Un emploi dans la fonction publique exige de jurer sur l’honneur
Fatwa No: 463816

Question

Je travaille dans un pays musulman en tant que traducteur assermenté pour que les textes que je traduis soient reconnus officiellement par l’état. Je souhaite travailler en tant que traducteur assermenté dans d’autres services de l’état. Or, ceci exige que je prête serment à nouveau. Et c’est bien là le problème. Ce serment implique de jurer sur l’honneur et tout ce qu’il y a de sacré pour moi. Et je sais bien qu’il n’est pas permis de jurer sur autre qu’Allah. Ce type de serment est-il permis du fait que les lois nous l’imposent, sachant que je n’émets pas l’intention de vénérer quoi que ce soit en le faisant ? L’argent que je gagne par le biais de ce travail après avoir fait ce serment est-il illicite ? Je demande cela parce que j’ai dû juré une première fois il y a cinq ans de cela quand je suis devenu traducteur. J’ai depuis gagné de l’argent dans le cadre de cet emploi en ayant prêté le même serment que j’ai décrit ci-dessus. Que dois-je faire avec l’argent que j’ai gagné avec cet emploi dans le cas où cela poserait un problème. Je ne sais pas combien j’ai gagné ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Pour ce qui est de l’argent que vous avez gagné, il n’a aucun lien avec le statut du serment. Le statut de l'argent que vous avez gagné dans le cadre de votre emploi dépende de la nature de l’emploi lui-même en tant que traducteur. Tant que cette activité est permise, l’argent gagné par son biais l’est aussi.
Pour ce qui est du serment : l’avis le plus juste de ceux émis par les oulémas sur cette question est que jurer sur un autre qu’Allah – comme jurer sur l’honneur ou autre – n’est pas permis et que cela fait partie du polythéisme verbal.
Pour ce qui est de la situation de l’auteur de la question, nous considérons que s’il a besoin d’aller travailler dans un autre service de l’état, alors il lui est possible de prêter serment à titre de dérogation en émettant l’intention de confirmer ses propos par l’objet du serment et non en le vénérant. Il peut justifier cette dérogation en s’appuyant sur les écoles qui sont d’avis que ce type de serment est réprimandable et non interdit. C’est l’avis des écoles Malikites et Shâfi’ites. Ibn Rushd a dit dans son livre Al-Muqaddimât Al-Mumahhidât : Les serments sont de trois sortes : permis, réprimandables et interdits : ceux qui sont permis sont les serments sur Allah, un de ses noms ou un de ses attributs. Ceux qui sont réprimandables sont les serments sur autre qu’Allah en raison du hadith dans lequel le Prophète () a dit à Omar ibn Al-Khattâb : Allah le Très Haut vous interdit de jurer sur vos ancêtres. Que celui donc qui veut prononcer un serment, jure par Allah ou se taise.
Ceux qui sont interdits : jurer sur les idoles que sont Al-Lât ou à Al-‘Uzza, sur les tyrans ou tout ce qui est adoré en dehors d’Allah. Ou jurer sur une chose pour la vénérer. Vénérer ces choses est de la mécréance en Allah. Fin de citation.
Dans son ouvrage Rawdat Al-Tâlibîn, Al-Nawawi a dit : Jurer sur une créature est réprimandable. C’est le cas de jurer sur le Prophète, la Ka’ba, Jibrîl, les Compagnons, les membres de la famille du Prophète (). Al-Shâfi’î a dit : ‘’Je crains que jurer sur autre Allah soit un péché.’’ Les tenants de son école ont dit : ‘’ c’est-à-dire que cela soit illicite et compté comme un péché. C’est pour cela qu’il a tenu un propos hésitant.’’ L’imam a dit : ‘’ L’avis de l’école Shâfi’ite est catégorique sur cette question : ce n’est pas interdit mais réprimandable.’’ Fin de citation.

Et Allah sait mieux.
 

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