Les croyants de la première heure ont compris la valeur et l’importance des dépenses. C’est pourquoi les pauvres parmi les Muhâdjirûn étaient venus au Prophète () pour lui dire : « Ô Messager d'Allah, les riches ont accaparé toutes les récompenses, ils jeûnent comme nous, prient comme nous, font la charité et dépensent le superflu de leurs biens ». Le Prophète () leur dit : « N'est-ce pas qu’Allah vous a donné de quoi faire des actes de charité ? Eh bien vous avez pour chaque tasbîha (subhânallah) que vous dites une charité, pour chaque tahmîda (al-hamdulillah) que vous dites une charité, pour chaque pas que vous faites sur le chemin de la mosquée pour prier, une charité ». Aussi, indiqua-t-il, « c’en est une que de dégager de la route les objets nocifs comme que de faire l’amour avec vos épouses ». Ils disent : « Quoi ! Celui qui se procure du plaisir en faisant l’amour avec son épouse en est récompensé ? ». « Mais, voyez vous, dit le Prophète (), et s’il se le procure par des voies illicites n’est-ce pas qu’il en sera puni ? Donc, aussi en agissant conformément aux formes licites, il a droit à la récompense ».
Il y a deux catégories de charité : une charité à caractère général et une charité à caractère particulier. Quant à la première catégorie, elle englobe tout acte de bien (aider un homme à enfourcher sur sa monture ou à porter sur elle ses bagages, est une charité ; dire une bonne parole est une charité ; accueillir son frère avec un sourire est une charité).
S’agissant de la seconde, elle est plus particulière que la première : elle comprend la charité à caractère continu qui est très efficace pour éliminer la pingrerie et l'avarice de l’homme et qui continue à lui profiter même après sa mort. Le prophète () a dit concernant cette dernière : « Lorsque le fils d’Adam meurt, toutes ses œuvres s’arrêtent hormis trois : une aumône courante, un savoir utile et un enfant pieux qui invoque Allah en sa faveur» (Mouslim)
La charité a un impact éducatif extrêmement important dans la mesure où de nombreuses personnes ne se sentent pas avares, mais au contraire s’estiment généreuses. Dès que celles-ci passent en revue les dépenses qu’elles ont faites, Satan ne leur rappelle que celles faites pour la cause d’Allah et alors elles se disent qu’elles ont assez dépensé. Par conséquent, elles ne se rendent pas compte qu’elles sont avares dans leur rapport avec leur Seigneur généreux Qui leur a conféré tant de faveurs et de grâces, Qui les a traité avec tant d’indulgence et de gentillesse, le Tout-Puissant Qui dit : « Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.» (Coran 59/9).
Un seul acte de bien peut profiter à plusieurs, Allah peut, par une seule charité, faire admettre au Paradis un grand nombre de personnes comme il a été rapporté, de sources authentiques, du Prophète (). Cela montre l'importance de la coopération en matière d’actes de bienfaisance. En effet, toute action collective impliquant plusieurs personnes donne lieu à de grandes récompenses qui n’épargnent aucun des participants. De même que la charité effectuée par l’épouse à partir des biens se trouvant dans la maison de son mari est source de récompense qui profite aussi aux deux conjoints, lui parce qu’il en est le producteur, elle parce qu’elle l’a fait dépenser, mais également au messager qui l’a fait parvenir à destination et au magasinier qui la gardait. Tout ce monde prend part à la rémunération. On en trouve aussi l’exemple dans le hadith suivant : « Allah fait admettre au Paradis par une seule et même flèche trois personnes : celle qui l’a coupée de l’arbre, celle qui l’a taillée et aiguisée et celle qui l'a lancée ». Toutes ces personnes entrent au paradis à cause d’une seule flèche lancée dans le sentier d'Allah. Cela montre qu’Allah est assez riche pour pouvoir Se passer de Ses créatures. Il ne cherche rien pour Lui-même, mais seulement à voir Ses serviteurs mettre en réserves des provisions dont ils auront grandement besoin dans leur vie future. Ainsi, le Prophète () indique qu’il suffit de collaborer ou d’aider à faire du bien pour avoir droit à une part entière de la récompense. On rapporte, de sources authentiques, qu’il a dit que : « Quiconque guide vers le bien aura la récompense de celui qui l’a accompli.» et que : « Quiconque initie une bonne pratique en Islam aura une récompense en contrepartie en plus d’une autre équivalente à celle que recevront tous ceux qui la suivront jusqu'au Jour de la Résurrection, sans que cela ne diminue en rien leurs récompenses. De même que quiconque initie une mauvaise pratique en Islam aura un fardeau de péchés en contrepartie en plus d’un autre équivalant à celui que porteront tous ceux qui la suivront jusqu'au Jour de la Résurrection, sans que cela ne diminue en rien leurs fardeaux ».