, que vous leur ayez rappelé Allah, exalté soit-Il, et que vous les ayez appelés au repentir est meilleur pour vous que votre salât à la mosquée car tout cela a permis d’améliorer leur situation. S’ils étaient restés sans sermon, ils auraient certes manqué beaucoup de bien et ils auraient toujours eu besoin d’un imam. Continuez à faire ce que vous faites et sachez que vous êtes sur la bonne voie, et que vous comblez une faille.
Quant aux sujets que vous devez aborder pendant les sermons, nous pensons que les prisonniers ont généralement un comportement déviant. Ils ont commis la fornication, le vol, le meurtre et d’autres crimes et ont coupé leur relation avec Allah, exalté soit-Il. Il faut donc leur rappeler Allah, exalté soit-Il, Son Châtiment douloureux et Sa Miséricorde. Il faut les mettre en garde contre la persistance dans le péché et leur ouvrir une voie vers l’espoir, le retour à Allah, exalté soit-Il, et le repentir. Ils doivent savoir qu’Allah, exalté soit-Il, accepte le repentir de son adorateur quels que soient ses péchés. Rappelez-leur les histoires des repentis parmi les anciens et les contemporains surtout celles du temps du Prophète ().
Vous ne devez sentir aucune gêne à accepter la rémunération que vous donne la direction de la prison. Si le mobile d’une bonne œuvre est de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, le fait d’en tirer un bénéfice matériel ne diminue en rien son mérite.
La plus grande responsabilité de l’imam est de donner des conseils sincères aux fidèles comme le recommande Allah, exalté soit-Il. Cherchez donc des sujets adaptés à leur situation et ne prolongez pas le sermon et la prière, par miséricorde envers eux. Si un fidèle commet une faute durant la salât ou le sermon, l’imam n’en porte pas la responsabilité mais il doit leur enseigner ce qu’il a lui-même appris comme du temps du Prophète () qui apprenait la religion à ses Compagnons et corrigeait leurs fautes.
Et Allah, exalté soit-Il, sait mieux.