Jurer de divorcer, corréler son divorce à une condition et s’interdire son épouse Fatwa No: 499582
- Fatwa Date:4-11-2024
Je suis mariée depuis neuf ans, j’ai trois enfants et Allah soit loué. Man mari est nerveux bien qu’il soit affectueux envers ses enfants. Mais avec moi, il est très dur. Il en est venu à me menacer de divorcer. Cela est déjà arrivé une fois, et il a juré à deux reprises. Et je voudrais m’assurer que ces divorces sont effectifs.
La première fois : ma mère avait accouché de mon plus petit frère par césarienne. Je suis la plus grande de ses filles et je me suis mariée à 17 ans. Mon mari était à l’étranger et m’avait laissé chez sa famille dans des conditions non conformes aux règles religieuses. Je n’avais pas de chambre pour moi et j’avais un enfant. Je dormais souvent sur le ventre tant j’avais faim. La cuisine était réservée à la famille et la porte en était fermée à clé.
Quand j’en ai discuté avec lui et dit que je ne me sentais pas à l’aise chez sa famille – ils ne respectent pas les règles de la mixité – il a commencé à me mettre la pression. Quand je lui ai demandé de me rendre chez ma famille pour pouvoir m’occuper de ma mère, il a juré que je serais divorcé si j’y allais avant son retour. Il restait alors deux mois à l’attendre. J’ai obtenu son accord et j’y suis allé. Je compte ce fait comme le premier divorce.
La deuxième fois : je lui ai dit que je voulais travailler à la maison en faisant du Henné puisque j’ai une certaine aptitude à le faire. Avec pour condition que je le fasse quand il est au travail et les enfants à l’école, et de ne jamais travailler en sa présence de sorte à ne pas le déranger. Et si jamais je devais faire preuve de négligence, je devais m’arrêter sur le champ. Il m’a dit qu’il ne serait plus responsable de moi si je travaillais. Mais notre situation matérielle a été plus difficile par la suite. J’ai travaillé à son insu et je le lui ai avoué ensuite. Je lui ai dit que j’avais fauté et que je ne voulais rien faire sans son accord, mais il m’a dit : si tu travailles encore une fois, ‘’ tu me seras interdite comme l’est ma mère si tu dois refaire du henné à une autre femme.’’ J’en ai eu le cœur brisé et le monde s’est resserré devant mon visage. J’ai patienté devant son ordre.
Mais s’en est suivi de la violence et des méfaits. Il s’est mis à m’humilier. La dernière fois, il y a quelques jours, il nous a emmenés dans la maison d’un ami à lui et a mis de la musique. Je lui ai dit : ‘’ La musique est trop forte et nous dérange. Je déteste la musique et j’apprends à nos enfants que c’est interdit. Je m’efforce de ne jamais en écouter et je n’en mets jamais dans ma maison.’’ J’ai éteint la musique, mais il est revenu et l’a remise en jurant de me divorcer à trois reprises qu’il ne l’éteindrait pas. Et après la fin de la musique, il a éteint l’appareil.
Est-ce que le divorce qu’il a prononcé ici est effectif ou non, qu’il s’agisse du premier ou du deuxième ?
Je n’ai pas de frère plus grand que moi ni d’oncle paternel. Mon père est marié avec une autre femme que ma mère. Depuis qu’il s’est marié, il ne demande jamais de nos nouvelles. Je l’appelle seulement de temps à autre pour entretenir les liens de parenté. Mon mari n’est pas le pire en ce monde. Je ne nie pas les mérites qu’il a sur moi et ma famille. C’est lui qui dépense pour moi et mes enfants. Mais je demande à Allah qu’Il lui permette de prendre le dessus sur son âme.
Me concernant, j’ai également des défauts, mais je m’efforce d’être une mère pieuse qui apprend sa religion et mémorise le Coran, s’en remet à Allah dans toutes ses affaires, mais j’ai subi beaucoup de torts, je demande à Allah de me permettre de patienter et de rester fermement attaché à la religion.
Délivrez-moi une Fatwa, qu’Allah vous bénisse.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le mieux dans ce genre de questions est que votre mari s’adresse de vive voix à un savant ou revienne à un centre islamique. Il est nécessaire de connaitre quels étaient ses objectifs en prononçant les termes mentionnés et autres faits qui exigent d’être clarifiés.
De façon générale, pour être utiles, nous pouvons dire ce qui suit :
Premièrement : la religion exige de votre mari qu’il se comporte convenablement avec son épouse, comme cela est dit dans le Coran : Veillez à vous comporter convenablement envers vos épouses. (Coran 4/19).
Or, menacer son épouse de divorce et lui causer du tort par un mauvais comportement s’oppose à cette directive divine.
Deuxièmement : il est du droit de la femme sur son époux de vivre dans une maison indépendante et elle n’est pas obligée de vivre avec la famille de son mari. Et plus particulièrement si cela implique une mixité et autres interdits religieux.
Troisièmement : jurer de divorcer a le même statut que le divorce corrélé à une condition. Le divorce est effectif dès que la condition est remplie. C’est l’avis de la majorité des savants, que son intention fût de divorcer ou non. Certains savants sont d’avis que si le mari n’avait pas l’intention de divorcer, alors le divorce ne prend pas effet et le mari a l’obligation d’expier son parjure. C’est l’avis d’Ibn Taymiyya.
Quatrièmement : Les paroles du mari à son épouse : (tu me seras interdite comme l’est ma mère) il faut revenir à l’intention de votre mari pour définir le statut découlant de tels propos : s’il avait l’intention de divorcer, alors il s’agit d’un divorce. Mais s’il avait l’intention de prononcer un divorce interdit appelé Dhihâr, alors ces propos en auront le statut. Et s’il a prononcé ses paroles sans intention particulière, alors lui revient le choix de donner à ses propos le statut de divorce ou de Dhihâr. Enfin, s’il avait l’intention de s’interdire sa femme en particulier, sans avoir l’intention ni de la divorcer ou de prononcer un Dhihâr, alors aucun des deux ne prend effet et il devra expier son parjure.
Cinquièmement : jurer de divorcer à trois reprises dans le cas où la personne ne fait pas une chose en particulier, le statut à ce sujet est le même que le précédent à l’origine de la question relative à jurer de divorcer. Divorcer trois fois en une seule déclaration compte pour trois divorces effectifs selon la majorité des savants.
Ibn Taymiyya est d’avis qu’il ne compte que pour un seul divorce.
Nous signalons que l’intention du mari doit être prise en considération concernant les serments. De même que la raison l’ayant poussé à jurer doit être prise en considération, ceci comme le disent les savants.
Sixièmement : les deux conjoints doivent veiller à tout ce qui peut être une cause de stabilité de la famille et que leur couple soit conduit par le dialogue et la compréhension mutuelle, passer outre les erreurs de l’autre, et ne pas donner au diable l’opportunité de se hisser entre eux comme c’est son objectif.
Muslim rapporte de Jâbir (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète () a dit : Iblîs établit son trône sur l'eau et envoie ses légions. Le démon qui a (ensuite) le plus de proximité avec lui est celui qui a réussi le plus grand trouble (fitna). L'un de ces démons vient à lui et dit : "J'ai fait ceci et cela." Mais il lui répond : "Tu n'as rien fait." Puis l'un d'entre eux vient à lui et lui dit : "Je n'ai pas lâché [tel humain], jusqu'à ce que j'ai réussi à provoquer la séparation entre lui et son épouse." Iblis rapproche de lui ce démon et lui dit : "Quel bon fils es-tu !
Et Allah sait mieux.