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Une veuve remariée a-t-elle droit à l'héritage du défunt ?

Question

Assalam alaykum,
Un homme meurt sans enfant, sa femme se remarie et donne des enfants, est-ce qu’elle a droit à l'héritage de son ancien mari ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Si le défunt n’avait pas d’enfants et a laissé derrière lui une épouse, cette dernière perçoit alors le quart de ce qu’il laisse en héritage, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « […] Et à elles un quart de ce que vous laissez, si vous n'avez pas d'enfant. […] » (Coran 4/12)

Le fait que cette femme se soit remariée après le décès de son premier mari ne lui fait en aucun cas perdre son droit sur l’héritage de ce dernier, car ce droit lui revient par le simple fait du décès de son premier mari.

Quant au reste de l’héritage, il revient aux éventuels agnats du défunt comme ses frères et sœurs, ses neveux et ses cousins paternels conformément au partage légal décrété par la Charia en faisant prévaloir les frères germains sur les autres.

Si le défunt n’avait pas d’agnat, le reste de l’héritage revient alors aux proches parents selon les écoles hanéfite et hanbalite ou au trésor public (musulman) selon les écoles chaféite et malékite. S’il existe une trésorerie musulmane organisée, le reste de l’héritage lui revient donc, mais si le pays est miné par la corruption financière, il faut alors choisir entre l’un des deux avis suivant des oulémas :

Le premier avis est de donner l’argent aux proches parents – comme nous l’avons mentionné ci-dessus – étant donné que le seul héritier existant est son épouse qui ne peut pas percevoir le surplus selon l’avis de la majorité des oulémas. L’Encyclopédie jurisprudentielle mentionne : « Le proche parent dans la question de l’héritage désigne tout proche parent ne faisant pas partie de ceux qui héritent au titre de la réserve héréditaire ou en vertu des droits d’agnations et qui héritent en l’absence d’agnat ou en l’absence de personne héritant au titre de la réserve héréditaire et pouvant percevoir le reliquat.
Ces proches parents ont la priorité sur le fait de donner l’argent au trésor public musulman selon les écoles hanéfite et hanbalite et c’est l’avis pour lequel optèrent les savants des écoles malékite et chaféite des générations plus récentes dans le cas où il n’existerait pas de trésorerie musulmane organisée »

Le deuxième avis est qu’il faut donner le reste de l’héritage à la femme. Tel est l’avis de certains oulémas stipulant que le reste de l’héritage revient alors au conjoint en l’absence d’autre héritier. C’est l’avis notamment de cheikh al-Sa’dî, qu'Allah lui fasse miséricorde. En effet, il est rapporté que ‘Uthmân, qu'Allah soit satisfait de lui, restitua à l’un des époux le reste de l’héritage. Dans ce cas, la femme perçoit alors la totalité de l’héritage - au titre de la réserve héréditaire ainsi que par restitution-. Toutefois, l’avis prépondérant, selon nous, est de donner le reste de l’héritage aux proches parents, car ces derniers prévalent sur la trésorerie musulmane selon les écoles hanbalite et hanéfite ainsi que selon les savants des écoles malékite et chaféite des générations plus récentes dans le cas où il n’existerait pas de trésorerie musulmane organisée. Il faut donc faire prévaloir cet avis sur celui de restituer le reste de l’héritage à la femme.

Ensuite, nous attirons votre attention sur le fait que les questions d’héritage sont délicates et extrêmement épineuses. Il n'est donc pas possible de se contenter d’une simple fatwa émise par un jurisconsulte en fonction de la question qui lui a été posée. Il faut porter la question devant un tribunal islamique afin que ce dernier l'examine et la vérifie ou questionner oralement un savant à ce propos, s'il n'existe pas de tribunal islamique. En effet, il se peut qu'un héritier ne soit découvert qu'après recherche ou que les héritiers ignorent l'existence d'un testament, d'une dette ou d'un autre droit. Or, il est bien connu que toutes ces choses prévalent sur le droit des héritiers à l'argent. Il ne convient donc pas de partager l'héritage sans avoir consulté au préalable un tribunal islamique, s'il en existe un, afin de préserver les intérêts des vivants et des morts.

Et Allah sait mieux.

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