Louange à Allah, et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.
Dans un précédent article, nous avons abordé certains fondements de la facilité et de la tolérance en Islam. Nous poursuivons ici notre réflexion en exposant d’autres principes essentiels de cette noble conception, parmi lesquels :
1. Lever toute gêne en cas d’erreur ou d’oubli
Qui parmi nous ne commet jamais d’erreur ? Qui peut prétendre ne jamais oublier ? L’erreur et l’oubli font partie intégrante de la nature humaine. Allah, exalté soit-Il, dit :
« En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam ; mais il oublia ; et Nous n'avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. »
(Coran 20/115)
Le Prophète () a dit :
« Adam a oublié et a fauté. Sa descendance oubliera donc et commettra des fautes. » (Rapporté par At-Tirmidhî)
Parmi les manifestations de la miséricorde d’Allah envers les membres de la communauté islamique figure le fait qu’Il ne leur impute ni les fautes commises par oubli ni celles résultant d’une erreur involontaire. Allah rapporte ainsi l’invocation des croyants :
« Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos oublis ou de nos erreurs ! »
(Coran 2/286)
Le Prophète () a précisé à ce sujet :
« Allah a levé la responsabilité de ma communauté pour ce qu’elle commet par erreur, par oubli ou sous contrainte. » (Rapporté par Ibn Mâjah, d’après Ibn ‘Abbâs)
Il convient toutefois de distinguer entre le péché spirituel – qui est levé dans ces cas – et la responsabilité liée aux droits d’autrui, qui n’entre pas dans ce cadre.
De nombreuses preuves confirment que l’oubli ne constitue pas une faute. Le Prophète () a dit :
« Celui qui mange ou boit par oubli alors qu’il jeûne doit poursuivre son jeûne. C’est Allah qui l’a nourri et abreuvé. » (Rapporté par Al-Boukhârî)
Celui qui mange ou boit par oubli durant le jeûne ne commet aucun péché, et il n’est tenu ni de rattraper ce jour, ni d’accomplir une expiation. Cela reflète parfaitement la tolérance de la loi islamique et sa facilité.
L’erreur, également, est excusée. Allah dit :
« Vous ne serez pas blâmés pour une parole prononcée par erreur, mais seulement pour ce que vos cœurs ont prémédité. »
(Coran 33/5)
Ibn Kathîr, qu’Allah lui fasse miséricorde, commente :
« Allah a levé toute gêne pour Ses serviteurs en cas d’erreur, et Il leur a ordonné d’invoquer : “Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos oublis ou de nos erreurs !” »
Dans le recueil authentique de Mouslim, il est rapporté qu’Allah a exaucé cette invocation en déclarant : « Je vous ai exaucés. »
Le Prophète () a également dit :
« Le juge qui émet un jugement juste après avoir déployé tous les efforts recevra une double récompense ; s’il se trompe malgré ses efforts, il recevra une seule récompense. » (Rapporté par Al-Boukhârî, d’après ‘Amr ibn Al-‘Âs)
Ibn Kathîr ajoute que le péché ne s’applique qu’à l’acte délibéré, comme l’indique ce verset :
« Allah ne vous tient pas rigueur de vos serments prononcés à la légère, mais uniquement de ceux que vous formulez avec préméditation. »
(Coran 2/225)
Le calife ‘Umar ibn Al-Khattâb disait :
« Ce ne sont pas vos erreurs qui m’inquiètent, mais celles que vous commettriez volontairement. »
Parmi les illustrations de cette règle figure le cas du fidèle qui prononce une parole de mécréance par erreur : il ne devient pas mécréant. Le Prophète () a dit :
« Allah se réjouit davantage du repentir de Son serviteur que l’un de vous qui retrouve sa monture dans le désert où elle lui avait échappé en emportant avec elle ses provisions de nourriture et d’eau. Perdant tout espoir de la retrouver, il s’allonge à l’ombre d’un arbre. Mais soudain, voilà qu’elle réapparait devant lui. Il la saisit alors par la bride et, au comble de la joie, s’exclame : “Ô Allah ! Tu es mon serviteur et je suis Ton Seigneur”, – confondant ses mots tant sa joie est intense. » (Rapporté par Mouslim, d’après Anas ibn Mâlik)
L’erreur constitue donc une circonstance atténuante, comme c’est le cas pour certains crimes involontaires. Dans un homicide involontaire, par exemple, le talion ne s’applique pas, mais le prix du sang doit être versé.
2. Lever la gêne en cas de contrainte
La contrainte consiste à obliger quelqu’un à accomplir un acte contre sa volonté. En termes juridiques, cela signifie : contraindre une personne à faire ce qu’elle n’aurait pas fait si elle avait été libre de son choix.
Dans ce cas, la contrainte lève la responsabilité du fidèle et peut même lui permettre d’adopter des comportements normalement interdits, comme prononcer une parole de mécréance, si sa foi reste intacte dans son cœur. Allah dit :
« À l’exception de ceux qui sont contraints alors que leurs cœurs demeurent fermement attachés à la foi, ceux qui renient Allah après avoir cru en Lui subiront Sa colère et un châtiment terrible. » (Coran 16/106)
Il est rapporté qu’Ammâr ibn Yâsir, torturé par les polythéistes, finit par insulter le Prophète () et faire l’éloge de leurs idoles, sous la contrainte. Lorsqu’il revint, honteux, vers le Prophète ﷺ, celui-ci lui demanda :
– « Comment as-tu trouvé ton cœur ? »
– « Apaisé par la foi », répondit-il.
– Le Prophète () conclut : « S’ils recommencent, fais de même. » (Hadith rapporté par Al-Hâkim et Al-Bayhaqî)
De même, celui qui est forcé à boire de l’alcool ne subit aucune peine légale selon la majorité des savants. L’impact de la contrainte varie selon les individus, c’est pourquoi la loi islamique en tient compte et s’adapte aux capacités réelles des personnes.
3. L’ouverture permanente de la porte du repentir
Parmi les principes fondamentaux de la facilité en Islam figure l’ouverture permanente de la porte du repentir. Cette miséricorde divine libère le croyant du poids de ses fautes, ravive son espoir et le pousse à persévérer dans la voie du bien.
Allah dit :
« Dis : “Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès contre vous-mêmes, ne désespérez pas de la Miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Il est le Pardonneur, le Très Miséricordieux.” » (Coran 39/53)
Et Il dit encore :
« Revenez tous à Allah, ô croyants, afin que vous réussissiez. » (Coran 24/31)
Allah aime ceux qui se repentent :
« Allah aime ceux qui reviennent constamment à Lui repentants. » (Coran 2/222)
Le fidèle ne doit jamais désespérer de la miséricorde divine, aussi nombreuses que soient ses fautes. Penser qu’Allah ne pardonnera pas est une grave erreur et un péché majeur. Cela constitue une ruse du diable pour couper le croyant de son Seigneur.
Le Prophète () a dit :
« Par Celui qui détient mon âme dans Sa main ! Si vous ne péchiez pas, Allah vous ferait disparaître pour vous remplacer par des gens qui commettraient des péchés, puis demanderaient pardon à Allah, et Il leur pardonnerait. »
(Rapporté par Mouslim)
La religion islamique, dans sa facilité et sa sagesse, accorde une grande valeur au repentir sincère. Allah dit :
« Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre : ceux-là, Allah remplacera leurs mauvaises actions par de bonnes. » (Coran 25/70)
Le Prophète () a aussi dit :
« Crains Allah où que tu sois. Fais suivre la mauvaise action par une bonne, elle l’effacera. Et comporte-toi envers les gens d’un bon comportement. »
(Rapporté par At-Tirmidhî)
Enfin, la porte du repentir reste ouverte tant que les signes de l’Heure n’apparaissent pas. Le Prophète () a dit :
« L’émigration restera valable tant que le repentir sera accepté. Et le repentir sera accepté tant que le soleil ne se lèvera pas de son couchant. »
(Rapporté par Abou Dâwoud)
Louange à Allah pour le bienfait de l’Islam, pour la tolérance et la facilité qu’Il nous a accordées, et pour avoir levé les obstacles et les peines pesantes sur les croyants. Et que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, sur sa famille, ses compagnons, et sur tous ceux qui suivent leur voie avec droiture.