Comment faire la différence entre un saint et celui qui prétend être un saint ?

 Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La compréhension authentique de l’expression religieuse Walî Allah (traduite par le terme ‘’saint’’ comme le veut sa définition : qui revêt un caractère de haute exigence morale et religieuse.) se manifeste clairement à travers ce verset :
Les fidèles serviteurs d’Allah seront, en vérité, préservés de toute crainte et de toute affliction. Ce sont ceux qui, aujourd’hui, croient en leur Seigneur et se préservent du péché. (Coran 10/62-63).
Tous les fidèles qui sont croyants et pieux, se préservent du péché, sont des Walî Allah. La sainteté n’est pas restreinte à des personnes en particulier et il n’est pas une condition pour être désigné comme tel de réaliser des miracles. Al-Qortobî a dit : nos savants ont dit, qu’Allah leur fasse miséricorde : ceux qui ne sont pas prophètes et auxquels Allah a permis que se manifestent à travers eux des miracles et des faits extraordinaires, cela n’est pas une preuve de leur sainteté. Contrairement à ce qu’affirment certains soufis et chiites rafidites puisqu’ils affirment : ‘’ cela prouve que c’est un saint puisque si ce n’était pas le cas, Allah n’aurait pas fait en sorte que de tels faits extraordinaires se réalisent à travers lui.’’ Notre preuve à ce sujet est : il n’est pas valable d’attester que l’un d’entre nous est un saint tant qu’il n’est pas mort en étant croyant. Si on ignore s’il est mort croyant ou non, il ne nous est pas possible d’affirmer de façon catégorique que c’est un Walî Allah.
Le Messager d’Allah () a dit : […]. Allah le Très Haut dit : “Je déclare la guerre à celui qui se fait l’ennemi de l’un de Mes pieux serviteurs. Mon adorateur ne se rapproche pas de Moi par des œuvres qui me sont plus chères que celles que je lui ai imposées. Et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de moi par des œuvres volontaires jusqu’à ce que Je l’aime. [....]. Rapporté par Boukhari
Le chemin qui mène à la sainteté dans le Coran et la Sunna consiste à accomplir assidûment les actes obligatoires et veiller à accomplir les actes surérogatoires. Mettre en œuvre toutes les stations spirituelles de la foi et se parer du vêtement de la piété.
Ainsi, on sait que les fous, les débauchés et ceux qui désobéissent à Allah ne sont pas inclus dans cette acception. Le mieux qu’on puisse dire au sujet d’un fou est qu’il est déchargé de toute responsabilité en lien avec les préceptes religieux et non pas qu’il soit un saint et à plus forte raison que le voile érigé entre Allah et sa créature soit ôté de sa vue. Ce voile ne sera ôté pour personne en ce monde. Et seuls les prophètes reçoivent la révélation. Et si un homme vole dans les airs ou marche sur l’eau, cela n’est pas une preuve que c’est un saint. En effet, les événements extraordinaires peuvent se manifester à travers un mécréant, un athée, un débauché, tout comme ils peuvent se manifester à travers un croyant. C’est pour cette raison que Al-Junayd, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : Notre savoir est défini en fonction du Coran et de la Sunna. Celui qui n’a pas appris le Coran et n’a pas écrit le hadith, alors il ne s’est pas instruit en religion et on ne doit pas le prendre pour modèle.
Il a dit aussi : Toutes les voies sont obstruées devant les gens sauf pour ceux qui ont suivi les traces du Messager d’Allah (), se sont conformés aux préceptes de sa Sunna et ont tenu à sa voie. Parce que toutes les voies du bien lui sont ouvertes ainsi qu’à ceux qui suivent ses traces et se conforment à ses préceptes.
Un saint n’a pas le droit de prétendre qu’il l’est, ni à se déclarer comme tel. Cela revient à faire ses propres éloges. De même, il y a un certain nombre de concepts absolument faux qui sont largement répandus concernant le thème de la sainteté et des saints. Nous citerons les suivants :
-1 : croire que le saint peut gérer l’univers, qu’il est permis de l’invoquer et de solliciter son secours lors des difficultés. Avoir une telle croyance exclut de l’Islam, dans l’ensemble. C’est une atteinte à la seigneurie et à la divinité d’Allah.
-2 : croire que les saints sont infaillibles et qu’Allah n’a pas créé les concernant la notion d’abandon qui signifie la possibilité de commettre des péchés, comme le dit Al-Qushayri, qu’Allah lui pardonne.
-3 : croire que le saint sait ce qui relève de l’Inconnaissable, qu’il se suffit à lui-même et se dispense des créatures.
-4 : croire que le saint peut se transformer et apparaitre sous différentes formes. On peut le voir sous la forme d’un lion, d’un vieil homme, d’un enfant. Et aussi, qu’il a le don d’ubiquité, c’est-à-dire qu’il peut se trouver à deux endroits différents au même moment, comme cela est écrit dans de nombreux ouvrages faisant état des saints soufis.
-5 : croire que le saint a le droit d’enfreindre les règles de la loi religieuse, qu’il est obligatoire d’y consentir et de ne pas le réprimander même s’il délaisse les prières en groupe et celles du vendredi puisqu’il est dans un état second (Sâhib Al-Hâl) comme le dit Al-Sha’rânî et d’autres.
-6 croire que la sainteté est une caractéristique entre les mains du grand saint. Il la donne à qui il veut parmi ses adeptes. Or, cela est un égarement qui ne nécessite même pas de preuve pour prouver sa fausseté.
-7 : croire qu’il y a un sceau des saints comme il existe un sceau des prophètes comme l’affirme Al-Hakîm Al-Tirmidhi (à ne pas confondre avec Abû ‘Issa Al-Tirmidhi, l’auteur des Sunans, un des six principaux recueils de hadith). Al-Hakîm Al-Tirmidhi a d’ailleurs été banni de la ville de Tirmidh pour son ouvrage Khatm Al-Wilâya : le sceau de la sainteté. On a émis un jugement de mécréance le concernant pour cela. Après lui, certains ont affirmé qu’ils étaient les sceaux des saints et d’autres ont affirmé que c’est Al-Hakîm Al-Tirmidhî qui était le sceau des saints, comme Ibn Al-‘Arabî et Ahmad Al-Tijânî et d’autres.
-8 : croire que les saints ont la capacité d’ôter le savoir et la guidée de leurs opposants. Ceci est inclus dans leur croyance qu’ils peuvent gérer l’univers.
Ces croyances complètement fausses nous permettent de savoir avec certitude qu’elles sont en opposition totale avec le Coran et la Sunna et la pratique des compagnons et de leurs successeurs, et qu’il s’agit de la voie des alliés du diable et non des alliés du Miséricordieux.
Et seuls ceux qu’Allah mène à la réussite en seront couronnés.

Et Allah sait mieux.