Donner la Zakât à un homme dont on doute qu’il la mérite Fatwa No: 400672
- Fatwa Date:10-10-2019
J’ai un voisin dont la situation est correcte qui m’a informé un jour avoir besoin de subir un examen du cœur, un cathétérisme cardiaque, et la pose d’un extenseur vasculaire, et qu’il ne dispose pas de la somme nécessaire. J’ai donc interrogé un cheikh qui m’a appris qu’il était permis de lui donner de l’argent de la Zakât. J’en ai parlé à un autre voisin qui a exprimé son accord pour l’aider et lui donner une somme d’argent. J’ai remis à ce deuxième voisin ma part d’argent qui correspond à ce que je devais donner de la Zakât en lui demandant de la faire parvenir à notre voisin malade. Par la suite, il s’est avéré que ce dernier pouvait faire assumer ses frais de santé via une assurance maladie sans avoir à les payer. J’en ai informé mon deuxième voisin qui détenait l’argent et lui ai demandé de le remettre à des personnes en droit de recevoir la Zakât. J’ai informé le malade qu’il pouvait faire couvrir ses frais de santé via l’assurance santé. Pourtant, mon deuxième voisin m’a dit qu’il garderait l’argent avec lui jusqu’à ce que l’opération du malade soit achevée. Cette opération s’est bien déroulée et au frais de l’assurance santé. Malgré cela, mon voisin m’a emmené avec lui pour visiter le malade et lui a remis l’argent en disant qu’assurément il le dépenserait en achetant les médicaments dont il a besoin ou autre frais de santé. J’ai au passage remarqué au domicile du malade que sa situation matérielle est moyenne. La somme que j’ai remis à titre de Zakât est-elle suffisante pour me dispenser de toute responsabilité auprès d’Allah ? Nous souhaitons connaitre votre réponse – qu’Allah vous récompense par un bien -.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Remettre la Zakât à une personne en ayant un doute sur le fait qu’il correspond aux conditions requises pour la recevoir ne vous dispense pas de votre responsabilité religieuse auprès d’Allah.
Il faut absolument en avoir la certitude ou la forte présomption. Al-Bâhûtî al-Hanbalî a dit dans son livre Kashshâf al-Qinâ’ : ‘ Il n’est pas permis de remettre la Zakât à une personne sauf si
on sait qu’elle est en droit de la recevoir ou qu’on en a une forte présomption. On ne saurait être dispensé de sa responsabilité en la donnant à quelqu’un qui n’y a pas droit. Il est donc
nécessaire de le savoir pour ce faire. En avoir une forte présomption est suffisant car il peut ne pas être possible ou difficile d’en avoir la certitude dans toutes les situations. Si on n’a
même pas la présomption qu’il en a droit et qu’on la lui remet quand même, puis il s’avère qu’il y avait droit, cela ne suffira pas à se dispenser de sa responsabilité.’ Fin de citation.
L’encyclopédie du fiqh dit ceci : ‘ La Zakât remis à une personne dont on doute qu’elle y a droit, qu’aucun effort n’a été entrepris pour le savoir et qu’il ne nous ait pas apparu qu’il y ait
effectivement droit, alors cette Zakât n’est pas valable.’ Fin de citation.
A partir du moment ou cet homme a subi son opération sans avoir besoin de l’argent de la Zakât pour le faire, on ne doit pas lui la remettre simplement parce qu’on pense qu’il peut
éventuellement en avoir besoin pour acheter des médicaments ou autre. Il se peut très bien qu’il ait les moyens d’acheter les médicaments même s’il n’a pas les moyens de couvrir les frais de
l’opération.
Au final, si vous ne savez pas ou n’avez pas une forte présomption que cet homme est en droit de recevoir la Zakât alors vous n’êtes pas dispensé de responsabilité et vous devez à ce jour vous
en acquitter.
Aussi, il nous semble via votre question que votre voisin a transgressé les limites en remettant l’argent à votre voisin malade puisque vous l’avez informé qu’il n’en avez pas droit mais qu’il
a conservé l’argent puis le lui a remis sans votre autorisation. S‘il en est ainsi, c’est lui qui est garant de cette somme et à lui d’assumer son erreur. Et vous avez le droit de lui réclamer
votre argent.
Et Allah sait mieux.