Du temps du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) on n’avait pas l’habitude d’écrire le Hadith comme on le faisait pour le Coran. Ecrire le Hadith était même interdit de crainte qu’il ne soit confondu avec le Texte coranique. Abou Sa’îd Al Khoudari rapporte que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) a dit : «Ce que je vous dis ne doit pas être écrit. Quiconque écrit ce que je dis et qui ne serait pas le Coran, doit l’effacer. Rapportez mes propres paroles autant que vous voulez et de la manière qui vous plaît. Celui qui me ferait dire ce que je n’ai pas dit - Houmam le rapporteur de ce Hadith ajoute je pense qu'il a dit: et l’aurait fait sciemment- qu’il se prépare pour prendre sa place en Enfer.» (Rapporté par Mouslim).
Il y a des Traditions qui prouvent que le Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) a autorisé ‘Abd Allah Ibn ‘Amr Ibn Al ‘Âs d’écrire le Hadith. Al Boukhari rapporte qu’Abou Hourayra n’écrivait pas le Hadith, mais il l’apprenait par cœur, alors que ‘Abd Allah Ibn ‘Amr Ibn Al ‘Âs l’écrivait. Il rapporte que Anas Ibn Malik écrivait le Hadith, que Jaber Ibn ‘Abd Allah avait un carnet sur lui où il notait les Hadiths et que l’Imam ‘Ali Ibn Abou Taleb gardait avec soin dans l’étui de son sabre, un feuillet où il inscrivait les Hadiths. De son côté, Al Walid Ibn Chouja’ nous informe que le nommé Al Moubarak Ibn Sa’id a dit : «Soufian écrivait le Hadith sur le mur pendant la nuit. Au petit matin, il l’effaçait après avoir pris soin de l’écrire sur une feuille».
Ces informations, malgré leur véracité, ne sont pas suffisantes pour confirmer que les dires du Prophète ont été écrits dans leur totalité à son époque comme ce fut le cas pour le Coran. Cela ne veut pas dire, non plus, que les Hadiths, qui n’ont été que partiellement écrits du temps du Prophète, ont disparu de la mémoire de ceux qui les apprenaient par cœur à l’époque du Prophète et des quatre Califes orthodoxes. Tous les Compagnons tenaient à apprendre par cœur les dires du Prophètes. Ils y recouraient dans leurs discussions pour confirmer ou infirmer tel ou tel fait et ils les ont faits apprendre aux générations montantes de l’époque. Parmi ces Compagnons : Abou Hourayra, ‘Aïcha, Jaber Ibn ‘Abd Allah, Abou Sa’id Al Khoudri et ‘Abd Allah Ibn ‘Abbâs etc …
Ce n’est qu’au cours des dernières années du 1er siècle de l’Hégire que commença la transcription des Hadiths, suite à l’ordre donné par le Calife ‘Omar Ibn ‘Abd Al ‘Aziz à Abou Bakr Ibn ‘Amr Ibn Hazm. Celui-ci fut chargé de transcrire les Hadiths ainsi que les jugements des Compagnons.
Parmi ceux qui ont joué un rôle primordial dans la transcription des Hadiths, on peut citer Mohammad Ibn Chihab Az-Zouhri et Saleh Ibn Kayssan.
Les recueils de Hadiths parurent à la deuxième moitié du 2ème siècle de l’Hégire. Ibn Hajarcite parmi les premiers auteurs de ces recueils, Ar-Rabi’ Ibn Soubayh et Sa’d Ibn Abou ‘Ourwa Al Basri. Vint ensuite l’Imam Malik qui fit paraître son ouvrage «Al Mouwatta» à Médine, et dans lequel il a réuni en plus des Hadiths du Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam), les propos des Compagnons et les fatwas de leurs disciples. Après, parurent en une seule époque, les recueils des auteurs suivants : ‘Abd Al Malik Ibn Jarih à la Mecque, Al Awza’i en Syrie, Soufyan Ath-thawri à Kouffa, Hammad Ibn Salamah à Basra, Houchaym Ibn Bichu à Wassét, Mou’ammar Ibn Rached As-San’ani au Yémen, ‘Abd Allah Ibn Al Moubarak à Khourassan et Jarir Ibn ‘Abd Al-Hamid à Rayy. On ne sait pas qui fut le premier à avoir sorti son recueil parmi ces auteurs.
La transcription des Hadiths va connaître un développement important par la suite grâce à d’éminents érudits tels que Chou’bah Ibn Al-Hajjaj, Soufiyan Ibn ‘Ouyaynah, ‘Abd Allah Ibn Wahab et ‘Abd Ar-Rahman Ibn Mahdi. Ces savants qui mémorisaient un grand nombre de Hadiths vont contribuer à asseoir les fondements des Sciences de la Tradition.
Références principales sur la Tradition :
L'opération de transcription des Hadiths va se poursuivre jusqu’à l’apparition d’ouvrages volumineux au 3ème siècle de l’Hégire et ce, grâce aux efforts déployés par l’Imam Ahmad Ibn Hanbal et Ibn Abi Chayba. C’est l’époque où les grands spécialistes de la Tradition vont préparer leurs livres qui resteront célèbres jusqu’à nos jours. Citons le «Sahih» (Le livre de Hadiths authentique) de Mohammad Ibn Ismâ’îl Al Boukhari, le «Sahîh» de Mouslim Ibn Al Hajjaj et les ouvrages qui jouissent d’une grande réputation comme ceux d’Abou Dawoud, At-Tirmidi, Ibn Majah et An-Nassai.
Il va sans dire que tous ces auteurs n’ont jamais prétendu que leurs ouvrages sont exhaustifs et qu’ils renferment, par conséquent, tous les Hadiths authentiques. Le «Sahih» d’Al Boukhari, par exemple, recense environ sept mille Hadiths dont le texte d’un certain nombre d’entre eux connaît des reformulations différentes. Notons, cependant, qu’At-Tabaranî a rassemblé un nombre considérable de Hadiths, de même As-Souyyouti (dans «Al Jami’u al Kabir») et Al-Albani dans sa série de Hadiths authentiques et ceux dits de faible crédibilité.
La classification adoptée dans la présentation des Hadiths obéit à la thématique de ces derniers : les pratiques cultuelles, la purification légale, la prière, le jeûne, l’impôt (la zakat), les relations humaines, les péchés, etc.