Prendre de la drogue pour soulager des douleurs insupportables Fatwa No: 260608
- Fatwa Date:10-7-2014
Assalam alykum,
Ma question porte sur les traitements médicaux. Je ne trouve pas de réponse claire à ma question car la situation est compliquée.
Mon médecin me prescrit du fentanyl (40 fois plus puissant que l’héroïne et 80 fois plus puissant que la morphine qui est inefficace contre mes douleurs). J'ai une maladie chronique et orpheline nommée algie vasculaire de la face. Ces douleurs sont plus intenses qu'un accouchement ou une amputation sans anesthésie d'après la médecine. J'ai une moyenne de 4 crises de 1h30 par jour qui peuvent me sortir de mon sommeil. La douleur est si forte que beaucoup de patients se suicident. Je demande à Allah de nous préserver du mal.
Le fentanyl est un produit très puissant qui m’empêche d'avoir une vie normale, il sert à faire les anesthésies générales en chirurgie. Quand je prends ce médicament, plus rien n'a d'importance et je repousse tout à plus tard au début en disant insha Allah puis après un certain temps l'égarement est tel que j'en oublie de dire insha Allah, je repousse et ne rattrape jamais mes fautes. Depuis un an j'ai découvert sans même chercher qu'un groupe de chercheurs allemands et américains ont fait des tests à partir d'un produit hallucinogène et stupéfiant. Sur 6 patients, 5 sont totalement guéri par la volonté d'Allah. Ce produit, le LSD, est très puissant et je refuse d'en prendre cependant j'ai découvert qu'un champignon pouvait être doté de la même fonction sur le cerveau et sur les récepteurs sérotonine avec un effet 100 fois moins hallucinogène. Ce champignon doit être consommé une fois tous les 5 jours pendant un mois puis les crises douloureuses peuvent disparaitre plusieurs mois. Pensant être dans le domaine licite, j'ai consommé ce produit à très faible quantité, 3 fois moins que la dose utilisée par les gens qui se droguent. Les 4 jours qui suivirent la prise du champignon, je n'ai plus eu de crises. Il faut savoir que je suis forcé de mettre fin à tous les autres médicaments pour prendre celui-ci et depuis 2 mois, masha Allah, je me sens bien, j'ai beaucoup moins de crises et je peux vivre sans morphinique tous les jours. Les effets hallucinogènes peuvent durer 6 heures mais la dose ne doit pas être hallucinogène pour être efficace 5 jours. Il n'y a pas d'accoutumance ni de dépendance contrairement aux morphiniques. Après avoir parlé de ce produit a mon médecin son conseil a été de ne pas en abusé et de bien mettre fin au protocole quand les crises disparaissent et de ne pas en faire une drogue. Mon médecin n'est pas musulman et pour connaitre la dose que mon corps a besoin, j'ai dû en prendre à chaque fois un peu plus. La dernière fois que j'en ai pris, durant 2 minutes, en fermant les yeux uniquement, j'ai aperçu des mosaïques comme dans les mosquées, elles changeaient de couleurs et tournaient, puis j'ai récité ayat kursi et la chahada sans arrêt et je me suis endormi. Je ne prends plus ce produit car une personne m'a mis un doute à ce sujet. Je souffre beaucoup et j'ai besoin d'une réponse fiable afin de continuer ce traitement ou retourner au morphiniques. Je ne cherche vraiment pas à me droguer, Allah est témoin de mon écrit et de mes douleurs, svp répondez sans émettre de doute sur ma souffrance. L'opium et ce champignon était utilisé pour la sorcellerie et quand je prends le fentanyl je mets l'intention de ne pas souffrir, je mets la même intention avec une plus grande crainte envers Allah avec ce champignon et invoque Allah pour ne pas me laisser toucher par le diable durant les 6 heures ou peuvent apparaitre les hallucinations; je mets l'intention de guérir afin de pouvoir assumer ma place d'homme et de père (3 enfants)dans mon foyer mais j'accepte l'épreuve telle qu'elle est en espérant qu'Allah facilite, je remercie et loue Allah seigneur de l'univers qui a créer un remède pour chaque maladie, qui n'éprouve pas son serviteur au-delà de ses capacités, qui, à travers la maladie monte en degrés qui Il veut et abaisse qui Il veut. Qu'Allah vous éclaire
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Nous demandons à Allah qu’Il vous accorde la santé et qu’Il vous guérisse complètement.
Quant au jugement concernant Les champignons que vous avez mentionnés, ce qui est apparent c’est qu’ils sont une sorte de plantes narcotiques dont certaines sont utilisées dans la composition de certains somnifères et d’analgésiques. Quoique qu’il en soit, le fait de se soigner par des drogues est interdit excepté en cas d’extrême nécessité ou de besoin qui s’apparente à la nécessité comme cela a été démontré précédemment dans les fatwas 1994 et 37133.
Juger cela comme étant une nécessité n’est possible que s’il n’existe que ce médicament illicite et on a besoin pour cela du témoignage d’un médecin musulman de confiance. Al-Nawawi a dit : Si la personne est contrainte de boire du sang, de l’urine ou autre chose liquide impure non enivrante, alors il lui est permis de les boire, et ce sans aucune divergence entre les savants (…) Il est permis de se soigner avec des impuretés dans le cas où l’on ne trouve pas de remède pur qui puisse remplacer cette impureté. Si on trouve cela, il est alors interdit de se soigner avec une impureté, et cela ne fait l’objet d’aucune divergence. Et c’est comme cela que le hadith : ‘Certes Allah n’a pas établi de remède dans ce qu'il vous a interdit’ doit être interprété. C’est donc interdit en présence d’un substitut et ce n’est pas interdit si l’on ne trouve pas de remède autre que cela (…) Cela est permis si celui qui se soigne connaît la médecine et sait qu’il n’y a aucun autre remède qui convient en dehors de cette impureté ou qu’un médecin de confiance l’a informé de cela. (Al-Madjmû’)
Le cheikh Mohammed al-Mukhtâr al-Chanqîtî a mentionné dans sa thèse de doctorat intitulée Ahkâm al-Djarâha al-Tibbiyya la position de la Charia concernant les drogues et cita les avis des jurisconsultes quant à leur utilisation, il a dit ensuite : Il nous apparaît clairement de ce qui a été mentionné dans les livres des jurisconsultes (qu’Allah leur fasse miséricorde), malgré leurs différentes écoles juridiques, que l’utilisation du haschich et autres stupéfiants est interdite si cela a des effets sur la raison et la fait perdre car ils ont alors le même jugement que l’alcool dont l’interdiction a clairement été mentionnée dans le Coran et la Sunna
Il mentionna certaines preuves indiquant cette interdiction puis il mentionna, dans le chapitre suivant, la légitimité d’avoir recours à l’anesthésie pour une intervention chirurgicale, il dit : Démontrer la permission de cela nécessite de parler du besoin d’effectuer une anesthésie lors d’une opération, ensuite de démontrer que la législation islamique prend en considération le fait d’avoir besoin d’y recourir et de mentionner les paroles des savants qui indiquent la permission d’anesthésier le patient lorsque le besoin s’en fait sentir.
Si l’existence du besoin de recourir à l’anesthésie du patient est claire pour nous, alors il est possible de dire qu’il est permis de le faire pour combler ce besoin. Si cela arrive au stade de la contrainte, alors sa permission est tirée de la règle religieuse qui dit : La nécessité autorise de faire ce qui est interdit. Si cela arrive au stade du besoin, alors la permission est tirée de la règle religieuse : Le besoin s’apparente à la nécessité, qu’il soit général ou particulier Si cela est en deçà du besoin, alors il est permis d’utiliser une petite quantité d’anesthésiant en se basant sur ce que les jurisconsultes anciens ont dit et qui est la permission d’utiliser un stupéfiant pour se soigner.
Tel est donc notre avis pour tout besoin réel qui contraint le patient à demander des soins, si celui-ci ne trouve pas un remède en dehors des plantes narcotiques, qu’il lui est possible de les utiliser sans danger et sans dépendance et qu’elles ne lui portent pas un préjudice plus grand que la maladie ; et cela, comme nous l’avons indiqué auparavant nécessite l’avis d’un médecin musulman de confiance.
Et Allah sait mieux.