Depuis quelque temps, certaines personnes dans les médias et parmi les jeunes qualifient telle ou telle personne de martyr, ayant le Paradis comme demeure. Est-il permis selon les sunnites de dire de telles choses ? Merci de nous informer de l'avis des oulémas sur cette question, notamment Ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, et son élève ainsi que des preuves existant à ce sujet. Concernant les personnes à qui le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a témoigné d'un statut de martyr, comme celui qui meurt d'une maladie au ventre, ce statut dépend-t-il de leur piété, ou bien peuvent-t-ils être des mécréants ou des musulmans dépravés ? Merci.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Selon Ahlou Sunna wal-Djamâ'a, il n'est pas permis de porter un jugement sur un musulman en particulier en disant qu'il fait partie des gens du Paradis ou de l'Enfer, sauf si un texte religieux l'indique de manière claire. Cependant, on peut espérer que les pieux aient le Paradis pour demeure et craindre que les personnes déviantes aient l'Enfer pour demeure. Les sunnites croient que celui qui meurt en étant musulman et qui ne donnait pas d'associés à Allah, exalté soit-Il,  ne demeurera pas éternellement en Enfer, même si ses péchés sont nombreux. Pour eux, le martyr est celui qui est mort dans la lutte sur le sentier d'Allah, exalté soit-Il (en apparence), ou qui a été tué en se défendant ou en défendant sa famille ou ses biens.

Des preuves authentiques et explicites signalent qu'il est permis de qualifier quelqu'un de martyr dans ce contexte. Les Compagnons du Prophète, qu'Allah soient satisfaits d'eux, disaient, tandis que le Prophète () les écoutait : 'Lui c'est un martyr, lui également' jusqu'à ce qu'ils  fussent passés devant un homme et dirent 'lui aussi est un martyr'. Le Prophète () les a alors interrompus en disant : 'Non, je l'ai vu à l'Enfer avec une cape ou une longue robe dont il s'est injustement approprié du butin (Muslim).

Ce hadith apporte une preuve sur la permission d'appeler martyr toute personne qui meurt en ayant l'apparence d'un martyr car le Prophète () n'a pas contredit ses Compagnons. Il ne faut pas par contre affirmer une telle chose de manière définitive ou décisive, car seule une Révélation peut nous la confirmer. D'où le hadith du Prophète ()  où il s'adresse à Um al-'Alâ al-Ansariya, , qui s'adressant à Uthmân Ibn Mazh'oun après son décès disait: 'Qu'Allah te fasse miséricorde Aba all-Saeb, je témoigne qu'Allah t'a honoré'. Le Prophète () lui  répondit : 'Comment sais-tu qu'Allah l'a honoré?'. 'Que ma mère et mon père te servent de rançon ô Messager d'Allah, qui Allah honore-t-il alors ' dit-elle. Le Prophète () lui dit : 'Quant à lui, la mort lui est parvenue, et je souhaite le bien pour lui; et je ne sais pas, alors que je suis le Messager d'Allah, ce qu'Allah fera de moi'. Elle dit alors : 'Par Allah, je ne ferai plus l’éloge de quiconque après lui' (Bukhari).

Donc, il n'y a pas de mal à dire que telle personne est un martyr, et ce de manière générale. C'est un jugement basé sur les apparences. Concernant les personnes à qui le Prophète () a témoigné d'un statut de martyr, comme celui qui meurt d'une maladie du ventre, cela ne concenrne que les musulmans. Parmi les musulmans il y a ceux qui se sont faits du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres encore qui, avec la permission d’Allah, exalté soit-Il, devancent tous les autres grâce à leurs bonnes actions. Quant au mécréant, il n'en fait certainement pas partie.