Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) légiférait-il de lui-même ? Fatwa No: 269479
- Fatwa Date:2-10-2014
Assalam alaykum,
Le Prophète a dit (traduction) : Si je ne craignais pas de mettre ma communauté dans la gêne, je lui aurais imposé le siwak avec les ablutions, et j'aurais retardé la prière du 'icha jusqu'au milieu de la nuit .
(Rapporté par Al Hakim et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Jami n°5319)
Mais pourtant, le Prophète ne fixe aucune règle dans la religion. Pouvez-vous m'expliquer cette formulation ?
(...) Tu n'es qu'un rappeleur Coran S88 V21 (traduction).
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le hadith : Si je ne craignais pas d'imposer une charge trop lourde aux gens de ma communauté, je leur ordonnerais de se frotter les dents avec un Siwâk avant chaque prière est un hadith authentique et il fait même partie des hadiths les plus authentiques car Boukhari et Mouslim l’ont rapporté. Al-Hâfizh a dit dans al-Talkhîs : Ibn Mandah a dit : “ La chaîne de transmission de ce hadith est unanimement reconnue comme étant authentique”
Quant au fait de savoir si le Prophète () légiférait de lui-même, la réponse est oui, car Allah, exalté soit-Il, l’avait préservé de l’erreur dans la transmission du message et a informé qu’il ne parlait pas sous l’effet de la passion et Il nous a ordonné de le suivre de manière absolue. Cela indique donc qu’il ne légiférait que ce qu’Allah, exalté soit-Il, voulait. Il énonçait l’interdiction de ce qu’Allah voulait interdire et exprimait la permission de ce qu’Allah voulait permettre. Cela fait partie de sa transmission du Message et cela ne contredit pas le fait qu’il ait transmis le Message de la part d’Allah, exalté soit-Il. Il est rapporté que le Prophète () a dit : Certes, ce que le Messager d’Allah () a interdit est pareil à ce qu’Allah a interdit. (Ahmad, al-Tirmidhî, Ibn Madjâ, [Al-Albânî : Sahîh])
Il est mentionné dans la glose d’al-Sindî pour l’explication de ce hadith ce qui suit : Ce que le Messager d’Allah () a interdit est exactement ce qu’Allah a interdit. Le fait d’interdire est attribué au Messager d’Allah () au regard du fait qu’il transmet le message, mais en réalité, c’est imputable à Allah. Le sens du hadith est qu’il est obligatoire de lui obéir et d’agir en ce sens comme il est obligatoire d’obéir à Allah…
Allah, exalté soit-Il dit dans le Coran : […] qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit… (Coran 9/29) L’auteur d’al-Tahrîr a dit en commentaire de ce verset ce qui suit : En effet Allah n’interdit par l’intermédiaire de Son Messager que ce qui est digne d’être interdit.
Cheikh al-Islam a dit : Il n’y a pas de divergence entre les musulmans sur le fait de dire que le Messager d’Allah () est infaillible dans ce qu’il a transmis de la part d’Allah, exalté soit-Il. Il était, à l’unanimité des musulmans, préservé de commettre une erreur dans ce qu’il légiférait à la communauté.
Al-Qâdhî 'Iyâd a dit dans al-Chifâ ce qui suit : La communauté musulmane est unanime pour dire qu’en matière de transmission de la révélation, le Prophète () était infaillible et qu’il est donc impossible qu’il ait transmis des informations contraires à la réalité de manière intentionnelle, par distraction ou par erreur.
Le cheikh 'Atiyya Sâlim (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit dans le commentaire de Bulûgh al-Marâm concernant le hadith : Si je ne craignais pas d'imposer… ce qui suit : Est-ce que c’est le Prophète () qui apportait les règles religieuses de lui-même et pouvait donc imposer une charge trop lourde aux gens ou alléger celle-ci ? Les oulémas ont répondu par l’affirmative ; il avait le droit de légiférer de manière indépendante. Il était comme Allah, exalté soit-Il, l’a décrit : “[…] qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants.” (Coran 9/128)
Parmi les exemples où le Prophète () a légiféré avec le Livre d’Allah figure le moment où Allah, exalté soit-Il, a indiqué les femmes avec qui il est interdit de se marier. Il dit : “[…] de même que deux sœurs réunies…” (Coran 4/23) Le Prophète () a ajouté à ce verset ce qui suit : “On ne peut être à la fois l’époux d’une femme et celui de sa tante paternelle ou maternelle”. Le Coran n’a pas mentionné cette interdiction mais c’est le Prophète () qui l’a mentionnée et c’est pour cela qu’Allah, exalté soit-Il, dit : “Dis : ‘Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi…’” (Coran 3/31). Allah, exalté soit-Il, lui a donné le droit de légiférer. Il dit : “[…] Prenez ce que le Messager vous donne…” (Coran 59/7). Que cela vienne de la part d’Allah ou de lui-même car Allah, exalté soit-Il, dit : “Et il ne prononce rien sous l'effet de la passion.” (Coran 53/3)
Et Allah sait mieux.