Rattraper les jours de jeûne manqués
Fatwa No: 277897

Question

Salam aleikom,Une femme enceinte ou qui allaite a le droit de ne pas jeûner, mais doit-elle rattraper son mois de jeûne ou juste payer ses jours ? ou les deux ?Aussi, je dois rattraper des jours que je n'ai pas faits durant ma jeunesse, il m'a été dit que je devais aussi les payer, l'équivalent d'un repas pour chaque jour donné à une personne dans le besoin… J'ai arrondi la somme et fait la niyya de la donner un peu tous les mois à ma mère qui est dans le besoin.Aujourd'hui hamdulilah, j’ai écoulé cette somme, en revanche, j'ai lu que l'on n’avait pas le droit de donner la zakat il me semble à ces géniteurs est-ce vrai ? Qu’en est-il de la somme que j'ai écoulée pour payer mes jours de Ramadan ? Est-ce que je dois redonner cette somme à une autre personne, malgré mon ignorance et ma niyya lorsque j'ai donné cet argent pour réparer ma dette envers ALLAH swt ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Il vous est obligatoire de rattraper les jours de jeûne que vous avez manqués durant votre jeunesse et vous devez également rattraper les jours de jeûne que vous avez manqués en raison de la grossesse ou de l’allaitement. L’Encyclopédie jurisprudentielle mentionne ceci :

Les jurisconsultes sont unanimes sur le fait que la femme enceinte et la femme qui allaite qui rompent leur jeûne par peur pour leur santé, doivent rattraper leur jeûne sans payer de compensation tout comme pour la personne qui est malade. Il en est de même si elles craignent pour leur santé et celle de leur enfant.

Toutefois, ils ont divergé sur celles qui rompent leur jeûne par crainte pour la santé de leur enfant :

1. L’école chaféite dans son avis le plus connu, l’école hanbalite et Mudjâhid sont d’avis qu’elles doivent toutes deux rattraper leur jeûne et nourrir un nécessiteux pour chaque jour manqué, car elles sont concernées par la généralité de la parole d’Allah (sens du verset) :

[…] Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu'(avec grande difficulté), il y a une compensation : nourrir un pauvre. […] (Coran : 2/184)

2. L’école hanafite, 'Atâ’ ibn Abî Rabâh, al-Hasan, al-Dahhâk, al-Nakha'î, Sa'îd ibn Djubayr, al-Zuhrî, Rabî'a, al-Awzâ'î, al-Thawrî, Abû 'Ubayd, Abû Thawr – et c’est un autre avis dans l’école chaféite – sont d’avis qu’elles ne sont pas obligées de payer la compensation, mais que cela leur est recommandé.

3. L’école malékite, al-Layth – et c’est un troisième avis dans l’école chaféite – sont d’avis que la femme enceinte ne jeûne pas et doit le rattraper, mais n’a pas à payer de compensation. Quant à la femme qui allaite, elle ne doit pas jeûner, mais doit le rattraper et payer une compensation, car dans son cas, elle peut demander à quelqu’un d’allaiter son enfant à sa place contrairement à la femme enceinte qui ne peut demander à quelqu’un d’autre de porter son enfant. De plus, la femme enceinte est liée à l’enfant qu’elle porte et la crainte qu’elle peut éprouver pour son enfant est comparable à la crainte qu’elle peut éprouver pour l’un de ses membres. Enfin, la femme enceinte ne jeûne pas pour une raison liée à elle tout comme le malade alors que la femme qui allaite ne jeûne pas pour une raison que n’est pas directement liée à elle et doit donc payer une compensation.

4. Certains oulémas parmi les vertueux Anciens tels qu’Ibn ‘Umar, Ibn 'Abbâs et Sa'îd ibn Djubayr, qu'Allah soit satisfait d'eux, sont d’avis qu’elles rompent leur jeûne puis nourrissent un nécessiteux sans devoir rattraper leur jeûne.

Quant à nous, notre avis est qu’elles doivent rattraper leur jeûne et nourrir un nécessiteux.

Concernant le fait de nourrir un nécessiteux, l’obligation consiste à lui donner de la nourriture et non pas à lui donner le prix de cette nourriture en argent, car cela n’est pas valide selon la plupart des oulémas. Certains oulémas l’ont autorisé en cas de besoin ou lorsqu’il existe un intérêt à le faire. Tel est l’avis de cheikh al-Islâm Ibn Taymiyya. Parmi les intérêts reconnus comme tels figure le fait que l’on ne trouve pas de pauvre dans son pays et qu’il est difficile d’envoyer de la nourriture. Payer cette expiation à votre mère qui est pauvre est également invalide, car si votre mère est pauvre, il est alors obligatoire pour vous de subvenir à ses besoins si vous en avez les moyens. Or, en payant l’expiation que vous devez faire à votre mère, vous omettez de remplir l’une de vos obligations (qui est de subvenir à ses besoins) en remplissant une autre de vos obligations (qui est de payer votre compensation ou expiation) et cela n’est pas valable. La première compensation que vous avez payée n’est donc pas valable et vous devez à nouveau la payer.

Et Allah sait mieux.
 

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