Différence entre le loyer que l’on paie pour profiter d’un bien appartenant à autrui et les intérêts que l’on paie pour profiter de son argent Fatwa No: 141188
- Fatwa Date:11-10-2021
Un ami m’a posé cette question : quelle est la différence entre un loyer que l’on paie pour profiter d’un bien appartenant à autrui (un logement par exemple), et les intérêts que l’on paie pour profiter de l’argent d’autrui ? L’argent n’est-il pas un bien comparable au logement ? Mon ami veut en réalité justifier les intérêts usuraires sur les prêts. Il estime que c’est la même chose qu’un loyer : au même titre que l’on paie à une personne le loyer d’une maison pour l’utiliser, pourquoi n’est-il pas permis de payer une somme d’argent (l’équivalent d’un loyer) à une personne pour utiliser son argent ? Comment répondre à une telle question ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Son Prophète et Messager Mohammed ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Lorsqu’Allah, le Très Haut, a interdit l’usure, les mécréants ont dit que celle-ci était une forme de vente, alors qu’Allah, exalté soit-Il, leur a indiqué avoir permis la vente et interdit l’usure, pour une finalité que Lui seul connaît. Allah, exalté soit-Il, connaît les intérêts et la corruption des gens. Il se peut que Sa sagesse nous soit évidente ou que nos esprits soient incapables de la saisir.
L’une des finalités de l’interdiction de l’usure est d’empêcher l’accaparement des biens d’autrui sans contrepartie. Il est absolument interdit de vendre un dirham à deux dirhams comptant ou moyennant un intérêt (Nassî’a) payé sur une dette non remboursée à l’échéance convenue, en bénéficiant d’un dirham additionnel, sans contrepartie. Les biens de l’homme sont liés à ses besoins et ont une grande sacralité. S’accaparer les biens des autres sans contrepartie est certes illicite.
Votre question consiste à dire que les intérêts calculés sur le prêt sont une contrepartie versée au créditeur, tout comme le loyer est une contrepartie que l’on donne au propriétaire et qu’il s’agit d’un droit et non pas d'une violation des biens d’autrui.
En réponse, nous disons que l’intérêt que l’on tire d’une location est réel. Le local que l’on loue appartient à son propriétaire et celui-ci a droit à une indemnité. Le locataire n’assume aucune responsabilité s’il n’a pas commis de négligence. Si une chose au foyer est abîmée sans transgression ni négligence, le propriétaire assume seul sa responsabilité.
Dans le cas de l’usure, l’emprunteur assume seul la responsabilité du capital, en plus du surcroît, et le propriétaire du prêt n’assume rien, ce qui le rend toujours bénéficiaire.
Il ne s’agit donc pas de bénéficer des biens d’autrui en échange d’un salaire, mais de bénéficier d’un prêt en échange d’une indemnité, et en assumer la responsabilité.
Il y a une grande différence entre les deux choses. Selon le Cheikh Youssof al-Qaradâwi, qu’Allah le préserve : La finalité est que l’argent n’engendre pas d’argent, mais l’argent croît par le travail et les efforts. L’Islam n’interdit pas aux gens de s’approprier de l’argent et d’en posséder abondamment, tant que cet argent est gagné et dépensé licitement. L’Islam n’a pas dit comme il est mentionné dans les évangiles : ‘Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille, que pour un riche de passer dans le royaume des cieux’, mais il a dit : ‘Quel bienfait que l'argent licite aux mains d'un homme vertueux’ (Ahmad et al-Hâkim). L’argent licite est gagné licitement et fructifie licitement par le travail utile et légal. Par conséquent, l’Islam a permis la coopération entre le capital et le travail dans l’intérêt des deux parties et l’intérêt de l’ensemble de la communauté.
L’interdiction de l’usure a une finalité grandiose, et même si nous sommes incapables de comprendre, il nous suffit qu’Allah, exalté soit-Il, l’ait interdite (sens du verset) : ‘ Ne connaît-Il pas ce qu'Il a créé alors que c'est Lui le Compatissant, le Parfaitement Connaisseur ! ’ (Coran 67/14) Fin de citation
Et Allah sait mieux.