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Les gens fortunés se sont emparés des degrés supérieurs

Les gens fortunés se sont emparés des degrés supérieurs

Les gens fortunés se sont emparés des degrés supérieurs

Tenter, dès que l’occasion se présente, de rivaliser pour réaliser de bonnes actions et ainsi se hâter vers la satisfaction divine est certes, une noble caractéristique. Cependant, ne la possèdent que les hommes aux aspirations élevées ; Allah Tout-Puissant l'a ordonné dans Son Noble Livre, où Il dit : « Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre préparé pour les pieux » (Coran 3 /133), et Il dit également : « Rivalisez donc dans les bonnes œuvres » (Coran 2/148). Al-Saʻdî a dit : « L'ordre de se hâter vers les bonnes actions est encore plus important que l'ordre de les faire, car se hâter vers elles implique de les réaliser en les complétant, de la meilleure manière possible, et même de les initier. Ceux qui parviendront à devancer les autres vers la concrétisation des bienfaits seront aussi ceux qui devanceront dans l'au-delà vers les Jardins du délice. Ceux-là sont les premiers, qui par leurs bonnes actions, se sont élevés vers les degrés supérieurs, et ces actions englobent toutes les obligations et les œuvres surérogatoires, telles que la prière, le jeûne, la Zakat (l'aumône sous les différentes formes qu’elle peut revêtir) le pèlerinage, la ‘Umra (le petit pèlerinage), le Djihad, et tout bénéfice qu'il soit pour autrui ou limité à son auteur ».

Le Prophète () a enseigné à ses compagnons l’immense avantage de savoir saisir les opportunités, de se hâter vers les bienfaits, de rester toujours vigilant dans le respect de l’obéissance divine et de rivaliser pour faire le bien. ʻAbd-Allah ibn ʻAbbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit : « Profitez de cinq choses avant cinq autres : de votre jeunesse avant votre vieillesse, de votre santé avant votre maladie, de votre richesse avant votre pauvreté, de votre temps libre avant d'être occupé, et de votre vie avant votre mort » (Rapporté par al-Tirmidhi et authentifié par al-Albânî).

La vie du Prophète () foisonne de situations pleines d’enseignements, qui témoignent de la promptitude à laquelle s’attelaient ses compagnons afin d’atteindre la grandeur de ces objectifs. Certaines de ces situations ont eu lieu entre le Prophète () et quelques-uns de ses compagnons faisant partie des plus démunis.

Abou Hurairah, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté : « Les pauvres parmi les émigrants vinrent voir le Messager d'Allah () et dirent : Les gens fortunés se sont emparés de toutes les récompenses. Le Prophète () dit : Qu'est-ce que vous entendez par là ? Ils prient comme nous prions, observent le jeûne de la même manière que nous, mais ils ont de surcroit, la possibilité de faire l’aumône du surplus de leurs richesses, que de notre côté nous ne pouvons faire, et ils libèrent des esclaves que nous ne pouvons pas libérer. Le Messager d'Allah () leur dit : « Puis-je vous apprendre quelque chose par laquelle vous les surpasserez, ainsi que ceux qui viendront après vous ? Personne ne sera meilleur que vous, sauf ceux qui feront ce que vous aurez fait. Ils dirent : Certes, ô Messager d'Allah. Il dit : Dites Subhan Allah (Gloire à Allah), Alhamdulillah (Louange à Allah) et Allahu Akbar (Allah est le plus grand) trente-trois fois après chaque prière » Abou Sâlih a dit : « Les pauvres des émigrants retournèrent voir le Messager d'Allah () en disant : 'Nos frères riches ont entendu la recommandation que tu nous as donné et l’ont suivie. Le Messager d'Allah () leur répondit « C’est une faveur qu'Allah accorde à qui Il veut ! » (Rapporté par Mouslim)

Ibn al-Jawzî a dit : « Ce hadith reflète la plainte des pauvres et leur envie d’atteindre les degrés de ceux, qui grâce leur richesse, parviennent à récolter davantage de récompenses par l'aumône. La promesse leur fut faite que leurs glorifications, leurs louanges et leurs bonnes actions, les hisseraient au même rang que les riches grâce à l'aumône ».

Dans une autre narration de Mouslim, Abou Dhar al-Ghifârî, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : « Certains compagnons du Prophète () ont dit au Prophète () : ‘Ô Messager d'Allah, les gens fortunés ont pris toutes les récompenses. Ils prient comme nous, jeûnent comme nous, mais ils peuvent de surcroit faire l’aumône du surplus de leurs richesses, que de notre côté nous ne possédons pas’. Le Prophète () dit : ‘‘ Allah n’a-t-Il pas mis à votre portée des choses que vous pouvez vous aussi donner en aumône ? A chaque fois que vous dites : Soubhanallah vous faites l’aumône, chaque fois que vous dites : Alhamdoulillah, c’est une aumône, et chaque fois que vous dites : Lâ Ilâha illâ Allah, c’est encore une aumône, pour chaque exaltation, il y a une aumône, ordonner le bien est une aumône, interdire le mal est une aumône, et dans le rapport sexuel de l’un de vous avec sa femme, il y a une aumône’’. Ils dirent : Ô Messager d'Allah, l'un d'entre nous satisfait-il ses désirs et en reçoit de surcroit une récompense ? Il dit : ‘‘ Dites-moi ce qu’il en serait s’il l’accomplissait de manière illicite, cet acte ne lui serait-il pas compté comme un péché ? De même, s'il le pratique de manière permise, il est en droit de mériter une récompense’’ ».

Al-Nawawî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Les propos du Prophète () : ‘‘ Et dans le rapport sexuel de l'un d'entre vous avec son épouse, il y a une aumône’’ indique que les actions licites se transforment en actes d'adoration lorsque l’intention qui les dirige est faite avec sincérité." Al-Qurtubi (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit : " Le sens de ce hadith met en lumière que la pureté des intentions dans ce que l’homme entreprend rend ses actions aussi profitables que l’aumône elle-même, et plus particulièrement quand celui qui la met en œuvre ne détient pas l’avantage des moyens financiers. Ce qui peut signifier que le sens de l’aumône est vaste, et privilégie celui qui peut la mettre en pratique davantage que toutes les autres actions naturellement limitées par leur simple exécution ».

Cette simple phrase sortie de la bouche des compagnons « Les gens fortunés se sont emparés des degrés supérieurs » ne provient pas d'une convoitise envers leurs frères riches ou d'un désir de richesse et d'ambition, mais sont juste de simples paroles qui exprimaient le sentiment d'envie et le désir ardent de faire le bien et d’acte d'obéissance afin d'atteindre le rang que les riches atteignent grâce à leurs dépenses et à leurs aumônes. Cela ressemble au dire du Prophète () : « Il n'y a de jalousie que dans deux choses : un homme à qui Allah a accordé des biens et l’aptitude à les dépenser dans la voie de la vérité, et un homme à qui Allah a accordé la sagesse et par laquelle il juge et qui l’enseigne » (Rapporté par Boukhari). La jalousie porte ici le sens de l'envie du bien, et celle-ci n'est pas blâmable, mais elle est appelée jalousie par métaphore. Ibn Hajar, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Fath al-Bari : « Quant à la jalousie mentionnée dans le hadith, c'est l'envie, et le terme jalousie lui a été attribué de façon métaphorique, c'est le fait de souhaiter posséder ce qui se trouve entre les mains d’un autre, sans pour cela souhaiter que cette chose ne disparaisse pour lui. Cette forme d’ambition s’appelle alors compétition. Il semble donc dire dans le hadith : Il n'y a pas de jalousie plus grande ou meilleure que la jalousie dans ces deux choses ».

Ibn ʻUthaymîn, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Son dire : ‘‘Certains hommes’’ désigne les pauvres qui ont dit au Prophète () : ‘‘Les riches se sont emparés de toutes les récompenses’’ c'est-à-dire grâce leurs nombreuses richesses. L’intention ici n’est pas d'envier en contestant le décret d’Allah, exalté soit-Il, mais plutôt de trouver des actions qu'eux aussi pourraient accomplir et ainsi être récompensés de la même façon ».

Ibn Hubyrah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Leur parole : ‘‘Les riches se sont emparés de toutes les récompenses’’ signifie les riches possédant des biens, en expliquant que par leurs excès de richesses ils ont l’opportunité de donner des aumônes supplémentaires. Et ce dire n'est pas sorti de ces sieurs qui, comme Allah les a décrits, « Ni sur ceux qui ne trouvent pas de quoi dépenser » (Coran 9/91) en exprimant l'envie envers les riches pour ce qu'ils possèdent de biens de ce monde, mais exprimait plutôt le désir d’une compétition dans la vertu. C'est pourquoi Allah, exalté soit-Il, les a décrits en disant : « (Pas de reproche) non plus à ceux qui vinrent te trouver pour que tu leur fournisses une monture et à qui tu dis : « Je ne trouve pas de monture pour vous. » Ils retournèrent les yeux débordant de larmes, tristes de ne pas trouver de quoi dépenser » (Coran 9/92) Cherchant juste à rivaliser dans ce pour quoi les autres rivalisent ».

Ibn ʻUthaymîn, qu’Allah lui fasse miséricorde, a mentionné les leçons à tirer de cette situation et de la tradition prophétique. Il a dit : « Parmi les avantages de ce hadith, nous découvrons la hâte des Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux, dans la course aux bonnes actions. Leur richesse qu’ils souhaitent destiner à ce qui est bon dans ce monde et dans l'au-delà, et qui démontre leur grand cœur. Les actions physiques, partagées par les riches et les pauvres : 'Ils prient comme nous prions, et ils jeûnent comme nous jeûnons', et cela est vrai. Mais il nous est démontré ici que l’effort qu’est capable de faire celui qui est démuni peut parfois être meilleur et porter plus de fruits que celui du riche. Le Prophète () a ouvert les portes des bienfaits aux nécessiteux, en leur disant : « Allah n’a-t-Il pas mis à votre portée des choses que vous pouvez vous aussi donner en aumône ?» en mentionnant les voies à suivre pour atteindre cet objectif. L’interlocuteur reçoit alors une réponse claire et indéniable, grâce à cette déclaration qui contient un argument particulièrement convaincant. Tous les actes mentionnés par le Prophète () sont considérés comme de la charité, mais une partie est obligatoire, une partie est volontaire, une partie provient d’un surplus (pour les autres), et une partie est limitée... L’enseignement du Prophète () est juste, parfait, facile à mettre en pratique et donne toute satisfaction à son interlocuteur, il réussit à amener les questions sensibles plus près des questions rationnelles, comme dans sa parole : « N'avez-vous pas pensé que si vous le mettiez dans l'interdit, vous auriez un péché ? De même, si vous le mettiez dans le licite, vous auriez une récompense ».

Le Prophète () a ouvert les nombreuses portes des bienfaits et de l’aumône, destinés aussi aux plus démunis. Il a ainsi élargi et généralisé la notion d'aumône pour inclure des habitudes porteuses de bienveillance, qui démontrent que la notion d'aumône dépasse celle des biens matériels, mais englobe un large éventail de bonnes actions... A la lecture des hadiths et de la biographie du Prophète () on découvre davantage l’étendue de ce que sont les portes de l'aumône et parmi elles : le sourire aux autres, le fait d’enlever les obstacles et les épines du chemin des gens, donner à boire à quiconque a soif, guider l'aveugle, aider le nécessiteux, chercher à répondre aux besoins des gens, faire un prêt charitable, soulager les musulmans de leurs soucis, subvenir aux besoins de sa famille. En réalité, tout ce qui est inclus dans le terme « Maʻrouf », (le convenable), est considéré comme une aumône parmi les aumônes.

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