Comme nous l’avons vu dans un article précédant, la Chari’a islamique accorde une très grande importance au temps, au point qu’elle le compare à la vie dans la mesure où la personne qui perd son temps perd une partie de sa vie proportionnelle au temps perdu ; une partie qu’elle ne pourra d’ailleurs jamais récupérer même si elle s’y applique en dépensant tous les trésors de ce monde.
Elle n’a de cesse de nous exhorter à prendre conscience de la valeur de notre temps, de connaître les devoirs qui nous incombent vis-à-vis de celui-ci et de les avoir toujours présents à l'esprit.
Ibn Massoud (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit: «La chose que regrette le plus de ma vie c'est de voir le soleil se coucher signalant ainsi la fin d’une journée et la diminution de mes jours et à laquelle ne correspond pas une augmentation de mes bonnes œuvres.»
Al-Hasan Al-Basri a dit: « Ô fils d'Adam ! Après tout tu es constitué de jours de sorte que si l'un d'eux s'en va c'est une partie de toi-même qui s'en va. »
Il a dit encore : « Ô fils d'Adam ! Chacun de tes jours étant un invité chez toi, tu dois l'honorer afin que, après son départ, il gardera un bon souvenir de toi alors que si tu ne le respectes pas il gardera un mauvais souvenir de toi. Il en va de même de ta nuit.»
Il a dit également : «Ce bas monde est constitué de trois jours : hier, demain et aujourd'hui. Quant à hier il est déjà parti en emportant avec lui les actes qui y ont été faits, en ce qui concerne demain il se peut que la mort nous empêche de l'atteindre, seul aujourd'hui nous concerne. Il est donc de notre devoir de nous y appliquer en faisant autant de bonnes œuvres que possible.»
Ibn al-Qayyim a dit: «Perdre le temps est, pour toi, pire que la mort parce que perdre le temps te coupe de ton Seigneur et de l'Autre monde alors que la mort te coupe de ce bas monde et de ses habitants.»
Al Sariy Ibn Al Mouviliss a dit: «Si tu t'angoisses en raison de ce qui se perd de tes biens tu dois faire autant pour le temps qui se perd de ta vie.»
Les plus importants devoirs qui nous incombent vis-à-vis de notre temps sont :
1. Le souci d’en tirer le maximum de profit:
L'homme est de par sa nature très attaché à ses biens, très soucieux de les conserver et d'en tirer le maximum de profit, malgré que dans le cas où il les perd, il peut espérera les récupérer un jour. Pourquoi ne doit-il pas être mû par la même passion vis-à-vis de son temps pour en tirer profit aussi bien dans ce bas monde que dans l'Au-delà en ciblant ce qui lui apporte le plus de bien et de bonheur d'autant plus qu'il est convaincu qu’il a n’y a aucun espoir de récupérer ses jours passés .
Nos prédécesseurs (qu'Allah soit satisfait d'eux) tenaient absolument à leur temps, parce qu'ils comprenaient plus que quiconque la valeur de celui-ci. Ils faisaient attention au moindre instant et ne le laissaient passer sans s'y équiper d'une connaissance utile, d’y faire une bonne œuvre, de s'y appliquer pour vaincre leurs penchants maléfiques ou d’y rendre un service aux autres. Al Hassan Al- Basri avait l’habitude de dire: « J'ai connu dans ma jeunesse des personnes qui tenaient à leur temps plus que vous ne tenez à votre argent.»
2. Sa bonne gestion:
Les choses étant ce qu'elles sont, il est du devoir et du droit de tout musulman d'organiser son temps entre ses différentes obligations qu’elles soient religieuses ou mondaines de façon à pouvoir aller au plus pressé et qu'aucune chose n'accapare son temps injustement au dépend de l'autre.
L’un de nos pieux prédécesseurs a dit : « Le temps du musulman se divise exactement entre quatre séquences à savoir la faveur, l'épreuve, la dévotion et le péché. A chaque séquence correspond une situation qui requiert de sa part une certaine prise de conscience qu'Allah le suit de prés et le met à l’épreuve pour voir comment il va agir. Ainsi, dans la séquence dite séquence de la dévotion il convient au musulman de faire preuve de gratitude vis-à-vis de son Seigneur Qui l'a guidé et Qui lui a inspiré de faire ce bien. Dans la séquence dite de la faveur il est de bon escient pour lui d'exprimer à son Seigneur ses sincères remerciements pour les faveurs qu’il lui a accordées. Dans la séquence où il est entrain de commettre des péchés, il est instamment invité à se replier, à se repentir et à demander à Allah, exalté soit-Il, de lui pardonner. Quant à la séquence dans laquelle il se trouve victime d'une épreuve quelconque, il est de bon ton pour lui d'être satisfait de son sort et de faire preuve de patience.»
3. Profiter du temps libre:
Le temps libre est une faveur dont peu de gens se rendent compte pour en apprécier l'importance et en remercier Allah, exalté soit-Il. Ibn Abbas a rapporté à cet effet que le Prophète() a dit: « Il y a deux faveurs que peu de gens apprécient à leur juste valeur: la santé et le temps libre.» (Rapporté par Al Boukhari)
Le Prophète () nous a recommandé dans un autre hadith aussi authentique que le premier de profiter de cinq choses avant cinq. Comme nous allons le voir trois de ces cinq choses concernent le temps et la quatrième concerne particulièrement le temps libre.
D’après Ibn Abbas, le Prophète () a dit à un homme qui lui a demandé de lui faire une recommandation: « Profites de cinq choses avant cinq autres: Profite de ta jeunesse avant ta vieillesse, de ta bonne santé avant ta maladie, de ta richesse avant ta pauvreté, de ton temps libre avant que tu ne sois trop occupé et de ta vie avant ta mort. » (Hadith rapporté par Al-Hakem et Al Albani l’a qualifié d’authentique].
L’un de nos pieux prédécesseurs a dit: « Disposer d'un temps libre constitue une grande faveur dont la non exploitation ouvre devant le fidèle la porte des caprices et des passions qui lui font tant brouiller le cœur jusqu’à ne plus être sensible même à pareille faveur en plus de le faire dépouiller de la sérénité dont jouissait son cœur.»
Il est donc sage pour toute personne saine d'esprit d'occuper son temps libre en faisant du bien sous peine de voir une telle faveur se transformer en malédiction. En effet, ne dit-t-on pas que l'oisiveté rend les hommes insouciants de leurs devoirs vis-à-vis d'Allah.