Décret du conseil de la fatwa européen dans les pays où il n’existe pas d’assurance solidaire Fatwa No: 421291
- Fatwa Date:21-7-2020
J’ai acheté une voiture il y a un certain temps et j’ai souscrit à deux assurances. La première est obligatoire (concernant autrui) et la deuxième est optionnelle (et concerne sa propre personne). Depuis tout petit, je savais que cela était interdit. En grandissant, ma mémoire m’a fait défaut. Mais si on me l’avait rappelé je m’en serais souvenu. De plus, je n’avais jamais eu à m’assurer jusque-là et il ne m’était jamais venu à l’esprit que cela était interdit quand je l’ai fait. J’ai eu un accident de la route et j’ai utilisé les deux assurances, toujours sans me souvenir que cela était interdit. Ce n’est que par la suite que je m’en suis souvenu et je me suis donc rendu compte que j’avais eu recours aux assurances alors que c’est interdit. J’ai fait une recherche et eu la confirmation que cela est bel et bien interdit. J’ai maintenant trois questions :
La première : En ce qui concerne la personne avec laquelle j’ai eu un accident, elle a utilisé mon assurance obligatoire, tel que le prévoit le système établi par l’état. Et vu que j’avais oublié le statut de l’assurance, il ne m’est pas venu en tête de compenser les dégâts causés à mes frais à ce moment. Il a réparé son véhicule via mon assurance obligatoire, que m’incombe-t-il de faire au vu de la religion ?
La deuxième : Je me suis présenté à mon agence avec mon véhicule et ils ont pris en charge toutes les réparations en raison de mon assurance optionnelle. Je l’ai ensuite récupérée alors que je n’étais absolument pas conscient que cela était interdit. Là encore, que m’incombe-t-il de faire au vu de la religion ? On m’a dit que je devais demander à l’agence le montant des frais de réparation et leur restituer ce montant. Or, une telle pratique n’existe pas dans les sociétés d’assurance (je veux dire qu’une personne se présente après un certain temps et leur dise : je veux vous rendre la somme qui correspond aux frais que vous avez engagé pour la réparation de mon véhicule). Et à supposer que je le fasse et que l’employé accepte de prendre mon argent, rien ne garantit que cet employé, ou même le directeur d’agence, ne garde l’argent pour lui-même. Il n’existe pas d’opération de ce type qui soit officielle. Et je ne pense pas qu’une société aussi importante que peut l’être une société d’assurance me donnerait l’occasion de le faire ?
La troisième : Est-ce que l’assurance est interdite dans tous les cas de figure ? Nous vivons une époque où très franchement, tout est devenu cher. Le système mis en place par l’état fait en sorte que tout le monde doit être assuré même sans que cela ne soit obligatoire. En effet, sans assurance, les prix sont tellement élevés. Quel est donc le statut religieux de cette question ?
Qu’Allah vous récompense par un bien.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons : Il est à priori interdit de souscrire à une assurance commerciale optionnelle. Qu’il s’agisse d’une voiture ou autre. Pourtant, on peut être excusé dans certaines situations. Surtout si le besoin d’y recourir concerne l’ensemble de la population comme c’est le cas des minorités musulmanes en Occident vu qu’aucun substitut conforme aux règles de l’islam n’existe. Et au vu de votre question, vous résidez en Occident où il n’existe pas de système d’assurance solidaire. Les décrets 6 et 7 du conseil européen de la fatwa stipule ceci : ‘ Il y a des cas et des environnements qui impliquent de trouver des solutions pour remédier à des problèmes spécifiques et répondre à des exigences. Surtout pour les musulmans en Europe où l’assurance commerciale y prévaut. Et aussi, par ce qu’il y a un besoin impératif d’y recourir pour se prémunir des dangers, sous toutes leurs formes, auxquels les gens sont exposés dans leur vie quotidienne. Etant donné qu’il n’existe pas de substitut islamique – une assurance solidaire – et qu’il est difficile d’en mettre une en place actuellement. Le conseil européen statue qu’il est permis de souscrire à une assurance commerciale dans les cas suivants et similaires : 1- Les cas où la loi en vigueur dans le pays nous oblige à nous assurer comme ce peut être le cas pour les voitures, les machines, le matériel, les employés, les salariés, l’assurance sociale ou de retraite. Certaines assurances santé ou étudiantes. 2- Les cas où on a besoin de s’assurer pour se prémunir de toute situation causant une gêne ou une difficulté accrue. De sorte que l’assurance prenne en charge les dangers qui en résulteraient. Dont, entre autre : - Les assurances des structures et des institutions musulmanes comme les mosquées, les centres culturels, les écoles, etc. - Les assurances automobiles, des machines, du matériel, des organismes professionnels et commerciaux pour se protéger des préjudices difficiles à couvrir financièrement comme les incendies, les vols et toutes autres formes de difficultés. - Les assurances médicales pour éviter à l’assuré et aux membres de sa famille d’avoir à supporter des honoraires extrêmement élevés en cas d’accident, de maladie. Ceci dans les cas où il n’existe pas de couverture de santé gratuite, que celle-ci n’est mise à disposition que dans des délais trop longs ou quand les prestations de santé ne sont que de trop faible qualité.’ Fin de citation. En conséquence, vous n’êtes coupable d’aucun péché – si Allah le veut- en souscrivant à une assurance optionnelle et à en profiter selon ce qui est dit dans ce décret. Vous n’avez pas non plus à vous débarrasser d’une partie de votre argent ou à revenir à la société d’assurance comme vous l’avez mentionné. Et Allah sait mieux.