Question
Je me suis marié officieusement avec une fille qui a été adoptée. Elle n’avait pas de tuteur et j’ai chargé un homme d’être son tuteur. Il a menti devant l’imam en disant que c’était son frère. C’était en 2010. De ce mariage, nous avons eu une fille en 2012. C’est ma deuxième épouse mais je l’ai divorcée trois fois dans le même instant en 2019.
Je souhaite la reprendre en tant qu’épouse. Je me suis renseigné auprès d’imams pour savoir comment procéder et la fatwa qu’ils m’ont délivrée est que je pouvais la reprendre en tant qu’épouse par un nouveau contrat de mariage et une nouvelle dot. Et vu qu’elle n’a pas de tuteur, ils m’ont conseillé de le faire devant les tribunaux.
Aussi, en revenant à ces tribunaux, ils m’ont informé qu’il n’y a pas de formulation juridique qui correspond à ma situation et je me suis donc contenté d’enregistrer le mariage par le biais du tribunal. Que dois-je faire ?
Qu’Allah vous récompense par un bien.
Réponse
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Selon l’avis que nous considérons être prépondérant, l’accord du tuteur de l’épouse est une condition de validité du mariage. C’est l’avis de la majorité des savants.
C’est le gouverneur qui doit marier la fille qui n’a pas de tuteur, ou éventuellement celui qui a le pouvoir de tenir son rôle comme le cadi. Et ce, conformément au hadith de Aisha, qu’Allah soit satisfait d’elle, qui rapporte que le Prophète, , a dit : Le gouverneur est le tuteur de qui n’en a pas.
Que cet homme ait prétendu être son frère ne fait pas de lui son tuteur pour autant. A partir de là, ce mariage est invalide puisqu’il a été contracté sans tuteur. Ceci dit, la fille qui est née de ce mariage vous est affiliée car elle est issue d’un mariage sujet à ambiguïté puisqu’il était invalide sans que les époux ne le sachent.
Dans le livre Al-Fatâwa Al-Kubrâ, cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit – après avoir été interrogé sur le cas d’un homme qui s’est marié avec une femme sans tuteur ni témoin - : S’ils avaient tous les deux pour conviction que le mariage qu’ils ont contracté était valide alors le rapport sexuel qu’ils ont eu est considéré comme résultant d’une confusion suite à un contrat invalide. L’enfant qui naît de ce rapport lui est affilié et l’enfant hérite de son père. Fin de citation.
Et le divorce d’un tel mariage est effectif, même si ce mariage est invalide.
Un divorce prononcé successivement à trois reprises dans le même instant compte pour trois divorces selon l’avis de la majorité des savants. Et c’est selon cet avis que nous émettons nos fatwas. Ibn Taymiyya considère que cela ne compte que pour un seul divorce. Si une personne de confiance vous a émis une fatwa indiquant que le divorce que vous avez prononcé ne compte qu’un seul divorce alors il n’y a aucun mal à cela et vous pouvez tout à fait agir en fonction de ce qu’il vous a dit.
Si vous souhaitez vous mariez avec cette femme à nouveau vous pouvez tout à fait le faire. Ceci dit, nous n’avons pas très bien compris ce que vous avez voulu dire à la fin de votre question concernant le tribunal. Ainsi, si vous n’avez trouvé aucune solution pour vous marier avec elle par le biais du tribunal alors vous pouvez le faire conformément à ce qui a été rapporté de Malik qui autorise à ce qu’un homme prenne en charge le tutorat d’une fille faible.
Dans son exégèse intitulé Al-Jâmi’ Li Ahkâm Al-Qurân, Al-Qortobî a dit : Malik a dit concernant une fille dans une situation précaire que son tutorat doit être confié à un homme qui se chargera de la marier et fera office de tuteur pour elle. Elle est dans un cas qui correspond à celui qui ne peut être pris en charge par le gouverneur c’est donc comme si aucun gouverneur n’était présent. C’est donc de façon générale, les musulmans dans leur ensemble qui sont son tuteur. Fin de citation.
Nous vous conseillons de mener avec elle une vie conjugale convenable et d’œuvrer tous les deux pour faire tout ce qui contribuera à la stabilité de la famille. Que le respect soit à la tête de vos relations et que chacun reconnaisse le droit de l’autre.
Et Allah sait mieux.