La lutte entre la Vérité et le mensonge entre le bien et le mal relève des lois cosmiques instituées par Allah, Exalté soit-Il. Il en sera ainsi partout où existe la vérité et ses partisans. Ces derniers ont toujours été mis à l'épreuve mais ils ont toujours triomphé, même si c’était parfois après un certain temps. Allah, Exalté Soit-Il, dit: « Ils veulent éteindre de leurs bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l’aversion des mécréants » (Coran 61/8).
Le meilleur exemple pour illustrer ce que nous venons de dire est l’attitude des polythéistes vis à vis du Prophète () et de son apostolat; ils se servirent de tous les moyens pour combattre le Prophète () et lui nuire. Lorsque la tribu de Qouraych vit que le nombre de ceux qui se convertissaient à l’Islam augmentait et que l'Islam s'était renforcé après la conversion de ‘Omar et de Hamzah, elle commença à penser à se servir d'autres moyens pour se débarrasser de ce groupe croyant.
L’une de ces méthodes fut le boycott économique contre les musulmans. La haine des polythéistes les conduisit à rédiger un traité considérant les musulmans, ceux qui acceptaient leur religion, ceux qui avaient pitié d'eux et quiconque les défendait, comme un seul parti séparé des autres gens. Les polythéistes se mirent par ailleurs d'accord pour ne pas contracter de mariage, ne pas établir de transactions commerciales avec eux, de ne pas les fréquenter et de ne pas entrer dans leurs maisons. Ils signèrent un document où ils s'engageaient à n’accepter aucun accord avec le clan des Banou Haachim, à ne pas avoir pitié d’eux jusqu'à ce qu'ils livrent le Prophète () au meurtre. Ce document fut suspendu dans la Ka‘bah pour donner à ses clauses un caractère sacré et pour qu’il soit appliqué. Tous les arabes sanctifient la Ka‘bah ; c'est pour cette raison que la tribu de Qouraych prémédita d’afficher ce document à l'intérieur de la Ka‘bah. Ils firent cela au moment où les arabes en général et la tribu de Qouraych en particulier chantaient les différentes formes de générosité, et de prodigalité qui étaient considérées comme un objet de fierté et de concurrence.
Mais lorsque la rancœur s'empara de leurs cœurs et plana sur leurs âmes, ils oublièrent toutes ces valeurs. Ceux qui donnaient à manger aux convives et qui cherchaient à aider les besogneux, commencèrent à être avares et à ne pas respecter pas les droits de leurs proches ni de leurs voisins. Ils rompirent ainsi les liens de parenté et affamèrent les enfants et les femmes. Leurs cœurs étaient dénués de toute humanité.
Le Prophète () ainsi que tous ceux qui étaient avec lui furent obligés de rester dans le défilé montagneux où se trouvaient les demeures du clan des Banou Hachim. La famille Banou Al-Mottalib, musulmans ou mécréants, excepté Abou Lahab, se rallièrent au clan des Banou Haachim. Abou Lahab se rallia à la tribu de Qoraych dans son conflit contre son clan.
Les polythéistes faisaient pression sur les musulmans et leur interdirent les provisions. Une fois leurs vivres épuisés, les musulmans s’affaiblirent extrêmement; on entendait les cris des enfants près des sentiers montagneux. Certains de leurs ennemis furent pris de pitié. Lorsqu’une caravane commerciale arrivait à la Mecque, et que l'un des compagnons assiégés allait acheter à manger pour ses enfants, Abou Lahab disait aux commerçants: « Ô commerçants, vendez à des prix exorbitants aux partisans de Mohammed afin qu'ils ne puissent plus rien acheter. Vous savez que je suis riche et que j’ai les moyens de vous indemniser du manque à gagner ; je vous garantis qu’aucun de vous ne sera perdant dans cette affaire?
Les musulmans revenaient chez eux sans pouvoir acheter quoi que ce soit à leurs enfants qui criaient de famine.
Sa‘d Ibn Abii Waqqaas, qu'Allah soit satisfait de lui, dit : « Je sortis une nuit pour uriner et, au moment où l'urine s'écoulait par terre, j'entendis un son, il s'agissait d’un morceau de cuir de dromadaire sous l'urine ; je le pris et le lavai puis je le brûlai et l’assouplis en y versant de l’eau ; je m'en suis contenté pendant trois jours ». Cela illustre l’extrême précarité de la situation des musulmans à cause du blocus.
Pendant ces jours de siège, les musulmans sortaient pour rencontrer les gens qui venaient faire le pèlerinage, afin de les inviter à se convertir à l’Islam. Leurs peines ne les détournèrent donc pas de communiquer le message islamique ni de l'exposition de l’Islam à toute délégation venant à la Mecque. Ils étaient convaincus que la persécution n’anéantirait pas le prêche de la vérité et que, au contraire, cela l'enracinerait de plus en plus et ramifierait ses branches. L'Islam gagna d’ailleurs pendant la période du blocus beaucoup de partisans.
Par ailleurs, les polythéistes commencèrent à diverger tout en se demandant si ce qu'ils avaient fait était raisonnable. Allah, Exalté soit-Il, assujettit un groupe d'entre eux pour annuler ce boycott et démolir ce document injuste après trois ans de malheur et de peine. Si ce boycott était, d'apparence, en guise de malheur et de peine subis par le Prophète () ainsi que par ses Compagnons, ce à quoi aspirait la tribu de Qouraych, il eut de mauvaises répercussions sur les non-musulmans parmi les Habitants de la Mecque d'où ils ne ressentaient pas; même la vie sociale en matière de liens de parenté, de mariage et de rapports sociaux fut influencée. Il en fut de même pour la vie économique, et ce des deux côtés.
Nous pouvons cependant tirer de nombreux profits et morales ; en voici quelques uns :
- Les ennemis d'Allah, Exalté Soit-Il, partout et de tous temps, combattent les prédicateurs en s'efforçant de réduire leurs moyens de subsistance pour qu’ils se résignent et renoncent à leur prédication.
- Lorsque la joie et douceur de la foi pénètrent dans le cœur du croyant, il vit au Paradis d’ici-bas, même s'il est le plus pauvre des mortels. Ceci qui explique pourquoi les Compagnons étaient assidus à l’accomplissement de leur devoir de prédication islamique pendant la saison du Hadj, malgré leur situation difficile.
- les croyants doivent être toujours prêts à faire face aux intrigues des ennemis. Comme le passé et le présent se ressemblent ! Les ennemis d'Allah, Exalté soit-Il ont toujours été, en tous temps et en tous lieux, en état de guerre contre la Vérité et ses adeptes; Allah, Exalté Soit-Il, dit (sens du verset):
« Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils peuvent, vous détourner de votre religion » (Coran 2/ 217).
Les armes et les moyens de guerres qu’ils emploient se ressemblent les uns les autres, et les méthodes modernes sont en fait très proches de celles du passé. Ainsi en est-il de la guerre économique que les ennemis de l'Islam utilisèrent pleinement contre l'Islam à cette époque, et qui fit mourir enfants, femmes et vieillards, de faim, de soif, et de manque de soins médicaux.
Ces méthodes entraînent également la destruction des cultures et de la progéniture au vu et au su du monde entier qui veille aux droits des animaux et qui prétend protéger les droits de l'homme.