Je travaille dans un magasin, un supermarché, et il y a beaucoup de pression au travail. Je suis censé travailler 12 heures, mais nous sommes contraints d’en faire 14 et parfois 15 h. Il arrive d’être obligé de faire des achats dans le magasin, comme des chips ou de l’eau, sans avoir à les payer puisque nos heures supplémentaires ne nous sont pas payées au-dessus de 12 h de travail. Quel est votre avis à ce sujet ?
Qu’Allah vous récompense par un bien.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Votre emploi dans ce magasin fait que vous êtes forcément dans une des situations suivantes :
La première : vous n’êtes pas obligés de faire ces heures supplémentaires. Et dans ce cas, vous n’avez pas le droit de consommer les marchandises du magasin en échange d’un travail supplémentaire puisque cela est considéré comme un travail bénévole pour ces heures. Prendre de la marchandise du magasin sans l’autorisation du propriétaire revient à trahir la confiance qui vous est accordée. Allah, exalté soit-Il, dit : Vous qui croyez ! Gardez-vous de trahir Allah et le Messager, et de trahir délibérément la confiance placée en vous. (Coran 8/27).
Deuxièmement : vous êtes contraints de faire ces heures supplémentaires et si vous exigez d’être payé pour ces heures, le patron vous les payerait. Dans ce cas, vous n’avez pas le droit de prendre de la marchandise du magasin et demandez au patron qu’il vous donne votre dû.
Troisièmement : vous êtes contraint de faire ces heures supplémentaires et le patron ne veut pas vous payer les heures supplémentaires. S’il vous est possible de délaisser ce travail et d’en trouver un autre alors vous n’avez pas le droit de prendre de la marchandise du magasin. Délaissez ce travail, et trouvez un autre domaine dans lequel vous n’aurez pas besoin de recourir à des ruses pour obtenir vos droits.
Quatrièmement : : vous êtes contraint de faire ces heures supplémentaires et le patron ne veut pas vous payer les heures supplémentaires, mais vous êtes contraint de rester dans ce travail et il vous pèserait de le laisser, car il serait difficile d’en trouver un autre. Dans ce cas, si vous avez la possibilité de porter votre affaire au tribunal pour obtenir votre droit, alors il ne vous est pas permis de prendre quoi que ce soit appartenant au propriétaire du magasin. Récupérer votre dû par le biais du tribunal.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit au sujet de qui a un droit auprès d’une autre personne qui refuse de le lui restituer : si la personne refuse injustement de lui donner ce qu’elle lui doit et qu’il est possible de le récupérer par le biais du gouverneur ou du sultan, alors il ne lui est pas permis de le récupérer par un autre biais puisqu’il a la possibilité de récupérer son droit par le biais de qui peut le faire. Ce cas ressemble plus à celui d’un homme qui peut le récupérer par le biais de son mandataire. Fin de citation.
S’il n’est pas possible de récupérer son dû par le biais du tribunal : les savants divergent sur le statut de récupérer son droit par soi-même lorsqu’il est possible de récupérer son dû. Certains l’interdisent et d’autres le permettent à condition de faire en sorte d’être juste.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit : S’il ne peut récupérer ce qui lui revient de droit parce que l’autre le nie et qu’il ne dispose d’aucune preuve ou parce qu’il ne veut pas répondre quand on lui demande de venir juger de cette affaire et qu’il n’est pas possible de l’y contraindre ou autre situation similaire. Alors ce qui est connu de l’école (Hanbalite) est qu’il n’a pas le droit de prendre la valeur de son dû. C’est aussi l’une des deux versions rapportées selon Malik. Ibn ‘Aqîl a dit : Les tenants de notre école qui optent pour la permission de prendre son dû si toutes les conditions requises sont réunies se réfèrent au hadith de Hind à qui le Prophète () a dit : Prends, de façon raisonnable, ce qui te suffit à toi et tes enfants. Abu Al-Khatîb a dit : Nous pouvons tirer de ce hadith qu’il est permis de prendre soi-même son dû s’il on a la possibilité de le faire. Si la chose entre ses mains est du même type que son droit, il en prend juste la valeur de ce dernier et si elle est d'un type différent, il s'efforce d’en prendre son équivalent sans abus ni excès.  Fin de citation.

Et Allah sait mieux.