Mentir afin de réconcilier des gens Fatwa No: 88116
- Fatwa Date:3-1-2018
En situation difficile et critique comme en cas de querelle sévère pouvant mener à une catastrophe, est-il permis de faire une promesse ou de mentir afin de réconcilier les protagonistes ? Est-il dès lors obligatoire de tenir la promesse faite ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La conciliation entre les gens est une des manières les plus importantes de se rapprocher d'Allah. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
Il n'y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l'un d'eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant l'agrément d'Allah, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme. (Coran 4/114)
C'est en raison de la place importante qu'occupe la conciliation que le Prophète () l’a considérée comme l’un des cas où il est permis de mentir. Umm Kulthûm, , a rapporté que le Prophète () a dit : Un réconciliateur qui sème le bien ou dit le bien ne peut être qualifié de menteur. (Boukhari, Mouslim)
Ibn al-Djawzî a dit : La règle à ce propos est que si un objectif louable ne peut être atteint autrement que par le mensonge, alors celui-ci est licite si l'objectif l’est lui-même, et il est obligatoire si l'objectif est obligatoire.
Cependant, vous ne devez pas prendre en charge une dette que vous êtes incapable de rembourser afin de réconcilier deux personnes. Si vous vous portez garant du remboursement de la dette réelle d'une personne vis-à -vis d’une autre, de deux choses l’une : soit le débiteur reconnaît sa dette et vous dites, par exemple, que vous vous portez garant ou que vous prenez en charge la dette d'untel ; vous êtes alors obligé de remplir votre engagement. Quant au créancier, il est en droit de vous réclamer cet argent. Il en va également de même, si vous ne dites pas explicitement que vous vous portez garant d'une dette, mais qu’un indice circonstanciel vienne indiquer votre engagement à rembourser, comme dans le cas où vous avez vu que le créancier voulait faire arrêter le débiteur et que vous dites : je rembourserai l'argent : cela sous-entend que vous voulez dire : Je me porte garant de lui et toi, tu ne l’arrêtes pas . Vous devez alors le rembourser, bien que ce genre de paroles : Je rembourserai soient implicites, car avec un indice circonstanciel, elles sont alors assimilées à des paroles explicites.
Soit vous vous portez garant d'une dette en faveur d’une personne qui ne reconnaît pas ce qu’on lui réclame, alors dans ce cas il ne vous est alors pas obligatoire de remplir votre engagement, car une des conditions de validité de la garantie d'une dette est que cette dette existe vraiment chez celui qui bénéficie de la garantie.
De même s’il ne s’agit que d’une promesse qui n’a aucun rapport avec les droits d’autrui, il vous est uniquement recommandé de la respecter, mais sans obligation de le faire.
Cet avis a été mentionné par des savants, qu'Allah leur fasse miséricorde, tels que Zakariyâ al-Ansârî dans son livre intitulé Charh al-Manhadj ou encore al-Buhûtî dans son livre intitulé Kachâf al-Qinâ'.
Et Allah sait mieux.