Le rapport de force entre les bonnes et les mauvaises actions… point de vue religieux
Fatwa No: 493486

Question

Je travaille dans une banque qui n’est pas islamique. J’étais par ailleurs toujours bon envers ma mère de son vivant – qu’Allah lui fasse miséricorde -. De même que je ne ménage aucun effort pour être bon envers mon père, ma sœur et ses enfants puisque je prends en charge certains aspects de sa vie étant donné qu’elle est divorcée. Je le fais aussi pour réjouir ma mère en étant bon envers ma sœur même après sa mort, et aussi pour réjouir mon père.
Est-ce que je serais récompensé pour être bon envers mon père, ma sœur et ses filles abstraction faite de mon emploi dans une banque usuraire ?
Est-ce que j’aurais une récompense pour avoir été bon envers ma mère de son vivant, ma récompense sera-t-elle bien présente auprès d’Allah ou est-ce que je suis à l’image d’une personne qui sème dans la mer ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Allah est un juge juste. Il rétribue celui qui agit mal en fonction de ses mauvaises actions tout comme Il rétribue celui qui agit bien en fonction de ses bonnes actions. Comme le dit Allah dans ces versets : 
A Allah appartient tout ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre qu’Il a créés afin de punir ceux qui font le mal selon leurs œuvres et d’accorder la plus belle récompense à ceux qui font le bien, (Coran 53/31).
Quiconque fait le bien, le fera dans son seul intérêt et quiconque commet le mal, en subira seul les effets. Car Allah n’est jamais injuste envers Ses serviteurs. (Coran 41/46).
Quant à ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, qu’ils sachent que Nous ne laisserons jamais se perdre la récompense de ceux qui font le bien. (Coran 18/30).
Ainsi, celui qui travaille dans une banque usuraire et fait preuve de bonté envers ses parents en entretenant les liens du sang, sera coupable du péché de l’usure et obtiendra la récompense de la piété filiale. Tout cela sera pesé le jour de la résurrection.
Ceci concerne de façon générale la piété filiale et l’entretien des liens du sang.
Pour ce qui est de l’argent, faire aumône de l’argent acquis illicitement et le dépenser dans les voies du bien, l’auteur de cette aumône ne sera pas récompensé. En effet, Allah est bon et n’accepte que le bon. Il a d’ailleurs été dit dans un hadith : Celui qui accumule des biens de façon illicite et en fait aumône n’en sera pas récompensé. Et il sera tenu responsable de son péché. Rapporté par Ibn Khuzayma et Ibn Hibbân dans leurs recueils, et aussi Al-Hâkim.
Al-Tabrânî l’a rapporté dans les termes suivants : Celui qui acquiert des biens de façon illicite et les utilise pour affranchir des esclaves, entretenir des liens de parenté, alors il en portera la responsabilité du péché. Jugé authentique par Al-Albânî dans Sahîh Al-Targhîb.
En plus de cela, les biens acquis de façon illicite et la nourriture mauvaise ont une incidence directe sur l’acceptation des actes de culte et particulièrement les invocations.
Quoi qu’il en soit, le musulman ne doit pas faire de ses bonnes actions un motif pour justifier les actes illicites qu’il commet. Bien au contraire, il devrait s’efforcer de délaisser l‘illicite afin de préserver ses bonnes actions qui pourraient être frappées de nullité en raison de ses mauvaises actions, surtout par les péchés majeurs.
Dans son ouvrage Zâd Al-Ma’âd, Ibn Al-Qayyim dit : Un péché majeur de moindre gravité que le polythéisme peut être expié par une bonne action de grande valeur qui l’effacera… Et tout comme il est avéré que les mauvaises actions peuvent être effacées par les bonnes, l’inverse est tout aussi vrai, comme cela est dit dans ce verset :
Vous qui croyez ! N’annulez pas vos aumônes par un rappel désobligeant ou des propos blessants (2/264).
Vous qui croyez ! N’élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète et ne l’interpellez pas à haute voix comme vous le faites les uns avec les autres. Vous risqueriez en effet, sans vous en rendre compte, de perdre le bénéfice de vos œuvres. (49/2).
Citons également les paroles de Aisha au sujet de Zayd ibn Al-Arqam lorsqu’il avait contracté une vente usuraire : Il vient d’annuler la récompense de son Djihad avec le Prophète () sauf s’il se repent.
Ou encore, ce hadith rapporté par Boukhari dans lequel le Prophète () a dit : Quiconque délaisse la prière de l’après-midi a perdu le bénéfice de ses œuvres.
Et il y encore bien d’autres textes du Coran et de la Sunna et des paroles des pieux prédécesseurs montrant le rapport de force opposant les bonnes actions aux mauvaises et l’invalidation de certaines par d’autres, la disparition de l’effet de certaines de ces actions par celles qui sont plus ou moins fortes. Et c’est sur ce principe que repose l’équilibre de la rétribution des actes ou leur invalidité. Fin de citation.
Et il n’est pas permis au musulman de se sentir à l’abri du châtiment d’Allah ni de désespérer de la miséricorde d’Allah. Au contraire, il doit se prémunir du châtiment divin et se montrer sincère en s’en remettant à Lui. Il doit avoir une bonne pensée à Son égard. Allah, exalté soit-Il, dit :
Si les habitants de ces cités avaient cru aux Messagers et craint Allah, Nous leur aurions offert toutes les bénédictions du ciel et de la terre, mais ils ont préféré crier au mensonge. Nous les avons donc saisis pour prix de leurs agissements. Les habitants des cités ont-ils l’assurance que Notre châtiment ne les surprendra pas de nuit, dans leur sommeil ? Les habitants des cités ont-ils l’assurance que Notre châtiment ne les surprendra pas en plein jour, au milieu de leurs occupations ? Se sentent-ils à l’abri de la vengeance d’Allah ? Seuls les hommes perdus se sentent à l’abri de la vengeance divine. N’avons-Nous pas clairement montré à ceux qui ont succédé à ces peuples impies sur terre que, si Nous le voulions, Nous pourrions les punir eux aussi pour prix de leurs péchés ? Mais Nous avons apposé un sceau sur leurs cœurs, les rendant sourds à toute exhortation. (Coran 7/96-100).
Et Allah sait mieux.

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