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Les invocations, les formules de rappel et l’exorcisation par des formules conseillées par des hommes vertueux… Point de vue religieux

Question

J’ai lu que :
1 – il n’est pas permis d’indiquer aux gens une formule de rappel pour qu’ils la répètent un nombre de fois défini, en un lieu défini, sans disposer pour ce faire d’un texte clair de la sunna.
2 – il n’est pas permis de mettre en pratique des invocations et des formules de rappel conseillées par des hommes vertueux parce que leur expérience personnelle a été concluante pour eux.
Or, ceci est contraire aux actes des savants anciens – comme Ibn Taymiyya et Ibn Al-Qayyim -puisque ce dernier a dit : « Qui invoque constamment par les noms Yâ Hayyu Yâ Qayyûm, chaque jour le matin, Allah redonnera vie à son cœur par ce biais. Du livre Madârij Al-Sâlikîn.
Il rapporte aussi qu’Ibn Taymiyya répétait toujours la sourate Al-Fâtiha après la prière du Fajr.
Il avait aussi l’habitude de dire quand il était face à des difficultés : « Ô enseignant d’Ibrahim enseigne-moi. »
Il relate aussi que son Cheikh mentionnait des versets spécifiques qu’il nommait les versets de l’apaisement. Il les lisait quand il se sentait triste.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il nous est demandé d’invoquer Allah et de L’évoquer abondamment, dans tous les cas de figure. C’est un principe de base général. Et ce, même pour les différents types de rappel que le fidèle prononce ou les invocations spécifiques qui lui plaisent et lui conviennent, en raison de la portée générale du hadith : « Que chacun de vous choisisse l’invocation qui lui plait le plus et invoque Allah. » Rapporté par Boukhari et Al-Nassâ’î, dont ce sont les termes.
Reste la problématique de définir cette invocation par un nombre de fois précis, un moment, un lieu, une position particulière, sans preuve légale, tout en le faisant constamment, comme s’il s’agit d’une une sunna transmise du Prophète () !
Et ce sont ces points qui sont l’objet d’une interdiction contrairement à ce que peut faire le fidèle parfois, sans en faire une habitude qu’il s’impose de pratiquer constamment.
C’est pour cela que le Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya lui-même distingue entre, d’une part, prendre pour une sunna une formule de rappel non répertoriée dans les textes, en faire une habitude, ou indiquer aux gens que c’est une formule de rappel ou une invocation inexistante dans les textes et d’en faire un acte d’adoration que l’on fait tout le temps et d’indiquer aux gens de le faire tout le temps. Et d’autre part, les invocations que le fidèle fait parfois sans indiquer aux gens que c’est une sunna. Il a dit à ce sujet : « Il ne fait aucun doute que les invocations et les formules de rappel font partie des meilleurs actes d’adoration. Et toute adoration doit s’appuyer sur un texte et sur les préceptes prophétiques, non sur les passions et les hérésies. Les formules de rappel et les invocations dites par le Prophète () sont celles que le fidèle peut dire de mieux… Et personne ne peut indiquer aux gens une formule de rappel ou une invocation qui n’est pas mentionnée dans la sunna et en faire une adoration qu’il faudrait pratiquer tout le temps comme on pratique les cinq prières obligatoires. Bien au contraire, agir ainsi est une hérésie qu’Allah n’a pas autorisée. Ce qui n’est pas le même cas que celui d’un fidèle qui, parfois, dit une invocation non rapportée dans la sunna, mais sans indiquer aux gens de la faire comme si c’était une sunna. Et si le fidèle ne sait pas qu’agir ainsi comprend un élément d’interdiction, il n’est pas non plus permis de juger de façon catégorique que cela est interdit. Il se peut qu’il en soit ainsi sans que le fidèle ne s’en aperçoive. Comme les cas où, quand le fidèle se retrouve sous la contrainte, il recourt à une invocation par laquelle Allah lui ouvre les portes souhaitées à ce moment précis. Les cas sont proches. En revanche, dire des formules de rappel qui ne sont pas rapportées dans les textes de façon quotidienne, et en faire une habitude qui n’est pas légiféré, c’est cela qui est interdit. » Fin de citation.
Le statut d’une telle pratique dépend de la règle qui distingue entre ce à quoi les textes appellent de façon générale et ce à quoi ils appellent de façon plus spécifique, et notamment la restriction de ce qui est cité de façon globale par un nombre de fois, un moment, un lieu ou autre. Ce qui est cité de façon absolue doit le rester et le fidèle n’a pas à agir dans une position particulière sans preuve.
Dans son livre Al-I’tisâm, Al-Shâtibî a dit : « Si une preuve juridique implique qu’un acte de culte doit être accompli de façon générale, alors le fidèle doit le mettre en pratique de façon générale également. C’est le cas des formules de rappel, des invocations, des actes surérogatoires, recommandés et autres faits similaires, dont on sait que le Législateur a laissé une large marge de manœuvre. Dans ce cas, la preuve juridique vient appuyer son savoir sur deux plans : du point de vue du sens et du point de vue des actes des pieux prédécesseurs. Et si dans ce cas le fidèle applique cet acte selon une modalité particulière, un lieu particulier, un moment particulier, ou en lien avec une adoration particulière et s’impose de le faire de sorte à considérer que la modalité, le lieu ou le moment d’accomplissement de l’acte est voulu par la religion alors qu’aucun texte ne l’indique. La preuve juridique sur laquelle il fonde son acte n’a rien à voir avec le sens auquel il se réfère pour agir ainsi.
Si un texte enjoint, par exemple, de dire une formule de rappel, et que des fidèles se réunissent pour la dire ensemble, d’une seule voix, ou à un moment particulier, il n’y a rien dans la religion qui enjoint à dire ces formules de rappel de cette façon spécifique comme se l’imposent les fidèles. Au contraire, les textes enjoignent de ne pas agir ainsi. En effet, s’imposer de faire des choses qui ne sont pas obligatoires doit avoir pour but de faire comprendre ce qui est légiféré, surtout en présence de gens qui sont pris pour modèles dans les lieux de rassemblement comme les mosquées… De ce point de vue, s’imposer des actes qui ne sont pas obligatoires est une hérésie. C’est pour cette raison que certains prédécesseurs ont arrêté de s’imposer certaines pratiques alors qu’ils étaient plus en droit de les faire que quiconque si ces actes étaient légiférés conformément aux règles religieuses. En effet, la religion a enjoint de dire les formules de rappel dans bien des occurrences au point où pas une adoration n’a été recommandée en quantité comme l’ont été les formules de rappel, notamment dans les versets suivants : « Vous qui croyez ! Invoquez fréquemment le nom d’Allah. » (Coran 33/41). Et : « Invoquez fréquemment le nom d’Allah dans l’espoir de faire votre bonheur et votre salut. » (Coran 62/10). Ce qui n’est pas le cas des autres actes d’adoration. C’est la même chose pour l’invocation. C’est en soi une formule de rappel. Pourtant, les anciens ne s’imposaient pas de les faire selon des modalités particulières ni ne les ont restreintes à des moments particuliers – de sorte à ressentir qu’on devrait les faire à ces moments précis – ceci, sauf quand une preuve le stipule, comme quand il est dit de les faire le soir et le matin par exemple…
Ainsi, tous ceux qui contreviennent à ce principe de base sont avant tout allés à l’encontre de la portée absolue du texte. En effet, ils en ont restreint la portée de leur propre chef et sont allés à l’encontre de la pratique de fidèles qui étaient bien plus savants qu’eux de la religion – ce sont les pieux prédécesseurs qu’Allah soit satisfait d’eux. » Fin de citation.
Al-Shâtibî dit aussi : « Le fait est qu’indiquer des formules de rappel et des invocations comme cela a été énoncé fait partie des hérésies et des pratiques innovées. » Fin de citation.
Si cela est établi, il est clair qu’il n’y a aucune contradiction avec la pratique du Cheikh Al-Islam citée par le frère dans la question en ce qui concerne les formules de rappel et les invocations, à l’exception du premier cas seulement.
Pour ce qui est de lire souvent la sourate Al-Fâtiha, que ce soit après la prière d’Al-Fajr ou à tout autre moment, au vu de sa teneur en matière de louange et d’invocation, il n’y a aucun mal à le faire, tant que le fidèle ne le fait pas constamment en s’imposant de le réciter un nombre de fois particulier, dans une position particulière et n’en fait pas une sunna à faire tout le temps.
Il en est de même des versets dits de l’apaisement si le besoin s’en fait ressentir. Cela n’est autre que tirer profit du Coran et se soigner par son biais. Et il n’y a dans cela aucun mal selon les conditions précédentes : tant que le fidèle ne le fait pas constamment en s’imposant de le réciter un nombre de fois particulier, dans une position particulière et n’en fait pas une sunna à faire tout le temps.
Il y a d’ailleurs une large marge de manœuvre dans le cadre de l’exorcisation et les soins par le Coran. Et il n’y a pas de mal à agir selon ce qu’ont expérimenté les savants et les hommes vertueux, comme ce que le Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit en titre d’un des chapitres de son livre Al-Kalim Al-Tayyib : chapitre d’une monture difficile. Il y dit : Yûnus ibn Ubayd a dit : pas un homme ne monte une monture difficile et ne lui dit à l'oreille : « Désirent-ils une autre religion que celle d’Allah alors que tous les êtres qui peuplent les cieux et la terre se soumettent de gré ou de force à Lui et que c’est à Lui qu’ils seront ramenés ? » (3/83). Sans que celle-ci ne s’arrête. Puis le Cheikh dit : nous l’avons d’ailleurs fait et il en fut ainsi avec la permission d’Allah. » Fin de citation.
Cette citation a été rapportée par Ibn Al-Sunnî dans ‘Amal Al-Yawm Wa Al-Layla avec sa chaine de transmission selon Yûnus ibn ‘Ubayd et il donna pour titre au chapitre : Chapitre : de ce que doit dire celui qui monte une monture difficile. Al-Nawawi a donné le même titre à un chapitre de son livre Al-Adhkâr.
Il en est de même de Al-Bayhaqî avec une chaine qui remonte au Prophète (). Dans son livre Al-Da’awât Al-Kabîr, intitulé un de ces chapitres : l’exorcisation de la monture. Les termes d’Ibn Abbâs sont les suivants : si l’un d’entre vous trouve sa monture rétive et ne veut pas avancer qu’il lui lise à l’oreille ce verset : « Désirent-ils une autre religion que celle d’Allah alors que tous les êtres qui peuplent les cieux et la terre se soumettent de gré ou de force à Lui et que c’est à Lui qu’ils seront ramenés ? » (3/83).
C’est ce qu’a aussi rapporté Al-Qortobî dans son livre Al-Tidhkâr Fî Afdal Al-Adhkâr.
Une autre citation vient corroborer ce propos, il s’agit de ce qu’a rapporté Ibn ‘Asâkir dans ses chroniques d’un hadith d’Anas qui dit le tenir du Prophète () et dont les termes sont : « Celui dont le domestique, la monture ou l’enfant montre un mauvais comportement, qu’il lise à son oreille : « Désirent-ils une autre religion que celle d’Allah » » Fin de citation.
Dans Majma’ Al-Zawâ’id, Al-Haythamî a dit : « la chaine de narrateur comprend Mohammed ibn Abd Allah ibn ‘Aqîl ibn ‘Umayr et ces narrations doivent être délaissées. » Fin de citation.
Al-Albânî juge que ce hadith est un mensonge dans son livre Al-Da’îfa. Il juge également faible la chaine de transmission de la citation de Yûnus ibn Ubayd.
Il en est de même de la citation d’Ibn Abbâs, elle est très faible, comme l’ont dit l’auteur de la recension du livre Al-Da’awât Al-Kabîr (2/265) : La chaine comprend le dénommé Al-Hasan ibn ‘Amâra Al-Bajalî et ces narrations doivent être délaissées. » Fin de citation.
Bien que ces hadiths ne soient pas authentiques, l’objectif est d’affirmer que cette pratique a bien un fondement. Et pour ce genre de faits, les auteurs d’ouvrages dans les sciences du Coran intitulent ces chapitres : Khawâss Al-Qur’ân.
On peut en dire autant de l’invocation faite quand un fait nous semble difficile : Ô enseignant d’Ibrahim, enseigne-moi. Ce genre d’invocation est comprise dans le cadre général des invocations qui nous plaisent et qui correspondent à notre situation. Et en plus de cela, le Cheikh Al-Islam la faisait en se référant au compagnon Mu’âdh ibn Jabal – qu’Allah sot satisfait de lui – comme le rapporte Ibn Al-Qayyim dans son livre I’lâm Al-Muwaqqi’în. Il relate :
« Quand une question le taraudait, il disait : ‘’ô enseignant d’Ibrahim enseigne-moi.’’ Et il sollicitait énormément l’aide d’Allah en disant cette invocation. Ceci en prenant le compagnon Mu’âdh ibn Jabal – qu’Allah sot satisfait de lui – comme modèle puisqu’il dit à Malik ibn Yukhâmir Al-Suksukî qui était à l’agonie – et il l’avait vu pleurer – il lui dit : ‘’Par Allah, je ne pleure pas pour un bien quelconque de ce bas monde que je pouvais prendre de toi, mais je pleure pour le savoir et la foi que j’apprenais de toi.’’ Ce à quoi Mu’âdh lui répondit : ‘’ Le savoir et la foi sont à leur place. Qui les recherche les trouve. Mets-toi en quête de savoir auprès de ces quatre hommes : Uwaymir Abu Al-Dardâ’, Abdullah ibn Mas’ûd, Abu Mûssa Al-Ash’arî, (et il cita le quatrième puis dit) Et si ces hommes-là ne sont pas en mesure de t’instruire dans ta religion, alors les autres hommes sur terre ne le peuvent qu’encore moins. Alors demande à l’Enseignant d’Ibrahim () de t’enseigner. » Fin de citation.
Ceci, sachant que le Cheikh Al-Islam ne se limitait pas à cette invocation, mais celle-ci n’est qu’un exemple de formule de rappel ou d’invocation auxquelles il recourait quand il faisait face à une question difficile et sa compréhension lui était alors facilitée.
Ibn Al-Qayyim dit dans son livre I’lâm Al-Muwaqqi’în : « J’ai vu le Cheikh Al-Islam – qu’Allah sanctifie son âme – quand des questions lui posaient problème, il les délaissait et de réfugier auprès d’Allah en se repentant à Lui et en implorant son pardon. Il sollicitait son secours et demandait à ce qu’Il lui inspire le juste avis, qu’Il lui ouvre les trésors de Sa miséricorde. Et le secours divin ne tardait pas à lui venir et la compréhension venant du divin se rapprochait de lui. » Fin de citation.
Ceci est davantage confirmé par le fait que le Cheikh Al-Islam, lorsqu’il devait orienter un tiers, il ne lui indiquait que des hadiths authentiques.
Dans Al-Fatwa Al-Hamawiya Al-Kubra, il dit : « Si le fidèle reste confus devant une telle situation ou une autre, qu’il invoque le Seigneur selon ce que Mouslim a rapporté de Aisha – qu’Allah soit satisfait d’elle – qui a dit : Lorsque le Prophète () se levait la nuit pour prier, il disait :
« Ô Allah ! Seigneur de Gabriel, de Mickaël et d'Isrâfîl, Créateur des cieux et de la terre [sans modèle préalable], Toi qui connais l'invisible et le visible, Tu trancheras les divergences de Tes serviteurs. Guide-moi, par Ta Grâce, vers la vérité à propos de laquelle ils ont divergé. Certes, Tu guides qui Tu veux vers le droit chemin.
(Allahumma rabba djibrâ’îl wa mîkâ’îl wa isrâfîl fâtir as-samâwât wa al-ard 'âlim al-ghayb wa ach-chahâda anta tahkum bayna 'ibâdik fîma kânû fîhi yakhtalifûn ihdinî limâ ukhtulifa fîhi min al-haqq bi idhnika innaka tahdî man tachâ’u ilâ sirât mustaqîm). »
Et dans la version de Abu Daoud : « Il disait Allah Akbar pour entrer en prière et disait ensuite cette invocation… » Et si le fidèle ressent un besoin intense de son Seigneur, L’invoque, lis avec constance les paroles d’Allah, les paroles de Son messager, les paroles des compagnons et de leurs successeurs ainsi que des savants de l’islam, la route du droit chemin lui sera ouverte. » Fin de citation.
Reste le premier exemple donné qui est encore problématique au regard de ce que nous avons expliqué.
Dans le livre Madârij Al-Sâlikîn, Ibn Al-Qayyim a dit : « Parmi les expériences des itinérants sur la voie de la spiritualité, celles qu’ils ont mises en pratique et se sont avérées justes, est que celui qui dit avec constance ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi’’ cela suscitera en lui la vie du cœur et de la raison. Le Cheikh Al-Islam – qu’Allah sanctifie son âme – le disait très souvent. Un jour, il me dit : « Ces deux noms d’Allah ont une incidence énorme sur la vie du cœur. Il disait même que ce pouvait être le nom sublime d’Allah. Je l’ai entendu dire : Celui qui dit 40 fois par jour, chaque jour, entre la sunna du Fajr et la prière du Fajr : ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi, par Ta miséricorde je sollicite Ton secours ’’ il obtiendra la vie du cœur et son cœur ne mourra pas. » Fin de citation.
Or, restreindre cette invocation à un nombre précis de 40 fois, spécifier le moment pour le dire entre l’Adhân et l’Iqâma, lier ce fait à un mérite particulier (la vie du cœur) parce qu’on le dit souvent : tout cela nécessite une preuve spécifique ! Les preuves générales des invocations de façon globale ne sont pas suffisantes pour justifier tout ceci. Et nous n’avons trouvé aucun élément qui puisse faire office de preuve spécifique à ce sujet.
Ce qui est dit dans la sunna, c’est que le Prophète () disait quand il était angoissé : « Ô Toi le Vivant, Celui qui n’a besoin de rien et dont toute chose dépend, j’implore secours auprès de Ta miséricorde. » Rapporté par Tirmidhi et Al-Hâkim. Jugé authentique par Al-Albânî.
Il dit à sa fille Fâtima : « Qu’est-ce qui t’empêche d’écouter mon conseil et de dire le matin et le soir : « Ô Toi le Vivant, Celui qui n’a besoin de rien et dont toute chose dépend, j’implore secours auprès de Ta miséricorde. Améliore ma situation en tout point et ne me laisse pas à mon propre sort ne serait-ce le temps d’un clin d’œil. »
(yâ hayyu yâ qayyûm bi rahmatika astaghîth, aslih lî cha’nî kullahu wa lâ takilnî ilâ nafsî tarfata 'ayn). »
Rapporté par Al-Nas’î, Al-Bazzâr, Al-Diâ, Al-Hâkim. Jugé authentique par Al-Mundhirî et bon par Al-Diâ et Al-Albânî.
Pour ce qui est de la posture spécifique citée dans les propos de Cheikh Al-Islam, nous n’avons trouvé aucun fondement à cela dans la sunna. Il s’est peut-être basé pour ce faire sur ce qu’Ibn Al-Qayyim a appelé : ‘’ les expériences des itinérants sur la voie de la spiritualité’’ qui, selon lui, sont : ‘’ celles qu’ils ont mises en pratique et se sont avérées justes, est que celui qui dit avec constance ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi’’ cela suscitera en lui la vie du cœur et de la raison.’’
Nous avons déjà cité comment il s’était conformé à l’attitude de Yûnus ibn Ubayd qui a dit : pas un homme ne monte une monture difficile et lui dit dans son oreille : « Désirent-ils une autre religion que celle d’Allah alors que tous les êtres qui peuplent les cieux et la terre se soumettent de gré ou de force à Lui et que c’est à Lui qu’ils seront ramenés ? » (3/83). Sans que celle-ci ne devienne docile. Puis le Cheikh dit : nous l’avons d’ailleurs fait et il en fut ainsi avec la permission d’Allah. » Cela peut donc être considéré comme un exemple du suivi des expériences des hommes vertueux.
Ce genre de fait a aussi été rapporté par un vertueux savant de l’école Hanbalite, à savoir Abu Omar ibn Ahmad ibn Mohammed ibn Qudâma Al-Maqdisî, l’ascète, le dévot, décédé en 607 H.
Dans son livre Al-Maqsad Al-Arshad Fî Dhikr Ashâb Al-Imam Ahmad, Ibn Muflih dit au cours de la biographie de cet homme : « Entre la sunna du Fajr et la prière obligatoire, il disait 40 fois : ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi’’ » Fin de citation.
Ceci a aussi été mentionné par Ibn Rajab dans Tabqât Al-Hanâbila et Al-Dhahabî dans Târîkh Al-Islam.
Et encore plus ancien qu’eux, ce qu’a rapporté Ibn Mulaqqin dans Tabaqât Al-Awliya, dans la biographie de Abu Bakr Mohammed ibn Ali ibn Ja’far Al-Kittânî Al-Baghdâdî puis Al-Makkî, décédé en 322 H. Il relate que cet homme a dit : « J’ai vu le Prophète () en rêve. Je lui dis : « Messager d’Allah, invoque Allah pour qu’Il ne fasse pas mourir mon cœur. Il dit : Dis chaque jour 40 fois : ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi’’ Ton cœur ne mourra pas et il restera en vie. » Fin de citation.
Al-Qushayrî rapporte la même chose dans sa Risâla.
Dans I’ânat Al-Tâlibîn, Al-Dimiâtî a dit : « Enseignement pratique pour renforcer sa foi, tester par de nombreux hommes sur le chemin de l’élévation spirituelle, par une information venant du Prophète () qui en a intimé l’ordre via un rêve, de dire entre la prière sunna du matin et celle obligatoire : ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi’’ 40 fois. Et selon Tirmidhî Al-Hakîm : « J’ai vu Allah en rêve à plusieurs reprises et lui ai dit : ‘’ Ô seigneur, j’ai peur que ma foi disparaisse.’’ Et Il m’a intimé l’ordre de dire cette invocation entre la prière sunna du matin et celle obligatoire 41 fois. » Fin de citation.
Al-Sakhawi a dit dans Al-Maqâsid Al-Hasana, et Al-‘Ajlûnî dans Kashf Al-Khafâ : « Un homme auguste a dit qu’il était utile de dire 40 fois ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi.’’
Dans son livre Hayât Al-Hayawân Al-Kubrâ, Al-Dimiarî attribue cette citation à l’imam Ahmad ce qui est très étrange !! Il dit : « L’imam Ahmad a dit : « Celui qui dit chaque jour entre les prières sunna et obligatoire du matin ‘’ Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, Créateur des cieux et de la terre sans modèle préalable, Toi le plein de Majesté et de Munificence, ô Allah, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi. Je te demande de faire revivre mon cœur par la lumière de Ta connaissance, ô le plus miséricordieux de tous.’’ Alors Allah fera revivre son cœur le jour où les cœurs mourront. » Fin de citation.
Il est possible de s’appuyer sur de telles citations parfois pour les mettre en pratique sans pour autant prendre cela pour un acte de la sunna qui aurait le rang de ce qui a été légiféré en tant que sunna.
Al-Shâtibî a affirmé qu’il était valable d’agir en ce sens tant que le fidèle ne considère pas que c’est une sunna établie ou un acte obligatoire, comme on peut le comprendre de son expression : si cela n’est pas fait comme étant une obligation alors cela est valable.
Dans son livre Al-I’tisâm, il dit dans le cadre de son argumentation visant à invalider toute référence aux rêves pour établir des règles religieuses : « Les arguments les plus faibles sont ceux qui s’appuient sur les rêves pour justifier des actes de culte. Ils font ou s’abstiennent de faire en fonction des rêves… C’est une erreur. Il n’est pas possible d’établir un statut religieux en se basant sur un rêve fait par un fidèle qui n’est pas un prophète, sauf si on expose ce rêve aux règles religieuses à notre disposition. Si elles justifient cet acte et qu’il est conforme à ces règles alors il est valable. Sinon, il faut le délaisser et s’en détourner. L’intérêt réside ici dans une bonne annonce ou un avertissement spécifique. Quant à tirer des règles religieuses des rêves, sûrement pas. C’est ce que rapporte Al-Kittânî, qu’Allah lui fasse miséricorde. Il a dit : « J’ai vu le Prophète () en rêve. Je lui dis : « Messager d’Allah, invoque Allah pour qu’Il ne fasse pas mourir mon cœur. Il dit : Dis chaque jour 40 fois : ‘’Ô Toi le vivant, Celui qui subsiste par lui-même, il n’y a de divinité en droit d’être adoré que Toi.’’ » Ces propos sont bons. Il n’y a aucun souci au niveau de leur authenticité. Le fait qu’une formule de rappel fasse revivre le cœur est juste sur le plan religieux. L’intérêt d’un rêve est qu’il peut attirer l’attention sur un bien, du point de vue d’une bonne annonce. Reste le fait de définir le nombre de 40 fois. Si cela n’est pas fait de façon obligatoire, il est valable d’agir ainsi… » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.

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