L’Islam et les personnes âgées
Louange à Allah seul. Que la paix et la bénédiction d'Allah couvrent celui après qui il n’y aura point de prophète, notre maitre Mohammed, ainsi que sa famille, ses compagnons et tous ceux qui les auront suivis sur le bon chemin jusqu’au Jour de la résurrection.
Au cours de sa vie, l’homme passe par trois étapes :
L’enfance : c’est la période de faiblesse. Il a besoin d’attention et de bienveillance de qui s’occupe de lui jusqu’à ce qu’il grandisse et devienne adulte.
La jeunesse : âge de force et de dynamisme, de motivation et de vitalité, propice au travail et à productivité. Le jeune adulte s’occupe lui-même de ses affaires et assume ses responsabilités.
La vieillesse : seconde période de faiblesse. Les cheveux blanchissent, l’âge avance, le corps s’affaiblit, la vue et l'ouïe diminuent, les mouvements deviennent plus en plus lourds, au point où une aide et une assistance renouvelées, ainsi que de l’affection et de la miséricorde, sont nécessaires. Ceci confirme parfaitement le verset suivant :
« Allah, c'est Lui qui vous a créés faibles ; puis après la faiblesse, Il vous donne la force; puis après la force, Il vous réduit à la faiblesse et à la vieillesse: Il crée ce qu'Il veut et c'est Lui l'Omniscient, l'Omnipotent.» (Coran 30/54).
L’Islam, cette religion complète, accorde une importance à l’homme durant son enfance et son jeune âge en préconisant d'en prendre soin. De même, il en est lorsqu’il atteint la vieillesse et le troisième âge. La religion musulmane enjoint à ses adeptes d’être attentifs et bienveillants envers les personnes âgées, de prendre en charge leurs affaires, et plus encore, de les honorer et d’être bienfaisants à leur égard.
Dans ses Sunans, Abû Dâwûd rapporte ce hadith avec une chaine de transmission authentique : Selon Abou Mousâ (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : « Honorer les personnes âgées musulmanes, celui qui est versé dans le Coran (sans exagération ni manquement), ainsi que le dirigeant juste, est une manière de glorifier Allah le Très Haut. »
Les personnes âgées représentent la bénédiction des sociétés, des gens de bien et d’expérience, des sages qu’il faut consulter. Allah a fait en sorte que le bien se trouve auprès d’eux, comme l’a dit le Messager d’Allah () :
« Le bien s’obtient en revenant auprès des plus vieux d’entre vous. »
Et dans une version : « La bénédiction s’obtient en revenant auprès des plus vieux d’entre vous. »
Ces personnes âgées ont consacré leur vie et leur jeunesse à éduquer leurs enfants, à servir leur pays et leur société, à adorer leur Seigneur… Prendre soin d’elles lorsqu’elles atteignent un âge avancé, que leur corps s’affaiblit et qu’elles manquent de moyens n’est autre qu'une marque de reconnaissance et un retour du bien qu’elles ont accompli. Et comme le dit Allah :
« Y a-t-il d'autre récompense pour le bien, que le bien ? » (Coran 55/60).
Toute la société est à leur service :
L’Islam enjoint tous les membres de la société à prendre soin des personnes âgées, à s’occuper d’eux et à être bienfaisant à leur encontre. l’Islam a ordonné aux enfants d’être bienveillant envers leurs parents durant leur vieillesse, tout comme ces derniers l’ont été avec eux durant leur enfance. Allah, exalté soit-Il, dit :
« Ton Seigneur a ordonné que Lui seul soit adoré et que les père et mère soient traités avec bonté. Si l’un d’eux, ou tous deux, doivent atteindre auprès de toi un âge avancé, garde-toi de leur montrer le moindre signe d’agacement ou de les rudoyer, mais adresse-leur des paroles délicates. Adopte envers eux une attitude pleine d’humilité et de tendresse, et dis : « Veuille, Seigneur, te montrer clément envers eux, comme ils l’ont été envers moi lorsqu’ils m’ont élevé tout petit ! » » (Coran 17/23-24).
L’Islam enjoint à ses adeptes de leur être de bonne compagnie même s’ils s’efforcent de l’appeler à la mécréance et et de les égarer. Allah, exalté soit-Il, dit :
« Nous avons commandé à l’homme [la bonté] envers ses père et mère ; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. "Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents."
Concernant les actes d’adoration des personnes âgées, Allah, le Reconnaissant, leur reconnaît toutes les bonnes actions qu’elles ont pu accomplir par le passé. Devenues âgées et affaiblies, Il leur accorde certaines facilités : elles ont droit à certaines dérogations et excuses. Celui qui ne peut pas prier debout peut le faire assis. Celui qui est trop faible pour jeûner en est dispensé et doit, à la place, nourrir des pauvres. Celui qui devait accomplir le pèlerinage mais ne le peut en raison de sa condition physique a la possibilité de déléguer un tiers pour l’accomplir à sa place. Par ailleurs, Allah a intimé l’ordre aux fidèles de prendre en considération l’âge avancé de leurs aînés et de ne pas les ignorer lorsqu’ils sont présents lors des actes d’adoration accomplis en commun. À ce sujet, le Messager d’Allah () a dit : « Lorsque l’un de vous dirige la prière en commun, qu’il ne la prolonge pas outre mesure, car les faibles, les malades et les vieillards prient derrière lui. Par contre, lorsqu’il prie seul, qu’il la prolonge à sa guise. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.
La religion a orienté la société musulmane à prendre soin de cette catégorie de la population, qui sont des enfants de la nation et leur a donné des droits sur la société :
Le premier de ces droits : le respect et la déférence :
‘Amr ibn Chou’ayb rapporte que le Messager d’Allah () a dit : « N'est pas des nôtres celui qui n'est pas clément envers les plus jeunes d'entre nous et ne respecte pas le rang des plus âgés. » Hadith authentique rapporté par Abû Dâwûd et Tirmidhi qui précise : « hadith hasan sahîh ».
Selon la version de Ahmad : « N’est pas des nôtres qui n'honore pas nos personnes âgées, n’est pas clément envers les plus jeune d'entre nous, ne prescrit pas le bien et ne proscrit pas le mal. »
Lorsqu’Abou Bakr est venu chez le Messager d’Allah () avec son père, ce dernier était très âgé. Il était venu le voir afin qu’il se convertisse à l’Islam. En le voyant, le Messager d’Allah (
) lui dit : « Si seulement tu avais laissé ce vieil homme à la maison afin que ce soit moi qui me déplace pour venir le voir ! » Ce à quoi Abou Bakr dit : « Ô Messager d’Allah, c’est plus à lui de venir à toi que toi de se rendre chez lui. » Il fit assoir son père devant le Messager d’Allah (
) qui passa sa main sur sa poitrine et lui dit : « Convertis-toi. » et l’homme s’exécuta. » Rapporté par Ahmad.
C’était, de sa part, une preuve de compassion, de bienséance et un noble comportement. Mais aussi une miséricorde pour les personnes âgées puisqu’un des droits du Messager d’Allah () est qu’on se déplace pour venir le voir mais lui a voulu à travers cette attitude enseigner une bienséance à sa communauté.
Le deuxième droit : Allah a fait des cheveux blancs une lumière et une marque de respect, une grande récompense. Le Messager d’Allah () a dit : « Celui qui passe sa vie dans l’Islam jusqu’à ce que ses cheveux deviennent blancs, ils seront pour lui une lumière le jour de la résurrection. » Rapporté par Ibn Hibbân.
Le Messager d’Allah () a dit : « Aucun musulman ne passe sa vie dans l’Islam jusqu’à ce que ses cheveux deviennent blancs sans qu’Allah ne lui inscrive pour chaque cheveux une bonne action et l’en décharge d’une mauvaise. » Rapporté par Al-Dârimî et jugé authentique par Al-Albânî.
Le troisième droit : on doit les aider quand ils en ont besoin, dépenser pour eux s’ils n’ont pas d’argent, ne pas les délaisser ni les négliger avec le temps. Tout comme ils ont servi les autres durant leur jeunesse, on doit les servir durant leur vieillesse. Tout comme ils ont servi leur société quand ils en avaient la force, la société doit les servir maintenant qu’ils sont faibles et démunis, même s’ils ne sont pas musulmans.
Dans le livre Al-Kharâj du cadi Abou Youssouf, le Cheikh des Hanafites (qu’Allah lui fasse miséricorde), il est dit : « Omar ibn Al-Khattâb (qu’Allah soit satisfait de lui) passa devant la porte d’une maison où se trouvait un homme qui demandait l’aumône : "Je suis un vieil homme, je suis aveugle." Posant sa main sur son dos, il lui demanda : "Es-tu juif ou chrétien ?" L’homme répondit : "Je suis juif." Omar lui dit : "Qu’est-ce qui t’a amené à demander l’aumône ainsi ?" L’homme s’expliqua : "Le besoin et mon âge avancé." Omar le prit par la main et l’emmena chez lui. Il lui donna quelques biens qui lui appartenaient puis envoya un message au responsable du Trésor Public : "Regarde cet homme et ceux qui sont dans son cas. Je jure par Allah que nous n’aurons pas été justes envers eux si nous avons bénéficié de leur jeunesse puis les abandonnons durant leur vieillesse. Allah, exalté soit-Il, dit : « L’aumône légale est réservée aux pauvres, aux nécessiteux. » (Coran 9/60). Et cet homme fait partie des pauvres et des gens du Livre. Dispense-le, lui et ses semblables qui ont son âge d’avoir à payer l’impôt qui leur incombe dans tous les pays musulmans.»
Lorsque Khâlid ibn Al-Walîd conclut un pacte de paix avec les hommes de Al-Hayra, il dit : « Je décrète que toute personne âgée qui est faible et ne peut travailler, atteinte d’une impotence quelconque, qui avait les moyens de vivre mais s’est appauvri et est maintenant parmi les gens endettés, a droit à l’aumône et est dispensée d’avoir à payer l’impôt ; elle dépend désormais du Trésor Public. »
C’est un acte religieux et un noble comportement, pas une habitude ou une tradition :
Le respect des personnes âgées et des aînés n’est pas uniquement une belle tradition ou une pratique que les gens ont pris l’habitude de suivre au sein de leurs sociétés. C’est surtout un comportement de haute valeur que nous accomplissons de bon cœur, l’âme sereine, en aspirant à la récompense et à l’agrément divin… C’est l’une des fiertés de cette noble religion. Louange à Allah qui a fait de nous des musulmans.