Prier plusieurs années de manière incorrecte Fatwa No: 333478
- Fatwa Date:24-8-2016
Salam Aelikoum,
Est-ce qu'une personne ayant prier durant de nombreuses années de manière incorrecte par ignorance doit rattraper ses prières ?
Une personne qui doit rattraper plusieurs années de prière a-t-elle le droit de faire des prières surérogatoires comme celle du Tarawih ou doit-elle se contenter dans un premier temps de rattraper ses prières obligatoires ?
Barakallahu fikoum
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Tout d'abord, nous attirons votre attention sur le fait que toute erreur commise durant la prière n'entraîne pas forcément l’invalidation de celle-ci. Or, vous ne nous avez pas indiqué l'erreur commise et nous ne pouvons donc pas déterminer si celle-ci invalidait la prière, comme le fait d'omettre un pilier de la prière ou une condition de sa validité. Tout ce que nous pouvons vous dire maintenant est donc que si l'erreur commise dans la prière n'entraînait pas l’invalidation de celle-ci, il n'est alors pas obligatoire de la rattraper.
Par contre, si l'erreur commise entraînait bien l’invalidation de la prière et que cette erreur était commise par ignorance, la majorité des savants est d'avis qu'il est obligatoire de rattraper ses prières.
Toutefois, certains savants sont d'avis que cela n'est pas obligatoire, avis étayé par le hadith à propos de celui qui n'accomplit pas correctement sa prière en présence du Prophète () et à qui ce dernier demanda de réitérer sa prière sans toutefois lui demander de rattraper ses prières passées.
Cet avis s'appuie également sur le hadith à propos de Mu'âwiyya ibn al-Hakam al-Salmî qui parla durant la prière en ignorant que cela était interdit et à qui le Prophète () n’ordonna pas de rattraper sa prière. Cet avis est celui du cheikh al-Islâm ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, qui déclara que celui qui omet une condition ou un pilier de la prière par ignorance n'a pas l'obligation de rattraper ses prières passées, mais doit uniquement réitérer la prière qu'il vient d'accomplir si le temps qui lui est imparti n'est pas encore terminé au moment où il prend connaissance de son erreur, tout en veillant à l’avenir à appliquer ce qu’il a appris. Le cheikh s'appuya pour cela sur de nombreux arguments.
Cependant, si la personne désire rattraper ses prières passées de manière volontaire, elle peut le faire en fonction de ses capacités en ne se contentant toutefois pas de rattraper chaque jour les prières d'une journée, mais en rattrapant le plus de prières possible de nuit comme de jour selon ses moyens. Al-Dusûqî al-Mâlikî a dit : L'obligation est de faire preuve de modération en se contentant de rattraper chaque jour l'équivalent de deux journées de prières manquées ou plus, mais il ne faut pas se contenter de rattraper une seule journée de prières manquées par jour sauf si l'on craint de négliger ses enfants en faisant plus que cela.
Quant au fait d'accomplir des prières surérogatoires plutôt que de rattraper ses prières manquées, il ne faut pas le faire et il faut donner la priorité aux prières manquées sur les prières surérogatoires exception faite pour la Sunna de la prière du Fadjr et pour la prière du Witr, qu'il faut accomplir. En effet, al-'Adawî a écrit en commentaire du livre intitulé Charh al-Kharachî : Il est interdit d'accomplir une prière surérogatoire pour celui qui a des prières manquées à rattraper exception faite pour la Sunna d’al-Fadjr de ce jour et la prière du Witr ; mais il ne faut pas accomplir d'autres prières surérogatoires comme celle du Tarâwîh. S’il le fait quand même, il sera récompensé pour avoir accompli un acte d'obéissance, mais commettra un péché pour avoir tardé à rattraper ses prières manquées.
Et Allah sait mieux.