Le proche d’une personne agressée a-t-il le droit de rendre la pareille ? Fatwa No: 458449
- Fatwa Date:11-6-2023
Si un homme a agressé mon frère ou ma sœur par exemple, est-ce que je peux à mon tour l’agresser comme il l’a fait ou est-ce uniquement celui qui a été objet de l’agression qui a le droit de le faire ?
Qu’Allah vous récompense par un bien.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Celui qui a subi l’agression est celui qui est en droit d’agir, que ce soit en pardonnant l’auteur de l’agression ou en réclamant l’application du talion. La règle énoncée par les juristes malgré une divergence en fonction de leur école stipule : Celui qui ne dispose pas du droit de pardonner ne dispose pas du droit de prendre son dû. C’est ce qu’a mentionné Ibn Qudâma dans son livre Al-Mughnî, Al-Rûyânî – de l’école Shâfi’ite - dans Bahr Al-Madhhab et Al-‘Aynî – de l’école Hanafite – dans Al-Binâya.
Le sens de cette règle juridique, comme l’explique Mohammed Sidqî dans Mawsû’a Al-Qawâ’id Al-Fiqhiyya est : Celui qui ne possède pas le droit d’annuler le droit qu’il a sur autrui ne possède pas le droit de le prendre. Seul celui qui possède ce droit peut l’annuler ou le laisser. Fin de citation.
En conséquence, celui qui n’a pas subi l’agression n’a pas le droit de se faire réparation vis-à-vis de l’agresseur ou de réclamer l’application du talion.
Avec ceci, nous attirons l’attention sur le fait que l’application du talion ne peut se faire que si les autorités spécialisées comme les tribunaux religieux, les cadis et autres permettent de le faire. Un homme ne peut s’arroger ce droit de son propre chef ni appliquer le talion lui-même puisqu’il n’est pas garanti qu’il applique le talion dans des proportions abusives de même qu’il n’est pas garanti que survienne un différend et un conflit au sujet de la juste application du talion.
C’est pourquoi Al-Shîrâzî a dit dans Al-Muhadhdhab : Il n’est pas permis d’appliquer le talion que par les autorités compétentes puisque ce statut émane d’un effort de compréhension des textes et de la situation et rien ne garantit qu’avec la volonté d’apaiser sa soif de vengeance, il y ait une application abusive du talion. Fin de citation.
De nombreux savants ont approuvé cette position. Certains ont même interdit au gouverneur de permettre à une victime d’appliquer elle-même le talion pour des faits moindres que la peine capitale.
C’est l’avis des écoles Malikites et Shâfi’ites et un des avis rapportés de l’école Hanbalite. Ils affirment : Ceci parce qu’on ne peut pas garantir qu’avec la soif de vengeance, des dommages plus importants soient causés et qu’on ne puisse pas y remédier. Comme cela a été dit dans Al-Mawsû’a Al-Fiqhiyya.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit : Il est possible qu’on ne permette pas à la victime d’appliquer elle-même le talion et de désigner pour ce faire celui qui est délégué par le gouverneur ou la victime. Cet avis est celui de Shâfi’i. La raison qui le motive est qu’on n’a pas la garanti qu’avec l’animosité et la soif de vengeance, la victime commette des dommages irrémédiables, ce qui pourrait conduire à des conflits et des différends où l’un prétendrait que l’application de la sanction a été disproportionnée et l’autre partie de nier. Fin de citation
Si l’injustice subie fut une insulte ou une injure alors il est possible que le fidèle se rende justice lui-même en lui rendant la pareille. Et personne d’autre que lui n’a le droit de le faire. Le mieux étant de pardonner.
Dans Al-Siâsa Al-Shar’iyya, Ibn Taymiyya a dit : Le talion est légiféré en ce qui concerne ce qui touche à l’honneur : si un homme maudit un autre ou fait une invocation contre lui alors il peut lui rendre la pareille. Ainsi en est-il s’il l’insulte, il peut l’insulter à son tour sans mentir. Le mieux étant de pardonner. Allah, exalté soit-Il, dit :
Quiconque, en effet, subit un tort peut y répondre de manière proportionnée. Celui, toutefois, qui privilégiera le pardon et la réconciliation en sera récompensé par Allah qui n’aime pas les êtres injustes. (Coran 42/40). Fin de citation.
Et Allah sait mieux.