Pouvez-vous me parler de la bataille d’al-Khandaq ? Fatwa No: 252841
- Fatwa Date:13-5-2014
Salam alaykoum,
Pouvez-vous me parler de la bataille d’al-Khandaq ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Selon les récits authentiques, la bataille d'al-Khandaq – également appelée bataille d'al-Ahzâb (des coalisés) – se déroula au mois de Chawwâl en l'an 5 de l'Hégire. L’élément déclencheur de cette bataille a été l’expulsion des juifs de Médine – qui s'installèrent alors à Khaybar – par le Prophète (). La colère et la haine qui emplissaient leur cœur à cause de la jalousie qu’ils nourrissaient envers le Prophète () et les croyants augmentèrent. Vingt personnes parmi les chefs juifs et les notables de la tribu des Banu Nadîr partirent à La Mecque à la rencontre de la tribu de Quraych pour les inciter à combattre le Prophète () en les assurant de leur soutien. Ils leur promirent de leur venir en aide et la tribu de Quraych accepta leur proposition. Ensuite, le groupe se rendit auprès de la tribu de Ghatafân et les tribus arabes et les appelèrent à les rejoindre tout comme ils l’avaient fait avec la tribu de Quraych et un certain nombre d’entre eux acceptèrent. C'est ainsi que les chefs juifs réussirent à former une grande coalition de mécréants contre le Prophète (), son prêche et les musulmans.
Quelques jours plus tard, les coalisés se rassemblèrent autour de Médine avec une énorme armée composée de 10 000 combattants et dont le nombre dépassait sans doute le nombre total d'habitants de Médine enfants, femmes et personnes âgées y compris.
Le Messager d'Allah () s'empressa de convoquer un conseil consultatif supérieur durant lequel il chercha à élaborer un plan de défense de la ville. Après une discussion entre les commandants et les gens de la Chûrâ, ils s'accordèrent sur une solution proposée par le noble Compagnon Salmân al-Fârisî qui dit : Ô messager d'Allah, en Perse, lorsque nous sommes assiégés, nous creusons une tranchée. Il s'agissait là d'une technique ingénieuse inconnue des Arabes.
La ville de Médine était entourée de vallées, de montagnes et de palmeraies à l'exception du côté nord. Le Prophète () savait, de par son habile expérience militaire, que l'armée ennemie était grande et qu'elle ne pouvait attaquer Médine que par le côté nord. Il décida donc de creuser la tranchée de ce côté.
Les musulmans se mirent à creuser avec sérieux et vigueur la tranchée et le Messager d'Allah () les y encouragea tout en les y aidant jusqu'à ce que la tranchée fût terminée, conformément au plan, et avant que l'énorme armée païenne n'atteigne les portes de la ville.
La tribu de Quraych arriva avec quatre mille hommes et descendit à l'embouchure des torrents près du puits de Rûma entre al-Djurûf et Zaghâba alors que la tribu de Ghatafân, suivie des gens du Nadjd arrivèrent avec six mille hommes et descendirent dans la vallée de Naqmî près d'Uhud.
Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent : "Voilà ce qu'Allah et Son messager nous avaient promis ; et Allah et Son messager disaient la vérité". Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission. (Coran 33/22)
Quant aux hypocrites et aux faibles d'esprit, leur cœur trembla à la vue de cette armée. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au cœur disaient : "Allah et Son messager ne nous ont promis que tromperie." (Coran 33/12)
Le Messager d'Allah () sortit accompagné de 3 000 musulmans et ils se placèrent dos à la montagne de Sal'a, la prenant comme rempart et plaçant ainsi la tranchée entre eux et les mécréants. Leur slogan était : Ils ne vaincront pas. Ibn Umm Maktûm fut nommé à la tête de Médine et il ordonna aux femmes et aux enfants de se réfugier dans les fortifications de la ville.
Lorsque les polythéistes voulurent attaquer les musulmans et faire irruption dans la ville, ils se retrouvèrent face à un large fossé les empêchant d'entrer dans celle-ci. Ils furent alors obligés d'assiéger les musulmans malgré le fait qu'ils ne s'y étaient pas préparés en partant de chez eux, car c'était là un stratagème inconnu des Arabes et qu'ils ne l'avaient donc pas prévu.
Les polythéistes se mirent à marcher, en colère, autour de la tranchée essayant d'y trouver un point faible afin de la traverser. Les musulmans observèrent le va-et-vient des polythéistes leur lançant des flèches afin qu'ils ne puissent pas s'approcher de la tranchée, la traverser ou la combler de terre pour pouvoir la traverser.
En raison de la tranchée séparant les deux armées, il n'y eut pas de combat direct ni de guerre sanglante entre celles-ci. Ils se contentèrent de quelques échanges de flèches et de quelques assauts.
Durant ces échanges de flèches les pertes dans les deux armées se comptent sur les doigts d’une main : six musulmans et dix polythéistes furent tués alors qu'un ou deux d'entre eux furent tués par l'épée.
Alors que les musulmans faisaient face à l’adversité sur le front de la bataille, les vipères venimeuses et conspiratrices s’agitaient dans leur nid, voulant atteindre les musulmans de leur venin. Le plus grand criminel de la tribu des Banû al-Nadîr nommée Huyayy ibn Akhtab se rendit alors chez les Banû Qurayzha auprès de Ka'b ibn Asad al-Qurazhi qui était le chef de ces derniers et le garant de leurs pactes. Ka'b ibn Asad avait conclu un pacte avec le Messager d'Allah () qui était de lui venir en aide si une guerre se déclarait. Huyayy frappa à sa porte, mais Ka'b ne lui ouvrit pas. Huyyay ne cessa de lui parler jusqu'à ce que Ka'b finisse par lui ouvrir la porte puis resta chez lui jusqu'à ce que Ka'b ibn Asad rompe le pacte qu'il avait conclu avec les musulmans et rejoigne les polythéistes dans leur guerre contre les musulmans.
Ce fut la plus gênante des situations pour les musulmans, car rien n'empêchait les hommes de la tribu des Banû Qurayzha de les attaquer par derrière alors que se trouvait l'énorme armée des polythéistes face à eux et qu'ils ne pouvaient fuir. De plus, leurs enfants et leurs femmes se trouvaient tout près de ces traîtres, sans aucune défense ni protection. Allah, exalté soit-Il, dit à leur propos (sens des versets) :
Quand ils vous vinrent d'en haut et d'en bas [de toutes parts], et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Allah toutes sortes de suppositions... Les croyants furent alors éprouvés et secoués d'une dure secousse. (Coran 33/10-11)
L'hypocrisie de certains hypocrites apparut alors au grand jour à tel point que l'un d'entre eux dit : Mohammed nous a promis que nous goûterons aux trésors de Kisrâ (Khosro) et Qaysar (César), mais aujourd'hui, nul d'entre nous ne se sent à l'abri en allant faire ses besoins. D'autres hommes du peuple dirent : Nos maisons sont à la merci de l'ennemi. Laisse-nous partir et retournez dans nos maisons qui se trouvent à l'extérieur de Médine. La tribu des Banû Salama se résolut même à l'échec et Allah, exalté soit-Il, révéla ceci à leur propos (sens des versets) :
Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au cœur disaient : "Allah et Son messager ne nous ont promis que tromperie." De même, un groupe d'entre eux dit : "Gens de Yatrib ! Ne demeurez pas ici. Retournez [chez vous]". Un groupe d'entre eux demande au Prophète la permission de partir en disant : "Nos demeures sont sans protection", alors qu'elles ne l'étaient pas : ils ne voulaient que s'enfuir. (Coran 33/12).
Ensuite, Allah, exalté soit-Il, fit en sorte de mettre l'ennemi en échec, les divisa et leur fit perdre la bataille. L'une des causes de leur défaite est qu'un homme de la tribu des Ghatafân prénommé Nu’aym ibn Mas'ûd ibn 'Âmir al-Achdja'î, qu'Allah soit satisfait de lui, vint trouver le Prophète () et lui dit : Ô Messager d'Allah, je me suis converti et mon peuple ne le sait pas. Ordonne-moi donc ce que tu veux. Le Prophète () lui dit alors : Tu es seul. Cause donc leur défection comme tu le pourras, car la guerre c'est la ruse. Il mit sur pied un plan solide qui entraîna la défection des tribus de Quraych, des Ghatafân et des Banû Qurayzha en divisant leurs rangs et en sapant leur détermination.
Après la division des rangs des polythéistes et la défection qui apparut chez eux, Allah, exalté soit-Il, leur envoya une tempête qui ravagea leur campement et ne laissa aucun récipient sans le renverser, aucune tente sans la déraciner et ne laissa rien debout. Ensuite, Il leur envoya une horde d'anges qui les fit trembler et jeta la peur et la terreur dans leur cœur.
Le Prophète () envoya durant cette nuit froide Hudhayfa ibn al-Yaman, afin qu'il l'informe de la situation, et ce dernier les trouva ainsi prêts à partir. Il retourna ensuite auprès du Messager d'Allah () et l'informa de leur départ. C'est ainsi que le Messager d'Allah () constata le lendemain qu’Allah avait renvoyé, avec leur rage, les infidèles sans qu'ils n'aient obtenu aucun bien, et avait épargné aux croyants le combat, réalisé Sa promesse, soutenu Ses soldats, secouru Son serviteur et, à Lui seul, mis en déroute les coalisés. Il retourna ainsi à Médine (Résumé tiré du livre intitulé Al-Rahîq Al-Makhtûm).
Et Allah sait mieux.