Expression comportant le concept de "divin" pour désigner quelqu'un ou quelque chose Fatwa No: 283120
- Fatwa Date:25-1-2015
Assalam alaykum,
Il existe une expression qui est répandue et pour laquelle j'aimerais avoir ses informations s'il vous plait.
Celui qui dit d'un tel qu'il est ' le dieu de ceci ou cela' et untel autre ' le dieu de ceci ou cela'. Cela est-il de la mécréance ? Même si celui qui parle ne croit pas qu'ils sont des dieux qui méritent d'être adorés mais seulement pour exprimer leur haut niveau dans le domaine dans lequel ils exercent.
Aussi, certains utilisent les mots divins et divines pour des personnes ou des plats, etc. Qu'en est-il de l'utilisation de ces mots ? Informez nous s'il vous plait.
Merci d'avance pour votre aide.
Qu'Allah vous comble de Ses bienfaits.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le mot divinité (ou dieu) désigne toute chose adorée à tort ou à raison. Le dictionnaire intitulé Al-Misbâh mentionne : Le terme "divinité" (ilâh) désigne l’être adoré, c’est-à -dire Allah. Les polythéistes empruntèrent ensuite ce terme pour ce qu’ils adoraient en dehors d’Allah.
Cheikh al-Islâm ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit :
La divinité désigne ce qui est adoré avec des marques d’amour, de repentance, de vénération et d’honneur. (...) Toute forme de divinisation n’est légitime que si elle s’adresse exclusivement à Allah.
Il ne fait aucun doute que toute divinité en dehors d’Allah n’est que vanité et qu’il est interdit de qualifier quelque personne et quelque plat que ce soit de divin ou qualifier une personne de dieu de quelque chose en raison des Textes qui réfutent le caractère divin de quiconque en dehors d’Allah. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• Sache donc qu'en vérité il n'y a point de divinité à part Allah […] (Coran : 47/19)
• S'il y avait dans le ciel et la terre des divinités autres qu'Allah, tous deux seraient certes dans le désordre. Gloire, donc à Allah, Seigneur du Trône ; Il est au-dessus de ce qu'ils Lui attribuent ! (Coran : 21/22)
Celui donc qui attribue de manière générale le caractère divin à autre qu’Allah aura certes contredit les Textes et celui qui désigne une créature par des noms réservés à Allah aura certes profané ces Noms alors qu’Allah, exalté soit-Il, a interdit de le faire. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
C'est à Allah qu'appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le par ces noms et laissez ceux qui profanent Ses noms : ils seront rétribués pour ce qu'ils ont fait. (Coran 7/180)
Al-Baghawî a dit dans son exégèse du Coran du verset précédent : Ce verset désigne les polythéistes qui changèrent les Noms d’Allah et utilisèrent ces derniers en les déformant pour nommer leurs idoles. Ainsi, "al-Lât" est tiré du nom "Allah", "al-'Uzzâ" du nom "al-'Azîz" et "Manât" du nom "al-Mannân". Tel est l’avis d’ibn 'Abbâs et de Mudjâhid. On dit aussi que ce verset parle du fait que les polythéistes appelèrent leurs idoles des divinités.
Le cheikh Bakr Abû Zayd a dit : De nos jours, on utilise le terme "al-'Azîziyya" par affiliation au nom "Abd Al-'Azîz" ou encore le terme "al-Rahmâniyya" par affiliation au nom "'Abd al-Rahmân". Cependant, la permission d’utiliser cela dans l’affiliation aux Noms d’Allah est discutable. En effet, parmi les formes de profanation des Noms d’Allah figure le fait qu’elle était commise par les polythéistes arabes lorsqu’ils nommaient leurs idoles ; on trouve par exemple "al-Lât" qui vient de "Al-Ilâh" ou encore "al-'Uzzâ" qui vient de "Al-'Azîz". [Mu'djam al-Manâhî al-Lafzhiyya]
Si les termes divin ou dieu signifie l’Être adoré dans votre langue alors, il est à craindre pour celui qui qualifierait une créature par ces termes de manière volontaire, sans être sous la contrainte et tout en comprenant ce qu’il dit, de tomber dans la mécréance. Quant au fait qu’en prononçant ces paroles on ne croit pas réellement que ces personnes ou ces choses soient dignes d’être adorées, cela n’est pas une excuse. En effet, cheikh al-Islâm ibn Taymiyya a dit : Allah, exalté soit-Il, les informa qu’ils avaient bel et bien rejeté la foi après avoir cru en ayant prononcé des paroles mécréantes sans conviction, et en n’ayant fait que bavarder et jouer.
Al-Zarkachî a dit : Celui qui prononce une parole de mécréance en plaisantant et sans conviction aura certes mécru. [Al-Manthûr]
Par contre, celui qui ne comprend pas le sens de sa parole est excusé. L’Encyclopédie jurisprudentielle mentionne : Les termes qui sont prononcés reflètent ce que le locuteur veut faire parvenir à l’auditeur. Donc, si le locuteur est ignorant du sens de la parole qu’il prononce, comme dans le cas d’un non-Arabe (qui ne parle pas l’arabe), sa parole n’est pas prise en compte comme portant le sens de celle-ci et n’est pas prise en considération. Le livre intitulé Qawâ'id al-Ahkâm mentionne : "Si un non-Arabe (qui ne parle pas l’arabe) prononce une parole relevant du domaine de la mécréance, de la foi, du divorce, du commerce, de la diplomatie, cette parole n’est pas prise en compte, car il n’aura pas eu l’intention de dire ce que cette parole désigne et n’aura pas agi dans le sens de celle-ci. Il en est de même pour l’Arabe qui prononce une parole de ce genre dans une langue autre que l’arabe, sans en connaître le sens. Sa parole ne sera pas prise en compte, car il n’aura pas voulu dire ce qu’il a dit. En effet, ce que l’on veut exprimer ne peut être pris en compte que lorsque l’on comprend ou pense comprendre ce que l’on dit."
On peut également nous rétorquer qu’en qualifiant un plat de divin , on désigne ainsi le fait que ce plat soit bon, beau ou provenant d’Allah. Toutefois, cela est également erroné, car cela imposerait de qualifier tout ce que contient cet univers de divin , car tout provient d’Allah.
Il faut donc faire attention de ne pas prononcer de telles paroles.
Et Allah sait mieux.