Un pauvre tire profit de l’argent issu de l’usure
Fatwa No: 465700

Question

Je suis un jeune de 24 ans, je vis dans un pays étranger et ma famille vit dans un pays en guerre. Leur situation est difficile. Le pays dans lequel je vis est effondré sur le plan économique. Mon travail est très pénible. Je m’expose à des blessures importantes et mon dos me fait souffrir, mes jambes aussi. Je suis constamment sujet à des blessures en raison de la difficulté de mon travail.
Je travaille entre 13 et 14 heures par jour. Si je continue à occuper cet emploi j’y perdrais ma santé. Je m’expose continuellement à des blessures physiques douloureuses.
Il m’arrive de passer plusieurs jours en ayant faim car je n’ai pas de quoi acheter à manger en raison de la situation matérielle difficile et du peu de moyen. Il m’arrive de rester plusieurs jours sans manger. Je dois aussi aider ma famille puisque la situation est difficile là où ils vivent. Est-il permis que je leur remette de l’argent issu des intérêts usuraires sans qu’ils ne le sachent ? Je me suis déjà endetté pour régler le loyer de l’appartement et acheter un peu de nourriture. Mais je n’ai pas les moyens de le payer actuellement pour les mêmes raisons énoncées précédemment et plus personne ne me donne de l’argent maintenant. M’est-il permis d’utiliser de l’argent issu des intérêts usuraires jusqu’à ce qu’Allah me donne une issue. Et qu’ensuite, je donne en aumône le même montant dont j’ai bénéficié lorsqu’Allah me donnera une subsistance licite et bonne ? Par Allah, je déteste l’argent illicite et le répugne. Je ne m’en suis jamais approché de ma vie. Mais j’y suis contraint pour les raisons évoquées et pour d’autres raisons que je n’ai pas mentionnées.
Je jure par Allah que j’ai cherché de toutes mes forces à gagner de l’argent licite et un autre travail mais Allah ne m’a pas permis d’en obtenir et je n’ai pas trouver d’autre travail que celui qui est le mien aujourd’hui. Soyez-moi utile par votre réponse.

Réponse

 Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
A partir du moment où l’auteur de la question et sa famille sont pauvres et dans le besoin, il n’y a aucun mal à ce qu’ils acceptent ce dont ils ont besoin de cet argent illicite. Il doit être donné aux pauvres et aux indigents. Et eux en font partie. Dans son livre Ihyâ ‘Ulûm Al-Dîn, Al-Ghazâlî a dit : Il peut en faire aumône pour lui-même et sa famille – il vise par ces propos l’argent illicite dont il dispose – s’il est pauvre : quant à sa famille, cela est évident qu’il peut leur en donner puisque ce n’est pas parce qu’ils sont de sa famille qu’ils ne peuvent pas être pauvres. Au contraire, ce sont eux qui sont le plus en droit de recevoir cette aumône de sa part. Quant à lui, il peut prendre de cet argent en fonction de son besoin puisqu’il est pauvre. Par ailleurs, s’il fait aumône de cet argent à un pauvre, cela est permis. De même que si c’est lui ce pauvre. Fin de citation.
Dans son livre Al-Majmû’, Al-Nawawî a reproduit ses propos de Al-Ghazâlî puis a dit : Ce qu’a dit Al-Ghazâlî sur cette question a aussi été soutenu par d’autres savants de notre école (Shâfi’ite). Et leur avis est juste. D’ailleurs, Al-Ghazâlî l’a reproduit lui-même de Mu’âwiyya ibn Abi Sofian et d’autres prédécesseurs, de Ahmad ibn Hanbal, Al-Hârith Al-Muhâsibî, et d’autres fidèles connus pour leur scrupule. Ceci parce qu’il n’est pas permis de dilapider cet argent et de le jeter dans la mer. Il ne reste donc plus d’autre choix que de le dépenser dans les intérêts des musulmans. Fin de citation.
Comme cela est mentionné dans Al-Fatâwa Al-Kubra, Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : Le pauvre peut en consommer – il entend par là l’argent illicite prit avec l’agrément du donateur – et le gouverneur a le droit d’en donner à ses assistants. Si la personne en question est pauvre, alors elle peut en prendre ce qui lui sera suffisant. Fin de citation.
Nous invoquons Allah de préserver votre religion et votre vie en ce monde, de vous donner de subsistance licite ce qui vous sera suffisant et vous dispensera de recourir à ce qui est illicite. 
Et Allah sait mieux.

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