Rendre visite aux malades

Parmi les actes d’adoration qui nous mènent au Paradis en raison de la grande récompense qui y est corrélé et parce que le Législateur nous y a vivement encouragé, le fait de rendre visite aux malades pour leur remonter le moral. Dans ses Sunans, Tirmidhi rapporte un hadith de Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) qui relate : le Prophète () a dit : « Quiconque rend visite à un malade, ou à l’un de ses frères en Allah, est interpelé en ces termes : “Puisses-tu trouver le bonheur, être purifié de tes péchés, être récompensé pour tes pas et obtenir une demeure au Paradis”. » Ce hadith est mentionné dans Sahih Al-Jâmi’.

Dans le recueil de Mouslim est mentionné un hadith rapporté par Thawbân, l’affranchi du Prophète () dans lequel il rapporte que le Prophète () a dit : « Celui qui rend visite à un malade n’a de cesse d’être sur le chemin du Paradis en train d’en cueillir des fruits jusqu’à ce qu’il rentre chez lui. » Et dans une version, on lui demanda que signifie l’expression employée et il expliqua : « cela le conduit sur le chemin du Paradis et à en cueillir les fruits. »

Abou Bakr Al-Anbârî a dit : « Le Prophète () a comparé la récompense que le fidèle obtient en rendant visite à un malade à celle que celui qui cueille des fruits obtient. Des savants ont expliqué que le sens voulu est que le fidèle est sur le chemin du Paradis. Le sens global du hadith est que le fidèle est sur le chemin le conduisant au Paradis.

Rendre visite à un malade fait partie des bienséances encouragées par l’Islam qui en a fait un des premiers droits du musulman sur ses coreligionnaires. Il en a même fait un des moyens de contribuer à la concorde entre les cœurs comme Allah nous a dit dans son livre que c’était une des grâces dont il nous a comblées.

Rendre visite à un malade permet au souffrant de ressentir l’esprit de la fraternité islamique. Cela contribue à alléger ses souffrances et ses peines et c’est une compensation à la force et à la santé dont il a été privé.

C’est pour cette raison qu’il faisait partie de l’attitude des prédécesseurs, qu’Allah soit satisfait d’eux, s’ils s’apercevaient de l’absence de l’un de leurs frères durant trois jours, de s’enquérir de ses nouvelles. S’il était absent, ils invoquaient en sa faveur. S’il était présent, ils allaient lui rendre visite. Et s’il était malade, ils se rendaient à son chevet.

Al-A’mash, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Nous avions l’habitude de nous assoir pour discuter. Si nous remarquions l’absence de l’un d’entre nous durant trois jours alors on s’enquerrait de ses nouvelles. S’il était malade, nous allions lui rendre visite. »

Un des droits du musulman sur son frère est qu’il lui rende visite s’il tombe malade. Selon une version de Mouslim, Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) relate : le Prophète () a dit : « Les droits du musulman sur les autres musulmans sont au nombre de six :

- quand tu le rencontres, salue-le,

- quand il t’invite, accepte son invitation,

- quand il te consulte, conseille-le sincèrement,

- quand il éternue, puis loue Allah, réponds-lui : “Qu’Allah te fasse miséricorde”,

- quand il tombe malade, rends-toi à son chevet,

- quand il meurt, accompagne sa dépouille. »

Ce hadith est également rapporté par Ahmad et Boukhari dans Al-Adab Al-Mufrad.

Dans la version de Ahmad : « Les droits du musulman sur les autres musulmans sont au nombre de cinq : répondre à son salut, se rendre à son chevet, accompagner sa dépouille, accepter son invitation et lui dire : “Qu’Allah te fasse miséricorde (yarhamouka Allah)”, lorsqu’il éternue. » Rapporté par Ahmad et Boukhari dans Al-Adab Al-Mufrad et Ibn Mâjah.

D’après Al-Barâ’ ibn ‘Âzib (qu’Allah soit satisfait de lui) : « le Messager d’Allah () a ordonné sept choses aux musulmans et leur en a défendues sept autres. Il leur a ordonné de se rendre au chevet du malade, d’accompagner la dépouille jusqu’au cimetière, de dire : « Qu’Allah te fasse miséricorde » à celui qui éternue, de délier les autres de leurs serments, de défendre l’opprimé, d’accepter l’invitation et de saluer les autres. Et il leur a interdit de porter des bagues en or, de boire dans des récipients en or et en argent, de s’asseoir sur des coussins de soie sur les selles, de porter des vêtements faits d’un mélange de soie et de lin, ainsi que trois différents types de soie. » Rapporté par Ahmad et Boukhari.

Au vu de l’importance que l’Islam a accordé à ce beau comportement qui participe au maintien du lien entre les gens et contribue à répandre l’harmonie et l’amour entre eux, l’Islam a attribué à la visite du malade un mérite et une récompense conséquente, tout comme il a institué plusieurs bienséances que devrait observer toute personne qui rend visite à un malade.

Parmi les mérites de qui rend visite à un malade et console une personne dans le besoin et qu’il est avec Allah.

D’après Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) le Messager d’Allah () a dit : « Allah Tout-Puissant dira le Jour de la résurrection : “Fils d’Adam ! Je suis tombé malade, mais tu ne M’as pas rendu visite”. L’homme s’étonnera : “Comment, Seigneur, pourrais-Tu tomber malade alors que Tu es le Seigneur de l’univers”. Allah répondra : “N’as-tu pas su qu’untel, Mon serviteur, était tombé malade ? Et pourtant tu ne t’es pas rendu à son chevet. Ne sais-tu pas que si tu l’avais fait, tu M’aurais trouvé auprès de lui ? Fils d’Adam ! Je t’ai réclamé à manger, mais tu Me l’as refusé”. L’homme s’étonnera : “Comment, Seigneur, aurais-je pu Te nourrir alors que Tu es le Seigneur de l’univers”. Allah répondra : “N’as-tu pas su qu’untel, Mon serviteur, te demandais à manger, mais tu ne l’as pas nourri. Ne sais-tu pas que si tu l’avais nourri, tu aurais trouvé ta récompense auprès de Moi ? Fils d’Adam ! Je t’ai réclamé à boire, mais tu Me l’as refusé”. L’homme s’étonnera : “Comment, Seigneur, aurais-je pu Te donner à boire alors que Tu es le Seigneur de l’univers”. Allah répondra : “Untel, Mon serviteur, te réclamais à boire, mais tu ne l’as pas abreuvé ? Ne sais-tu pas que si tu l’avais abreuvé, tu aurais trouvé ta récompense auprès de Moi ?” » Rapporté par Boukhari dans Al-Adab Al-Mufrad et Mouslim et aussi Ibn Hibbân.

Les savants ont expliqué : Allah s’attribue la maladie alors que c’est le fidèle qui est le malade, son objectif en le faisant est d’honorer le fidèle. De même (comme nous l’avons traduit directement avec ce sens) l’expression arabe : ‘’tu m’aurais trouvé auprès de lui’’ signifie : tu aurais trouvé ta récompense auprès de Moi. C’est ce qui est mentionné dans l’explication du recueil de Mouslim.

Al-Munâwî a dit : « Les termes arabes employés dans ce hadith indiquent que celui qui rend visite à un malade trouvera Allah auprès de lui alors que s’il donne à manger ou à boire il trouvera sa récompense en le faisant. Cela prouve que rendre visite à un malade octroie une récompense supérieure à celle de donner à manger et à boire. Al-Subkî (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : Le secret qui explique cette subtilité est que le malade ne se rend chez personne c’est plutôt les gens qui vont le voir. Il convenait donc de dire que le fidèle trouvera Allah auprès du malade contrairement aux deux autres actions qui peuvent être faites en faveur d’autres personnes. » (Fayd Al-Qadîr).

Parmi les immenses mérites acquis par celui qui rend visite à un malade et le console, on compte le fait que les anges prient pour lui et implorent le pardon en sa faveur. Selon Abou Fâkhita : Ali me prit par la main et me dit : Allons voir Hasan pour lui rendre visite car il est malade. Nous avons trouvé Abou Moussa qui y était déjà. Ali demanda : ‘’Es-tu venu pour lui rendre visite parce qu’il est malade ou sans intention particulière ?’’ Il répondit : ‘’ Je suis bien venu avec l’intention de rendre visite à un malade.’’ Ce à quoi ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporta avoir entendu le Messager d’Allah () dire : « Nul musulman ne se rend le matin au chevet d’un autre musulman sans que soixante-dix mille anges ne prient sur lui jusqu’au soir, et s’il s’y rend le soir, soixante-dix mille anges prient sur lui jusqu’au matin. En outre, il obtiendra des fruits au Paradis. » Rapporté par Ahmad et Tirmidhi.

Un des autres mérites est que le fidèle est enveloppé par la miséricorde divine.

Selon Marwân ibn Abi Daoud : Je suis allé voir Anas ibn Malik et je lui dit : Ô Abou Hamza, l’endroit est bien loin. Or, il nous plairait bien de te rendre visite puisque tu es malade. Il leva sa tête et dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah () dire : « Celui qui rend visite à un malade ne cesse d’être dans la miséricorde. S’il est au chevet du malade, la miséricorde le recouvre. » Je dis : « ö messager d’Allah, cette récompense est celle du fidèle qui rend visite à son frère malade. Mais le malade, qu’a-t-il ? » Il dit : « Ses péchés lui sont effacés. » Rapporté par Ahmad.

Tout comme cet acte est un de ceux qui permet nécessairement au fidèle d’obtenir le Paradis, Allah a fait en sorte qu’y soit corrélé une récompense, un bonheur et une satisfaction. Ce fidèle, alors qu’il marche en direction du malade, est comme s’il marchait dans une demeure du Paradis.

Selon Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) le Messager d’Allah () a dit : « Quiconque rend visite à un malade, ou à l’un de ses frères en Allah, est interpelé en ces termes : “Puisses-tu trouver le bonheur, être purifié de tes péchés, être récompensé pour tes pas et obtenir une demeure au Paradis”. »

Selon Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) le Prophète () a dit : « Qui d’entre vous jeûne aujourd’hui ? » Moi, dit Abou Bakr. « Qui d’entre vous a suivi un cortège funèbre aujourd’hui ? » Moi, dit Abou Bakr. « Qui d’entre vous a nourri un pauvre aujourd’hui ? » Moi, dit Abou Bakr. « Qui d’entre vous a visité un malade aujourd’hui ? » Moi, dit Abou Bakr. » Il dit alors : « Personne ne fait toutes ces choses sans entrer au Paradis. » Rapporté par Boukhari dans Al-Adab Al-Mufrad Mouslim.

Un des enseignements que l’on tire en rendant visite à un malade est d’attendrir son cœur de la dureté qui l’affecte et que le fidèle puisse ressentir le bienfait de son Seigneur qui lui a donné la santé et l’a épargné de bien des maladies.

Ibn Al-Jawzî dit dans son livre Bustân Al-Wâ’idhîn Wa riâd Al-Sâmi’în qu’un homme est venu trouver Aisha la mère des croyants (qu’Allah soit satisfait d’elle). Il lui dit : « Mère des croyants, je souffre d’un mal, as-tu un remède. Elle dit : « De quel mal tu souffres ? » Il dit dit : « De la dureté du cœur. » Elle dit : « Quel vilain mal que celui-là. Rend visite à un malade, suit un convoi funèbre et attends-toi à mourir. »

Fait partie de la Sunna quand on rend visite à un malade d’invoquer Allah pour sa guérison et de l’exorciser.

Selon Anas ibn Malik, lorsque le Prophète () se rendait au chevet d’un membre de sa famille, il passait la main droite sur lui en disant : « Ô Allah ! Seigneur des hommes ! Eloigne la maladie et apporte la guérison, Toi seul es capable de guérir, il n’y a de guérison que par Ta volonté, une guérison complète (allâhoumma rabba an-nâs, adh’hibilbas, wachfi anta ach-châfi, lâ chifâ’ illâ chifâouka, chifâ’an lâ youghâdirou saqamâ). »

D’après Ibn ‘Abbâs (qu’Allah soit satisfait de lui) le Prophète () a dit : « Nul ne se rend au chevet d’un malade dont le terme n’est pas arrivé et ne dit sept fois en sa présence : “J’implore Allah le Glorieux, Maître du Trône glorieux, de te guérir (as’aloullâh al-‘adhîm, rabba al-‘archi al-‘adhîm, ayyachfiyak)”, sans qu’Allah ne le guérisse de cette maladie. » Rapporté par Ahmad, Tirmidhi et Al-Nasâ’î dans ‘Amal Al-Yawm Wa Al-Layla.

Rendre visite à un malade fait partie des actes qui mènent au Paradis. Veillons à le faire dans le but d’obtenir ce qu’Allah a préparé pour ceux qui le font comme récompense immense.