Une femme est perplexe quant à la validité de son divorce Fatwa No: 298051
- Fatwa Date:8-6-2015
Assalam alaykum,J'étais fiancée avec un homme et nous avons fait la fatiha. Un jour après une dispute il s'est énervé et m'a dit "anti motalaqa" ceci s'est passé avant dokhol et après kholwa, et lors de cette kholwa il y a eu des préliminaires mais sans pénétration.Un mois est passé et nous nous sommes réconciliés lui et moi. Après un mois et demi cet homme est venu chez nous avec ses parents pour se réconcilier avec mes parents. Trois mois plus tard nous avons fait une fête et je suis partie vivre avec lui en France, cependant nous n'avons pas refait la fatiha et nous n'avons pas fait d'acte civil ni en Algérie ni en France.Nous avons vécu ensemble pendant un mois. Au cours de ce mois la vie était pénible à cause de ses insultes à mon égard. Je me suis confiée à ma cousine de nos problèmes et quand cet homme l'a su il m'a dit "si tu reparles à qui que ce soit de nos problème on va divorcer". Je n'ai pas pu m'empêcher de me confier à ma cousine et lui l'a su. Alors je lui ai demandé d'aller consulter un imam pour savoir s'il y a divorce ou pas, lui m'a répondu qu'il n'allait consulter personne et qu'il allait consulter sa propre personne et voir sa niya.Quelques jours plus tard, ne pouvant plus supporter de vivre avec lui, je suis rentrée chez mes parents. Lui pendant ce temps me contactait souvent et contactait mes parents pour essayer d'arranger les choses, alors mon père l'a menacé un jour de porter plainte contre lui pour harcèlement s'il n'arrête pas de nous contacter, surtout moi, et s'il ne me laissait pas tranquille.Mais cet homme n'a pas arrêté de nous contacter surtout me contacter moi mais mon père n'a rien fait contre lui. Il me contactait tantôt pour essayer la réconciliation et tantôt pour me faire des reproches.Après quelques jours de réflexion j'ai pris la décision de le quitter, alors je lui ai demandé le divorce durant une conversation téléphonique. Ce jour-là , il ne voulait pas me répudier. Et il continuait de me contacter pour des fois une réconciliation et des fois pour me faire des reproches. Quelques jours ont passé, il m'envoyait des sms me disant " J'ai décidé pour entamer ce mois sacré de ramadan de faire selon les dires d'Allah, amsikohona bi ihsan aw talikohona bi ihsan, moi j'aimerais que tu restes avec moi bi ihssan mais si toi c'est le talak que tu veux je l'accepterai bi ihssane, à contre cœur certes mais je le ferai".Moi je ne me rappelle pas si je lui ai confirmé que je voulais toujours le divorce, mais c'était ce que je voulais, et lui l'avait compris alors il m'a envoyé un sms "maintenant tu m'as demandé le divorce alors je vais tenir ma promesse, je te l'accorde je te rends ta liberté".Après quatre jours cet homme me contacta pour essayer une réconciliation, mais lorsqu'il a compris que je ne voulais pas revenir avec lui il a coupé tout contact. Deux semaines plus tard je suis partie avec mes parents chez ses parents (lui n'y était pas) pour récupérer mes affaires et je leur ai laissé le jhaz qu'il m'a donné. Ceci s'est passé en Juillet 2014.Trois plus tard, cet homme m'envoie un email pour me dire "j'ai enlevé ton nom du loyer de la maison et de mes papiers de la sécurité sociale et des impôts, ton nom n'y figure plus depuis Novembre 2014, je ne veux pas avoir des problèmes administratifs en France, si on te demande tu leur dis qu'on s'est séparés en Novembre".Maintenant cheikh vous connaissez les détails de mon histoire et je souhaite que vous répondiez à mes questions svp.1) Suis-je divorcée de cet homme ?2) Si je suis divorcée quand est-ce que ma idda a commencé et combien de divorces sont effectifs ?3) Est-ce que le divorce et aussi le khul sont effectifs si la femme a ses règles ?4) Est-ce que le dernier divorce cité est effectif même si mon père l'a menacé ?5) Le dernier divorce est-il un divorce ou bien un khul ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
1/ Si vous signifiez par la Fâtiha l’acte de mariage légal, alors vous êtes devenue l’épouse légale de cet homme. Le fait qu’il vous dise tu es divorcée est une expression évidente qui établit le premier divorce. Si le divorce a lieu avant la consommation du mariage mais après une Khulwa Sahîha (isolement valide), alors le mari a le droit de reprendre sa femme. Il est mentionné dans le livre Al-Insâf de l’imam al-Mardawî le Hanbalite rapportant les avis de certains oulémas : La Khulwa tient lieu de consommation de mariage dans quatre choses : l'obligation de donner la dot complète, l’obligation du délai de viduité, le droit de reprendre sa femme s’il ne s'agit pas du troisième divorce… .
2/ Son expression (si tu reparles à qui que ce soit de nos problèmes, on va divorcer) est une promesse de divorce qui ne rend pas le divorce effectif, Ibn Taymiyya a dit : La promesse de divorce ne rend pas le divorce effectif même si ses expressions se reproduisent et il n’est pas obligatoire, ni désirable de tenir sa promesse en matière de divorce. .
3/ Son expression (J'ai décidé pour entamer ce mois sacré de Ramadan de mettre en application cette parole d'Allah : amsikohona bi ihsan aw talikohona bi ihsan), moi j'aimerais que tu restes avec moi bi ihsan (avec bonté) mais si c'est le talaq que tu veux, je l'accepterai avec gentillesse, à contrecœur mais je le ferai quand même) : il n’en résulte pas le divorce même si vous le lui demandez jusqu’à ce qu’il l’écrive effectivement. Mais nous attirons votre attention sur le fait que le verset exact est le suivant : Fa imsakun bi ma'rufin aw Tasrihun bi ihsan (Alors, c'est soit la reprise conformément à la bienséance, ou la libération avec gentillesse) (Coran 2/229) ou celui-ci : Fa amsikuhunna bi ma'rufin aw sarrihuhunna bi ihsân (alors, reprenez-les conformément à la bienséance, ou libérez-les conformément à la bienséance) […] (Coran 2/231). Ensuite sachez qu'en matière de divorce la pression morale n’est pas une contrainte légale ; c’est la même chose concernant les menaces de votre père à l’encontre de votre époux de porter plainte contre lui, ce n’est pas considéré comme une contrainte légale, car il n’est pas nécessaire qu’il soit puni pour le simple fait d’une plainte.
4/ Son expression (maintenant tu m'as demandé le divorce alors je vais tenir ma promesse, je te l'accorde je te rends ta liberté) : c’est un divorce par écrit qui devient effectif avec l’intention, c’est compté comme étant le deuxième divorce et on calcule le délai de viduité depuis sa prononciation du divorce ; pour la femme qui a ses menstrues son délai de viduité est trois menstrues comme révélé par le Coran : Et les femmes divorcées doivent observer un délai d'attente de trois menstrues […] (Coran 2/228).
5/ Le Khul’ durant les menstrues est effectif et licite car il n’a pas été interdit légalement ; de même le divorce est effectif selon l’avis le plus prépondérant des oulémas même s’il est interdit. L’imam Ibn Taymiyya a dit : C’est pour cela que le Khul’ durant les menstrues est licite chez la majorité des oulémas. L’imam Ibn Qudâma a dit : S’il répudie sa femme d’un divorce innové (Bid'i) comme de la répudier alors qu’elle a ses menstrues ou durant la période de pureté mais pendant laquelle il a eu avec elle un rapport sexuel ; il a commis un péché mais son divorce est effectif selon l’avis de la majorité des oulémas.
6/ Le Khul’ est le fait que le mari répudie sa femme contre une compensation qu’elle lui donne, ce qui n’est le cas ici, c’est donc un divorce et non un Khul’.
Et Allah sait mieux.