Explication du verset 181/2 sur le testament Fatwa No: 452395
- Fatwa Date:24-1-2022
Assalam alaykoum,
 Quiconque l’altère après l’avoir entendu, le péché ne reposera que sur ceux qui l’ont altéré, certes, Allah est Celui qui entend tout, l’Omniscient . Coran 2/181
Pourriez-vous m’expliquer ce verset s’il vous plaît, clarifier à quoi il fait référence et comment il est applicable à nos vies quotidiennes, notamment sur la présence de témoins, sur des volontés ou des recommandations d’une personne décédée, par exemple.
Barak Allah fikom
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Ce noble verset s’inscrit dans le cadre suivant : mettre en garde contre le fait de modifier, ajouter ou retrancher des clauses d’un testament laissé par un défunt. Ceci, parce que dans le verset précédent, Allah a prescrit à celui qui, au seuil de la mort, laisse des richesses, de faire un testament équitable au profit de ses père et mère et de ses proches parents. Or, le testament au profit des père et mère et des proches parents qui ont droit à l’héritage a été abrogé suite à la révélation du verset relatif aux règles de l’héritage par la déclaration du Prophète () qui a dit : Allah a déterminé pour chaque héritier la part qui lui revient de droit, il n’est donc pas permis de léguer une part de ses biens à un de ses héritiers. . Rapporté par Ahmad, Tirmidhi, Ibn Mâjah et Abû Dâwûd. Il reste néanmoins tout à fait légal de faire un testament en faveur d’un proche parent qui ne fait pas partie des héritiers.
Une fois prescrit le testament au profit des père et mère et des proches parents, Allah met en garde dans le verset suivant celui qui l’a entendu, en a été témoin et l’a bien compris d’en modifier les clauses. Allah dit : Quiconque en modifie les dispositions (du testament) après en avoir eu connaissance supportera seul les conséquences de son acte. Allah, en vérité, entend tout et sait tout. (Coran 2/181).
Ibn Kathir dit au sujet de ce verset : C’est-à-dire celui qui modifie les clauses du testament, les altère, en change les règles, que ce soit par ajout ou diminution de son contenu – entre dans ce cadre, à plus forte raison, celui qui dissimule le testament aux gens – alors cette personne est coupable de péché. Ibn Abbâs et d’autres ont dit : Allah récompensera le testateur et le péché sera à la charge de ceux qui auront modifié le contenu du testament. Allah, en vérité, entend tout et sait tout : c’est-à-dire qu’Il a une parfaite connaissance des clauses du testament et des modifications apportées par ceux à qui il a été dicté. Fin de citation.
Dans son exégèse Fath al-Qadîr, al-Chawkânî a dit : Ce verset est une sévère menace adressée à ceux qui modifient un testament conforme à ce qui est requis, soit, qui ne comporte aucune clause injuste ou préjudice. Ainsi, le péché revient uniquement à celui qui l’a modifié, le testateur n’étant pas du tout concerné par cette menace puisqu’il s’est dégagé de toute responsabilité en dictant son testament à ceux qui l’ont consigné. Al-Qurtubî a dit : Il n’y a aucune divergence entre les savants qui affirment tous qu’il est permis de modifier les clauses d’un testament si celui-ci recommande de léguer des biens qui sont interdits comme de l’alcool ou du porc ou toute autre chose qui constitue un péché. Il n’est pas permis d’en valider les clauses en le signant, ni dans le cas ou plus du tiers des biens est légué. Fin de citation.
Ces règles sont immuables et n’ont pas été abrogées. Celui à qui on a dicté le testament et délégué la charge de le mettre en application devra le faire comme il l’a entendu du défunt. S’il en modifie les clauses, les change, en ajoute ou en diminue alors il commet un péché. Ceci à l’exception du cas où ce testament comporterait une injustice et qu’il l’a corrigé conformément aux règles de la religion. Dans ce cas-là il n’est coupable d’aucun péché en vertu du verset suivant : Quiconque toutefois, témoin d’une injustice délibérée ou involontaire de la part du testateur, décide de corriger le testament d’un commun accord avec les héritiers, ne commet aucun péché. Allah, en vérité, est Très Clément et Très Miséricordieux. (Coran 2/182).
Dans l’ouvrage Al-Tafsîr al-Wasît, ce verset est expliqué ainsi : Le sens de ce verset est comme suit : il se peut qu’un testateur commette une injustice en dictant les clauses de son testament. Par exemple, en léguant tout ou partie de ses biens au mari de sa fille ou au fils de sa fille pour qu’elle n’y ait pas droit dans l’intention de l’en priver ; ou en léguant à un parent lointain en privant un parent bien plus proche. Aussi, tout musulman qui prend connaissance d’une telle injustice et corrige les clauses du testament de façon à rééquilibrer les parts de chacun pour qu’aucun des ayant droits ne soit lésé alors il ne commet aucun péché en le faisant et en n’appliquant pas strictement ses clauses puisqu’elles comportent une injustice. Aussi, il n’est pas concerné par la menace divine de ce verset puisque c’est une modification qui n’avait d’autre objectif que l’intérêt général et non pas pour suivre ses passions. Fin de citation.
Et Allah sait mieux.