Un défunt laisse une épouse, quatre garçons, trois filles et laisse un testament en faveur d’un de ses fils
Fatwa No: 497080

Question

Pouvez-vous faire le décompte de l’héritage en fonction des informations suivantes :
- Le défunt est un homme
- Montant de l’héritage : 5.250.000
- 4 garçons
- 3 filles
- 1 épouse
- Un testament du père laissé à son fils au sujet de l’héritage : un don de 1.400.000 à son fils de peur que ses grands frères ne lui donnent rien.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si les seuls héritiers sont ceux mentionnés, alors après paiement des dettes et exécution du testament légal, l’héritage doit être partagé selon les règles de la religion imposées par le plus Sage. Ceci conformément à ce qui suit : l’épouse a droit au huitième comme il est dit dans ce verset : Si vous laissez une progéniture, à vos femmes revient le huitième de ce que vous laissez, après exécution du testament et règlement des dettes. (Coran 4/12).
Le reste de l’héritage sera partagé entre les enfants, hommes et femmes - en vertu des droits d’agnation – comme Allah en a imposé la règle dans ce verset : Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles. […] (Coran 4/11).
Le fait est que cet héritage devra être divisé en 88 parts. La femme a droit au huitième soit 11 parts (656249.999). Chaque garçon a droit à 14 parts (835227.272). Et chacune des trois filles 7 parts (417613.636).
Voilà pour ce qui est du partage de l’héritage.
En ce qui concerne le testament du défunt que vous avez mentionné dans lequel il a fait un don à un de ses fils d’un montant de 1.400.000 de peur que ses grands frères ne lui donnent rien de l’héritage. S’il s’agissait d’un don à exécuter du vivant du défunt alors il était tout à fait valide de le prendre du vivant du donateur. Mais s’il s’agissait d’une recommandation à exécuter après le décès du donateur – comme cela semble être le cas – alors il s’agit d’un testament à destination d’un héritier. Or, cela a été interdit par le Prophète () au cours du serment d’adieu où il a dit : Allah a donné à tout ayant droit ce qui lui est dû, un testament en faveur d'un héritier ne peut donc avoir lieu. Rapporté par Ahmad et Abû Dâwûd. Al-Suyûtî a qualifié ce hadith de notoire.
Le testament mentionné dans la question est contraire à la directive prophétique comme il est dit dans ce hadith. On ne doit donc pas exécuter ce testament sauf si tous les héritiers donnent leur accord pour ce faire, que ces héritiers soient tous pubères, en pleine santé mentale pour le mettre à exécution. Sans cela, il n’est pas valide de mettre à exécution ce testament sans leur accord.
Dans la Mawsû’a Al-Fiqhiyya Al-Kuwaytiyya, il est dit : Les savants ont divergé en ce qui concerne le testament en faveur d’un héritier. Ils ont émis deux avis :
Le premier avis : Les savants Hanafites – et c’est aussi l’avis le plus manifeste des Shafi’ites, celui des Hanbalites et un des avis émis par les Malikites – qu’un testament en faveur d’un héritier est valide et dépend du bon vouloir des héritiers de le mettre à exécution. S’ils le permettent après la mort du testateur, on peut l’exécuter. Sinon, le testament est invalide et n’a aucune incidence. Si seulement une partie des héritiers le permettent, alors on le mettra à exécution à hauteur de ceux qui l’ont permis sans que cela n’empiète sur les droits de ceux qui l’ont refusé.
Le deuxième avis : Celui des Malikites, des autres Shafi’ites, et c’est aussi une version rapportée des Hanbalites. Pour eux, un testament en faveur d’un héritier est invalide dans tous les cas de figure, même si tous les héritiers le permettent. Sauf s’ils lui font un don dès le départ. Fin de citation.
Ensuite, nous attirons l’attention du frère qui nous pose cette question sur le fait que la question de l’héritage est très importante et épineuse au plus haut point. Ainsi, le plus prudent est de ne pas se contenter de cette réponse donnée en fonction d’une question qui lui a été posée. Mais il faut ramener votre cas à un tribunal religieux ou d’interroger un savant de vive voix de façon à s’assurer que tous les héritiers légaux ont bien été pris en ligne de compte puisqu’il est possible qu’on ne prenne connaissance de l’existence de l’un d’entre eux qu’après avoir effectué des recherches. Il est aussi possible que le défunt ait laissé un testament, des dettes ou d’autres droits que les héritiers ignorent. Et il est bien connu que tout cela est prioritaire par rapport aux droits des héritiers. Dans ce cas, il ne convient pas de procéder au partage de l’héritage sans avoir consulté un tribunal religieux s’il en existe un. Et ce, de façon à réaliser les intérêts des vivants et des morts.
Et Allah sait mieux.

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