Ouvrir un compte sur les réseaux sociaux pour prêcher avec l’intention d’en tirer des gains Fatwa No: 448846
- Fatwa Date:27-1-2022
Quel est le statut concernant des filles qui diffusent leurs photos sur les réseaux sociaux comme Instagram et autres réseaux similaires. Avec, comme prétexte, appeler les gens à porter le voile et des vêtements amples. Ceci, en sélectionnant des versets du Coran qui vont dans ce sens en prenant en considération que ces photos seront publiques et vues par des jeunes garçons et des jeunes filles et que celles qui les diffuseront sont des filles qui n’ont pas de formes.
La question est : Quel est le statut si l’objectif est d’utiliser la religion et des versets du Coran pour augmenter le nombre de followers et d’être en contact avec eux dans le but de gagner de l’argent ?
Et quel est le statut si l’objectif est prédicatif et vise à inviter les gens à porter le voile et des vêtements larges à travers des photos personnelles. Si notre intention est sincère ?
Et est-ce qu’il est permis de prêcher la religion à travers des photos personnelles en utilisant les particularités de l’application : plus le nombre de followers sur mon profil et de j’aime sur les photos est important et plus cela attire les sociétés publicitaires pour y faire des annonces commerciales. Les gains sont donc acquis en fonction des photos personnelles qui ont initialement été diffusées pour inviter les gens à porter le voile et des vêtements décents. Si notre intention est sincère en prenant en considération que ces photos sont publiques ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il n’est pas permis à une femme de diffuser des photos d’elle dans lesquelles elle exhibe ce que les hommes n’ont pas le droit de voir. Avoir comme objectif d’inviter les gens à porter le voile ne justifie pas de diffuser ces photos interdites. De même, écrire des versets du Coran sur ces photos est interdit comme cela a été dit dans la fatwa 273097.
Ouvrir un compte de prédication de la religion en ayant pour seul intention de multiplier le nombre de follower pour tirer des gains pécuniaires de ce compte sans se soucier de la récompense divine est un acte blâmable. Cela entre dans le cadre de la recherche de ce bas monde par des actes de l’au-delà. Aucun musulman ne peut penser agir ainsi.
Par contre, ouvrir un compte dans le but de se rapprocher d’Allah pour diffuser le bien et prêcher la religion d’Allah avec l’intention d’en tirer des bénéfices et gagner de l’argent, il n’y a pas de mal à le faire. Le propriétaire du compte sera récompensé si Allah le veut.
Ibn Rajab a dit : Si, par exemple, le fidèle a l’intention de combattre pour Allah et, en même temps, l’intention de faire autre chose sans que cela ne soit de l’ostentation, alors la récompense de son œuvre n’est pas complétement annulée. Dans Sahih Muslim, selon Abdullah ibn Amr, le Prophète, , a dit : Si des combattants prennent du butin, ils auront pris en ce monde les deux tiers de leur récompense. S’ils ne prennent rien du butin, ils auront droit dans l’au-delà à leur récompense complete. Fin de citation.
Nous avons mentionné précédemment les hadiths qui prouvent que celui qui veut combattre pour un objectif mondain n’aura aucune récompense. Parmi ces hadiths : celui de Abu Horayra : un homme est venu et dit : Ô messager d’Allah, un homme veut participer à la guerre avec pour intention d’obtenir un bien mondain ? Le Prophète, , lui dit : Il n’aura droit à aucune récompense. L’homme posa la même question à trois reprises et il reçut en retour la même réponse : Il n’aura droit à aucune recompense.
On doit comprendre de ces hadiths que l’homme en question n’avait pas d’autre objectif en participant au combat que d’obtenir des biens de ce monde.
L’imam Ahmad a dit : Le commerçant, celui qui loue un équipement ou le fait louer, obtiendront leur récompense en fonction de l’intention qu’ils avaient en participant aux combats. Leur récompense ne sera pas la même que ceux qui y auront participé en dépensant de leurs biens et de leurs personnes dans ce seul objectif d’obtenir la récompense divine.
Il dit aussi concernant celui qui prend un salaire pour participer à la guerre : S’il n’y participe pas pour gagner de l’argent alors il n’y a pas de mal à ce qu’il le prenne. C’est comme s’il y a avait participé uniquement dans un but religieux et si on lui en donne alors il le prend.
C’est ce qui a aussi été rapporté de Abdullah ibn Omar : Si l’un d’entre vous a l’intention de participer aux combats et qu’Allah compense sa participation en lui octroyant une subsistance alors il n’y a aucun mal à ce qu’il la prenne. Par contre si un homme y participe si on lui donne de l’argent et s’abstient d’y aller si on ne lui donne rien alors il n’y a aucun bien en lui. Fin de citation tirée du livre Jâmi’ Al-‘Ulûm Wa Al-Hikam.
Al-Haytami a dit :
Un acte peut être accompli par ostentation avec la seule intention d’obtenir un bien mondain, même si celui-ci est permis. Agir ainsi est interdit et ne procure aucune récompense. Un acte peut aussi être partiellement entaché d’ostentation. Il ne procure lui aussi aucune récompense à son auteur conformément au hadith : Que celui donc qui M’associe à un autre dans l’une de ses œuvres sache que Je me désavoue de lui et que son œuvre revient à l’associé qu’il m’a donné.
Al-Ghazâlî a compris ce hadith dans le sens où l’œuvre accomplie autant pour Allah que pour autre que lui, concerne les objectifs mondains accomplis sans ostentation. Pour lui, de telles œuvres n’ont absolument aucune incidence sur l’annulation de la récompense. C’est ce qu’indique les paroles de Shâfi’i et des savants de son école : Celui qui accomplit le pèlerinage avec l’intention de faire aussi du commerce sera récompensé en proportion de son intention à faire le pèlerinage. On en déduit que celui qui participe aux combats pour élever la parole divine et y obtient une part du butin alors sa récompense sera diminué mais pas complétement annulée. Et ce, conformément au hadith rapporté par Mouslim : Si des combattants prennent du butin, ils auront pris en ce monde les deux tiers de leur récompense. S’ils ne prennent rien du butin, ils auront droit dans l’au-delà à leur récompense complete.
Ainsi, il apparait clairement que les nombreux hadiths qui stipulent que le guerrier qui participe aux combats dans un objectif mondain verra sa récompense annulée doit être compris dans le cas où, en y participant, il le fait uniquement pour un objectif mondain. Fin de citation tirée de son ouvrage : Al-Fath Al-Mubîn Fî Sharh Al-Arb’în.
Et Allah sait mieux.