Récupérer ce qu’on a prêté
Fatwa No: 413770

Question

Mon fils est plus petit que celui de ma sœur. Alors qu’il était encore petit, je lui ai donné quelques vêtements pour que son fils puisse les porter et qu’elle me les rende par la suite. J’ai fait cela sans consulter mon mari pour savoir ce que je pouvais ou non leur prêter.Mon mari en est gêné car ma sœur et son mari ne sont pas reconnaissants. Plus encore, ils nous envient alors que leur situation matérielle est bien meilleure que la notre. Bien des gens mériteraient plus qu’eux de recevoir ces vêtements si nous souhaitions en faire l‘aumône.Que pouvons-nous faire dans cette situation ? Mon mari m’a dit : Ce n’est pas grave mais je garde un ressentiment parce qu’il s’agit de beaucoup de biens qui sont en parfait état et eux ne sont pas reconnaissants et en plus de cela ils nous envient. Après que mon mari m’ait clarifié la situation, je n’étais pas contente du tout et même gênée.Récupérer ce qu’on leur a donné a-t-il le même statut que de revenir sur un don alors que je lui ai donné ces vêtements pour qu’elle les porte et me les rende par la suite ? Qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons : Un principe de base admet que vous n’avez pas à donner ou prêter les affaires de votre enfant sans l’accord de votre époux. Ceci dit, à partir du moment où il vous a dit que ce que vous avez fait n’est pas grave il n’y a pas lieu d’être gênée pour cela. Aussi, vu que vous lui aviez remis ces vêtements pour qu’elle les utilise et vous les rende après en avoir profité, cela ne peut être considéré comme un don mais il s’agit d’un prêt. Et récupérer ce qu’on a prêté est permis selon la majorité des savants, sauf les malikites. Ibn Qudâma, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Al-Mughnî : ‘ Celui qui a prêté un objet peut le récupérer quand il le veut. Qu’il l’ait prêté pour une durée déterminée ou non, tant que cela ne cause pas de tort en le récupérant. C’est l’avis que soutient Abu Hanifa et Shafi’i. Quant à Malik, il est d’avis que si l’objet a été prêté pour une durée précise alors on ne peut le récupérer avant le moment sur lequel on s’est entendu. Mais si aucune durée n’a été mentionnée lors du prêt, on devra laisser cet objet à la personne le temps nécessaire pour qu’elle l’utilise comme il se doit selon l’usage en vigueur. En effet, le propriétaire de l’objet l’a mis à disposition pour un temps. Le bien est donc en possession de l’autre selon un contrat qui lui permet de profiter de ce bien. Il ne peut donc pas le récupérer sans son accord.’ Fin de citation. Selon l’avis de la majorité des savants, il est permis de récupérer un bien prêté. Ceci dit, nous vous conseillons de ne pas récupérer ces biens pour préserver l’amour filial qui vous lie à eux et pour couper court à la voie du diable qui ne cherche qu’à semer le mal et la haine entre les gens. Et à supposé que ces gens vous jalousent, être bienfaisant à leur égard est un remède à cette jalousie. Al-Ghazâlî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Ihiâ ‘Ulûm Al-Dîn : ‘ Faire preuve de complaisance, en se forçant à le faire ou de façon naturelle, permet de briser la haine qui peut exister entre deux parties, contribue à diminuer la présence de ce sentiment et permet aux cœurs de retrouver entente et amour cordial. C’est ainsi que ces cœurs peuvent trouver le repos de la douleur de la jalousie, de l’angoisse et de la haine réciproque.’ Fin de citation. Et Allah sait mieux.

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