Cause des différences entre les compagnons par rapport à la transmission des hadiths
Les compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) étaient concernés par la mémorisation des hadiths. Mais tous n’étaient pas du même niveau. Certains en ont rapporté beaucoup, d’autres moins. Cela est dû à des causes spécifiques que l’on peut connaitre en revenant à la biographie de chaque compagnon. Il y a aussi d’autres causes, qui elles sont plus générales et qu’il est possible de mentionner globalement dans les points qui suivent :
Certains compagnons ont été occupés par les fonctions du califat, les guerres et les affaires de la communauté cela les a empêchés de transmettre beaucoup de hadiths. C’est le cas des quatre califes bien guidés. A l’inverse de ceux qui étaient très occupés par ce type de fonctions, d’autres l’étaient moins. Le temps libre dont ils disposaient a permis à ces compagnons d’entendre beaucoup de hadiths et de les transmettre à leur tour, comme c’est le cas d’Abou Horayra, Aicha, Ibn Omar et d’autres compagnons.
Certains compagnons ont été en compagnie du Prophète () durant de longues années. Certains n’ont eu de cesse d’être à ses côtés que ce soit en voyage ou sur son lieu de résidence. Une telle situation appelle nécessairement à entendre beaucoup de propos tenus par le Prophète () et donc à les transmettre par la suite. Ce fut le cas d’Ibn Mas’ûd, Abou Horayra, Jâbir ibn Abdillah, Anas, Ibn Omar, et d’autres compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux). A ce sujet, Abou Horayra a dit : « Les gens disaient que Abou Horayra rapporte beaucoup de hadiths. Si ce n’était pas deux versets du Coran, je n’en aurais rapporté aucun. » Puis il lit ce verset : « Ceux qui dissimulent les preuves éclatantes [De l’authenticité de la mission de Mohammed] et la religion que Nous avons révélée aux hommes, et clairement exposées dans les Ecritures, sont maudits d’Allah et de l’ensemble de la Création. » (Coran 2/159). Nos frères Muhâjirîns étaient occupés par leurs transactions commerciales et nos frères Ansars à gérer leurs biens. Quant à Abou Horayra, il restait constamment avec le Prophète () en ce suffisant chaque jour de ce qu’il avait à manger. Il était présent avec le Prophète () quand eux ne l’étaient pas et il mémorisait ce qu’ils n’ont pas pu mémoriser. » Rapporté par Boukhari.
Avec de nouveaux évènements qui survenaient continuellement, les gens ont eu besoin qu’on leur mette en évidence les règles de la religion en lien avec ces nouveaux faits. Ceci fut la cause de la transmission d’un grand nombre de hadiths et légion sont ceux qui se sont mis en quête de ces hadiths pour connaitre les règles religieuses liées à ces nouvelles situations auxquelles ils faisaient face.
L’arrivée de troubles au sein de la communauté. L’apparition de nombreux mensonges insérés dans les hadiths par les membres de différentes sectes comme les chiites et les Khawârij. Ils ont inventé beaucoup de hadiths. Ceci a poussé les compagnons à ne rapporter que peu de hadiths au regard de l’intransigeance qui était la leur pour les transmettre. Ils ont aussi posé des conditions plus strictes pour déterminer de qui on pouvait rapporter des hadiths. Ce fut le cas avec Ali ibn abi Talib.
Le fait que certains compagnons étaient suivis par beaucoup d’adeptes et d’autres moins. Qu’ils rapportaient les hadiths avec beaucoup de dynamisme ou non. Ces facteurs ont eu leur influence pour déterminer si tel ou tel compagnon eut rapporté beaucoup de hadiths ou seulement peu.
La disparité naturelle de chacun à se souvenir et mémoriser les hadiths. Tous ne disposaient pas de la même aptitude à mémoriser ni de la même mémoire. Il est tout à fait naturel que certains aient une mémoire plus grande que d’autres. S’ils entendaient le Prophète () dire quelque chose, certains le mémorisaient et s’en souvenaient et d’autres l’oubliaient. Ceci est rapporté par Omar ibn Al-Khattâb (qu’Allah soit satisfait de lui), il a dit : « Le Prophète () s’est tenu devant nous et nous informé du début de la création jusqu’à ce que les habitants du paradis rejoignent leurs demeures et que les damnés de l’enfer rejoignent les leurs. Certains ont mémorisé ses propos et d’autres les ont oubliés. » Rapporté par Boukhari. Un hadith similaire a été rapporté par Hudhayfa ibn Al-Yamân.
Certains compagnons se sont abstenus de rapporter des hadiths ou n’en ont rapporté que peu parce qu’ils se consacraient à l’adoration et étaient gênés de rapporter des hadiths sans reprendre exactement les mêmes termes qu’ils avaient entendus du Prophète ().
Un autre facteur qui explique la différence entre les compagnons par rapport à la transmission des hadiths : certains compagnons sont décédés très tôt après la mort du Prophète () et d’autres bien plus tard. Les gens avaient besoin de prendre connaissance des hadiths rapportés par un compagnon dans des proportions différentes. Ceux qui sont morts plus tôt détenaient en général moins de hadiths que ceux qui leur ont succédés. Ces derniers ont été largement sollicités par les gens qui avaient besoin de connaitre le savoir dont ils disposaient au sujet des nombreuses situations nouvelles qui se présentaient. Surtout qu’avec les nouvelles conquêtes, les contrées de l’islam étaient de plus en plus grandes. Les convertis toujours plus nombreux. C’est pour cette raison que les sept compagnons, qui ont rapporté plus de mille hadiths chacun, étaient tous de jeunes compagnons. Abou Horayra et Jâbir (qu’Allah soit satisfait des deux) avaient tous deux autour de vingt-sept ans à la mort du Prophète (), Ibn Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) avait environ vingt et un an, Anas et Abu Said Al-Khudrî (qu’Allah soit satisfait des deux) environ vingt ans, la mère des croyants, Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) environ dix-huit ans et Ibn Abbas treize ans. Ils étaient donc tout à fait disposés à entendre les propos du Prophète () et des plus grands compagnons et ils sont morts très tard. Les gens ont eu besoin du savoir qu’ils avaient accumulé. C’est pour cela que les hadiths rapportés par eux sont très nombreux.
Certains compagnons ressentaient du scrupule à rapporter les hadiths du Prophète () de peur de se tromper, d’y ajouter ou d’en retrancher certaines parties, ou pour une autre raison du même genre.
Voici donc quelles sont les principales causes qui font que les compagnons n’ont pas tous rapporté les hadiths du Prophète () dans les mêmes proportions.