Le personnage de Zarqâ’ Al-Yamâma – statut du jeu comprenant son nom et sa description
Fatwa No: 363124

Question

J’ai entendu parler d’un personnage il y a moins d’un mois. Il s’agit de Zarqâ’ Al-Yamâma. J’ai aussi vu que certains prétendent qu’elle voyait à une distance de trois jours parcourue par un cavalier, qu’elle était juive, et voulait tuer Âmina bint Wahb, la mère du Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam. Est-ce que tout cela est vrai ?
Si ce n’est pas le cas, pouvez-vous nous renseigner de façon succincte sur sa vie ?
J’ai connu ce personnage à travers un jeu qui s’appelle Bîrq. On y trouve plusieurs types de soldats dont ce personnage, Zarqâ’ Al-Yamâma. Et c’est justement ce même personnage auquel il est fait référence dans ce jeu, celle qui voyait à une distance de trois jours, comme cela est inscrit dans la description du soldat. Quel est le statut de jouer à un tel jeu.
Qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Le personnage de Zarqâ’ Al-Yamâma est célèbre dans les livres d’histoire, de biographies et de littérature. L’acuité de sa vue la fit passer en proverbe.
Dans son ouvrage sur les proverbes intitulé Majma’ Al-Amthâl, Al-Mîdânî a dit : Il voit mieux que Zarqâ’ Al-Yamâma Al-Yamâma est son nom qui est aussi celui de la ville. Al-Jâhidh rapporte que c’était une des filles de Luqmân ibn ‘Ad, elle se nommait ‘Anaz …
Muhammad ibn Habîb a dit : C’est une femme de Jadîs, elle voyait à plus de trois jours de distance. Lorsque Jadîs tua Tasm, un homme de Tasm alla voir Hassan ibn Tubba’ pour lui demander de mettre une armée à sa disposition et l’incita à prendre possession du butin. Il s’exécuta. Et alors qu’ils avaient pénétré sur les territoires à une distance de trois jours, Al-Zarqâ monta sur une hauteur et aperçut l’armée. Or, chacun des soldats avait reçu l’ordre de porter un arbre derrière lequel il devait se cacher. Mais Al-Zarqâ s’écria : mon peuple, les arbres arrivent, les hommes de himyar arrivent ! Mais ils ne la croyaient pas. Ces vers furent composés relatant cet évènement :
Je jure par Allah que des arbres sont sur le chemin
Ou que les hommes de Himyar les ont saisis de leurs mains
Mais ils ne la croyaient pas. Elle dit alors : je jure par Allah que j’ai vu un homme mordre la viande d’une épaule ou raccommoder son soulier. Mais ils ne la croyaient toujours pas. Ils ne se sont pas préparés à faire face à l’armée jusqu’au matin ou Hassan et ses hommes sont arrivés. Il s’empara de Al-Zarqâ et lui creva les deux yeux desquels des veines noires pleines de Kohl du nom de Ithmid coulait. C’était la première femme arabe à se mettre du khôl du nom de ithmid … Fin de citation.
C’est dans les mêmes termes que certains historiens ont mentionné ce personnage, et notamment, Ibn Al-Jawzî dans son livre Târîkh al-Mulûk Wa al-Umam.
Dans son ouvrage relatif aux noms intitulé Tahdhîb al-Asmâ Wa al-Lughât, Al-Nawawi dit au sujet d’une personne du nom de Al-Yamâma : Elle doit son nom à une servante Zarqâ qui voyait un cavalier à une distance de trois jours. C’est pour cela que le proverbe dit : Il voit mieux que Zarqâ’ Al-Yamâma . On l’appelait donc Al-Yamâma parce qu’on la comparait souvent à ce personnage. Fin de citation.
Dans son ouvrage Al-A’lâm, Al-Ziriklî l’a mentionné à la lettre Z : Zarqâ.
On a posé cette question à cheikh Al-‘Uthaymîn : Certains médecins affirment que le khôl nuit aux yeux et conseillent de ne pas l’utiliser. Que leur dites-vous ? Sa réponse :
Al-Ithmid est connu, c’est un bon produit qui est très utile pour les yeux. En revanche, je ne sais rien des autres types de khôl. Aussi, les médecins dignes de confiance sont nos référents sur cette question. Aussi, on rapporte que Zarqâ’ Al-Yamâma, la femme qui voyait à une distance de trois jours, avait les yeux marqués des traces de ithmid quand elle fut tuée. Fin de citation.
Les livres relatifs au dogme et à la jurisprudence font également mention de Zarqâ’ Al-Yamâma.
Dans les livres de dogme, par exemple, celui de Al-Hulaymi intitulé Al-Manhaj Fî Shu’ab Al-Îmân, en expliquant l’acuité de la vue du Prophète, , qui pouvait voir des choses de très loin. Il dit : Il est bien connu la qualité de la vue des gens varient et peut être de degrés très différents. On dit même que Zarqâ’ Al-Yamâma voyait à une distance de trois jours, et son histoire à ce sujet est bien connue. Fin de citation.
Dans les livres de jurisprudence, par exemple : celui de cheikh Al-‘Uthaymîn, Al-Sharh Al-Mumti’, en expliquant la condition à respecter concernant la distance à laquelle il faut s’éloigner des habitations pour bénéficier des dérogations du statut du voyageur. Il dit : Quitter les habitations de sa contrée ne signifie pas qu’elles soient hors de vue car dans ce cas, on pourrait encore les voir après avoir fait un long chemin. On rapporte même que Zarqâ’ Al-Yamâma voyait à une distance de trois jours. Ce qu’on entend par l’expression quitter les habitations de sa ville c’est quitter la ville physiquement, et non pas ne plus les voir de ses yeux. Si un homme dépassait les habitations de sa ville ne serait-ce que d’une coudée, on considérerait qu’il a effectivement quitté sa ville. Fin de citation.
Pour ce qui est rapporté en lien avec Amina, nous ne pensons pas que ce récit soit fondé. L’espace de temps qui sépare la disparition des tribus de Tasm et Jadis et celles de Bani Hâshim, voire celle de Quraysh est vraiment trop important pour que cette affirmation soit vraie.
Pour ce qui est du fait qu’elle soit juive, nous n’avons aucune connaissance à ce sujet.
Enfin, pour ce qui est du jeu mentionné dans la question, si rien d’autre que le soldat appelé du nom de Zarqâ’ Al-Yamâma n’est à signaler, alors il n’y a en cela aucun mal. Par contre, nous avons déjà expliquer les critères de licéité des jeux électroniques et ceux qui sont interdits dans des fatwas précédentes.


Et Allah sait mieux.
 

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