Règles relatives au délaissement par oubli de l'un des piliers de la prière Fatwa No: 402109
- Fatwa Date:28-8-2019
Je sais qu’il n’est pas permis de revenir effectuer un des piliers qu’on a oublié de faire dans une Rak’at quand on a commencé à réciter la sourate al-Fatiha de la Rak’at suivante. Mais j’ai oublié et je suis revenu faire une prosternation (Sujud) que j’avais oublié de faire. Et durant cette prosternation, je me suis souvenu que cela n’était pas permis dans ce cas. Ma question est donc : Qu’aurais-je du faire quand je me suis rendu compte de mon erreur. Refaire ma prière à nouveau vu qu’elle est invalide ou la poursuivre ? Et si je devais la poursuivre, qu’aurais-je du faire à ce moment ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Quand on oublie un des piliers de la prière comme la prosternation par exemple, et qu’on a la possibilité de le refaire, alors il faut le refaire ainsi que les actes qui le suivent. Mais s’il n’est pas possible de le refaire alors on ne prendra pas en considération cette Rak’at et on en refera une autre à sa place. Et à la fin de la prière on effectuera les deux prosternations de l’oubli.
L’information que vous nous exposez disant qu’il n’est pas permis de revenir accomplir un des piliers qu’on a oublié de faire alors qu’on a débuté la lecture de la sourate al-Fatiha dans la Rak’at suivante correspond à l’avis soutenu par les tenants de l’école hanbalite. Pour les malikites, on ne peut plus revenir faire ce pilier oublié si on est parvenu à l’inclinaison ( Ruku’) de la Rak’at suivante.
Al-Hajâwî le hanbalite a dit dans son livre intitulé Zâd al-Mustaqni’ : Si on délaisse un pilier et qu’on s’en souvient après avoir débuté la lecture dans la Rak’at suivante alors la Rak’at qui comporte un oubli ne doit pas être prise en compte. Mais si on s’en souvient avant de commencer la lecture dans la Rak’at suivante alors il est obligatoire de revenir tout de suite effectué ce pilier oublié. Il doit le refaire ainsi que tous les actes qui le suivent. Et s’il ne s’en souvient qu’après les salutations finales, c’est comme s’il avait délaissé la Rak’at dans son intégralité. Fin de citation.
Dans ses commentaires de cet ouvrage, le Cheikh al-‘Uthaymin, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : et qu’on s’en souvient après avoir débuté la lecture dans la Rak’at suivante alors la Rak’at qui comporte un oubli ne doit pas être prise en compte même si le terme arabe employé est Batalat qui signifie initialement invalide, on doit le comprendre ici dans le sens qu’elle ne compte pas. Car si on considérait que la Rak’at est invalide il devrait alors sortir de la prière. Cette expression est donc à prendre selon le sens énoncé à savoir qu’on ne doit pas la prendre en compte. C’est la Rak’at suivante qui prendra lieu et place de celle où un pilier n’a pas été accompli. Et ceci est valable dans le cas où il a déjà débuté la récitation dans la Rak’at suivante.
Donnons un exemple pour illustrer ce cas : un homme prie et effectue la première prosternation de la première Rak’at puis se lève pour faire la deuxième Rak’at et commence à réciter la sourate al-Fatiha. Il se souvient alors qu’il ne s’est prosterné qu’une seue fois. Il a donc délaissé deux piliers, la position assise entre les deux prosternations et la deuxième prosternation. Nous lui disons alors : il t’est interdit de revenir effectué les piliers oubliés car tu en as déjà entamé un pilier de la Rak’at suivante. Tu ne peux donc pas revenir en arrière. Par contre, ce qu’il faut faire dans ce cas, c’est ne pas prendre en compte cette première Rak’at et considérer que c’est la deuxième qui prend sa place.
Donnons un autre exemple : un homme faisant la prière du Dhohr se relève pour effectuer la quatrième Rak’at et commence à réciter la Fatiha. Il se souvient alors qu’il a oublié de faire la deuxième prosternation de la troisième Rak’at. Il ne doit donc pas prendre en compte la troisième Rak’at mais considérer que la quatrième est effectuée à la place de la troisième. Et ce, parce qu’il avait débuté la récitation dans la quatrième Rak’at.
L’avis que nous venions d’illustrer par ces deux exemples est celui soutenu par al-Hajâwî, l’auteur du livre Zâd al-Mustaqni’. Il y a cependant un deuxième avis sur cette question qui est le suivant : quand on a oublié un des piliers d’une Rak’at, on peut toujours revenir effectuer le pilier oublié tant qu’on n’est pas parvenu à accomplir ce même pilier dans la Rak’at suivante. Et selon cet avis, notre homme doit obligatoirement revenir accomplir le pilier oublié tant qu’il n’a pas encore accompli ce même pilier de la Rak’at suivante. Reprenons le premier exemple que nous avons cité. Quand le fidèle s’est relevé pour effectuer la deuxième Rak’at et a commencé à réciter la Fatiha il s’est souvenu qu’il ne s’était prosterné dans la première Rak’at qu’une seule fois. Nous lui disons : reviens effectuer la position assise et la deuxième prosternation qui sont les deux piliers que tu avais oubliés de faire puis poursuis ta prière. Cet avis est le plus juste des deux sur cette question. En effet, car tous les actes de la prière qui ont été accompli après le pilier oublié ne l’ont pas été comme il convient car l’ordre dans lequel ces actes doivent être accomplis est une condition qui doit être respectée. Et s’ils n’ont pas été accomplis dans l’ordre alors il n’est pas permis de poursuivre ainsi sa prière. On doit plutôt revenir faire le pilier oublié.
On peut dire la même chose de quelqu’un qui fait ses ablutions et oublie de se laver le visage et se met à passer ses mains mouillées sur sa tête. Il se souvient alors qu’il a oublié de se laver le visage. Il doit alors laver son visage et ensuite les autres membres qu’il doit laver, dans l’ordre prescrit.
Revenons à notre fidèle en prière. S’il est arrivé dans la deuxième Rak’at à accomplir le même pilier qu’il avait oublié dans la première, il ne doit pas revenir le faire car cela ne représente aucun intérêt puisqu’en le faisant il reviendrait exactement au même point. Et la deuxième Rak’at devient de toute façon la première. Je reformule ici notre exemple, si notre homme au cours de la deuxième Rak’at arrive à la première prosternation, il se souvient alors qu’au cours de la première Rak’at il n’a fait que la première prosternation et a oublié la seconde. Il ne lui sert à rien de revenir faire cette prosternation oubliée car il est actuellement dans la même position pour le faire. C’est pourquoi cet avis est selon nous le plus juste des deux. Il faut donc revenir effectué un pilier oublié tant que l’on n’est pas arrivé à effectuer ce même pilier dans la Rak’at suivante. Mais si c’est le cas alors cette Rak’at prendra la place de la précédente qui ne devra pas être pris en ligne de compte. Fin de citation. Tiré du livre Charh al-mumti’.
Le développement de cette question apporté par Cheikh al-‘Uthaymin est très bon et adéquat pour expliquer la question que vous avez posée.
Et Allah sait mieux.